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Claude Guéant, roi des arènes
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¡ Olé !

Le ministre de l'Intérieur est devenu un maître de la corrida, et les taurillons de SOS Racisme ou du Mrap foncent bille en tête sur ses banderilles évoquant l'immigration ou l'islam.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le ministre de l’intérieur est passé maître dans l’art de la corrida. Un talent caché qui vient enfin d’être reconnu.

Par décision du gouvernement, et en particulier, dit-on, de son ministre de la culture, Frédéric Mitterand, la corrida vient d’être inscrite au patrimoine culturel français ! Elle s’ajoute ainsi à une longue liste où figurent, entre autres, les parfums de Grasse, les tapisseries d’Aubusson, la tarte Tatin et où vont certainement figurer bientôt d’autres spécialités françaises : l’ultra-gauchisme, l’altermondialisme, et l’anti-sionisme (en cours d’homologation). Cette décision est, selon ses détracteurs, le fruit d’un intense lobbying de villes taurines comme Nîmes, Arles et Toulouse.

Chaque banderille est savamment calculée

Erreur, erreur, funeste erreur… Car si la corrida est enfin élevée au niveau de la tarte Tatin c’est, j’en suis certain, uniquement par le fait du prince qui n’a rien à refuser à son ministre de l’intérieur, Claude Guéant. Ce dernier – il le prouve jour et nuit et pas seulement "a las cinco de la tarde" comme cela se pratique chez les Espagnols paresseux – est, en peu de temps, devenu le roi incontesté de l’arène. Dans une corrida les acteurs sont nombreux avec des rôles étroitement codifiés : les picadors, les banderillos, le matador… Eh bien Claude Guéant est tout cela à lui tout seul.

Il pique avec une déclaration très politiquement incorrecte sur les musulmans. Il plante des banderilles en évoquant l’immigration, trop nombreuse à son goût. Il agite sa muleta en s’interrogeant sur les dérives de l’islam. Certes avant lui un certain Hortefeux s’y était essayé. Mais le maladroit n’avait pas la maîtrise de cet art difficile et se laissait souvent aller à des improvisations parfaitement incongrues. Rien de tel avec Claude Guéant. Chaque coup de pique, chaque banderille plantée est savamment étudiée et calculée. Et ça plait. Et ça marche. Les protestations indignées pleuvent, les plaintes devant les tribunaux s’amoncellent. Et la France toute entière en parle, en parle pendant des jours.

Les taureaux sont nuls

Quand j’étais petit je regardais un délicieux dessin animé dont le héros était Ferdinand le taureau. Un jeune animal rêveur, les yeux tournés vers les étoiles, l’oreille tendue pour écouter le chant des oiseaux. Ferdinand ne voulait pas, vraiment pas, combattre. Et dans l’arène, une marguerite dans sa bouche, il s’asseyait pour regarder tendrement ses adversaires. Fous de colère les picadors s’arrachaient les cheveux, les banderillos hurlaient et le matador à genoux sanglotait devant la foule qui le conspuait.

Nos taureaux à nous ne sont pas dotés de la suave philosophie du petit Ferdinand. Ils sortent pourtant d’élevages prestigieux qui ont pour noms le Mrap, la LDH et, pour les petits taurillons, SOS Racisme. Et le front bas, la bave aux lèvres, ils foncent à chaque banderille de notre Guéant national. Sur les gradins la foule enthousiaste crie « Olé ! » (voir les sondages sur l’immigration et l’islam) et en redemande. Alors le roi de la corrida rajoute un coup de pique ou une banderille. Et les taureaux du Mrap, de la LDH et de SOS Racisme, butés, bornés, le regard fixe et vitreux repartent à l’assaut.
Et la foule excitée et ravie enchaîne « Olé ! » sur « Olé ! » (voir toujours les sondages cités plus haut) pendant que le matador de la place Beauvau bombe fièrement le torse et va quêter les œillades des belles.

Donc c’est ainsi que Claude Guéant est grand. Dans toute la "latinitad", là où se pratique la corrida son nom est synonyme de légende. Oubliés « el Cordovès », « el Juli », « el Vitri ». Il n’y en a plus que pour « el Guéant ». Au récit de ses exploits les brûlantes Espagnoles se pâment, les sulfureuses Mexicaines s’évanouissent et les ravissantes Boliviennes se surprennent à murmurer "te quiero".

Oui « el Guéant » est grand, tel que des millions d’aficionados nous l’envient, et la corrida méritait bien d’entrer au Panthéon. Toutefois il me faut ajouter un petit bémol à ce panégyrique. Au cas où les services du ministère de l’intérieur attireraient l’attention de leur supérieur sur cette chronique l’honnêteté m’oblige à rappeler « el Guéant » à un peu de modestie. Loin de moi pourtant l’idée de lui enlever tous ses mérites. Mais quand même il faut qu’il convienne que si la France a les plus prestigieux fromages du monde, les plus jolies femmes (c’est certain) et les meilleurs amants (c’est sûr) elle a aussi les taureaux les plus cons de la planète.

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