Humilié à Brignoles : le PS a-t-il encore intérêt à garder les Verts et le PC comme alliés ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"L’intérêt clair du PS est plutôt de resserrer les rangs de la majorité dès le premier tour des municipales en englobant autant d’alliés que possible."
"L’intérêt clair du PS est plutôt de resserrer les rangs de la majorité dès le premier tour des municipales en englobant autant d’alliés que possible."
©Reuters

Mariage de raison

Soutenu par le Parti socialiste, le candidat communiste à l'élection cantonale partielle de Brignoles s'est fait éliminer dès le premier tour au profit du Front national et de l'UMP. Néanmoins, le PS a intérêt à resserrer les rangs et multiplier les alliances pour garantir un passage au deuxième tour lors des municipales de 2014.

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd est historien, spécialiste des Pays-Bas, président du Conseil scientifique et d'évaluation de la Fondation pour l'innovation politique. 

Il est l'auteur de Histoire des Pays-Bas des origines à nos jours, chez Fayard. Il est aussi l'un des auteurs de l'ouvrage collectif, 50 matinales pour réveiller la France.
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Atlantico : Après l'élimination de le gauche au premier tour, le Parti socialiste a appelé à faire "barrage au FN" au second tour de la cantonale de Brignoles (Var). Le PS avait soutenu le candidat communiste sortant qui n'a recueilli que 14, 6 % des voix tandis que la candidate écologiste Igyarto-Arnoult, éliminée également au premier tour, n'a totalisé que 8,9 % des voix. Cette défaite cinglante de la gauche pose-t-elle la question de la cohérence de la majorité présidentielle ?

Christophe De Voogd : Cette défaite est d’abord la preuve de la faiblesse de la gauche dans son ensemble, PS inclus !  Elle confirme le scénario des législatives partielles, toutes perdues, dont plusieurs dès le premier tour. C’est, je crois, cette faiblesse générale qui explique l’incohérence croissante de la majorité, démontrée par tant de "couacs" et autres disputes au sommet. C’est là une loi de la politique : les alliés se tiennent à carreau quand le parti leader est fort.

Sans doute une cantonale - et même 8 législatives partielles- ne font pas les municipales.L’ancrage local de nombreux maires PS va limiter les dégâts. Je pense évidemment à des villes comme Lyon ou Lille.

Il n’en reste pas moins que contrairement à la grille de lecture constante de notre paysage politique, ce que j’appelle un "troisième scénario" s’est fait jour depuis quelque temps, où abstention et attraction croissante du FN sur l’électorat de gauche traditionnel pourraient bien changer la donne habituelle : à savoir le scénario classique droite/gauche (scénario 1) ou la triangulaire défavorable à la droite (scénario 2).  Autrement dit ces fameuses "triangulaires" censées être une "machine à tuer" la droite (comme le pensent encore beaucoup de commentateurs et aussi bien des responsables de la majorité), pourraient bien être désormais, dans de nombreux cas, une machine à tuer la gauche. Car celle-ci risque dans des villes importantes d’arriver en troisième position. C’est cela le "troisième scénario". C’est déjà le cas dans le Sud Est, où le FN, pourtant fort, ne pose aucun problème à la droite classique, comme l’ont montré les législatives de 2012, car il a pris la place de la gauche comme adversaire électoral principal.   

Le PS doit-il définitivement rompre avec des alliés qui semblent de moins en moins représentatifs et qui constituent un handicap plutôt qu'un atout ? Dans ce cas, comment reconstruire la majorité ? Vers quels alliés le PS peut-il se tourner ?

Il n’y a aucune solution de rechange d’ici aux municipales, au moins. L’alternative au centre avec François Bayrou perd chaque jour de sa crédibilité depuis le rapprochement de ce dernier avec l’UDI. Il semble en fait que tous les alliés, actuels ou potentiels, sont déjà dans, ou réfléchissent à, des solutions "hors PS". Ceci dit, il pourrait leur en coûter cher : car les écologistes, par exemple, s’ils persistent dans leur désir de faire cavalier seul au premier tour, pourraient bien être "réduits à ce qu’ils sont, c'est-à-dire pas grand-chose" pour reprendre une phrase du Général de Gaulle en 1968…

L’intérêt clair du PS est donc plutôt de resserrer les rangs de la majorité dès le premier tour des municipales en englobant autant d’alliés que possible. Cela lui garantira le passage au deuxième tour et lui ouvrira au moins la possibilité de l’emporter dans des triangulaires "classiques".  C’est à mon sens dans cette direction qu’il va aller, pouvant compter sur le Parti communiste et pouvant – dans le secret des couloirs bien entendu – mettre la pression sur les Verts à travers leur participation au gouvernement. On sait à quel point l’argument porte auprès des leaders d’EELV…    

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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