La relance du bâtiment : encore un pari perdu pour le gouvernement<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Les investisseurs se montrent de plus en plus réservés sur le marché immobilier.
Les investisseurs se montrent de plus en plus réservés sur le marché immobilier.
©Flickr

Editorial

Les mises en chantier ont connu une nouvelle baisse de 11% au cours des douze derniers mois.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

Cinq cent mille : c’est le chiffre mythique que depuis près d’un demi-siècle, les dirigeants de la France se fixent comme objectif pour la construction de logements chaque année. Georges Pompidou l’avait proclamé en 1968 : il a atteint son but au début des années soixante-dix. Quarante-cinq ans plus tard, il reste toujours à l’affiche, mais sa réalisation demeure problématique, d’autant qu’il aurait dû être réévalué pour tenir compte de la progression de la population de quinze millions d’habitants depuis cette époque.

Aujourd’hui, on s’éloigne du but. Pour la troisième année consécutive, les mises en chantier sont en recul : le dernier pic enregistré en 2011 ne dépassait pas 420 000. Mais depuis lors, c’est une chute inquiétante qui s’opère puisque cette année, on pourrait tomber autour de 300 000  logements seulement, les mises en chantier ayant connu une nouvelle baisse de 11% au cours des douze derniers mois. Les permis de construire ont même diminué davantage (de 14%).

Les besoins du pays sont pourtant considérables. Il n’y a pas de stocks, car depuis des années on construit ce qui a été pré vendu, rappelle Alain Dinin, président de Nexity. Il n’y a pas de bulle immobilière, à l’inverse de ce qui a été constaté en Espagne par exemple, et c’est la raison majeure qui empêche la baisse des prix.

A l’image de ses prédécesseurs, le gouvernement voudrait relancer la construction. Après le Scellier, on a donc le Duflot, moins avantageux fiscalement que le précédent en raison de l’obsession constante des socialistes de ne pas donner l’impression de « faire un cadeau aux riches ». Il connaît un succès moindre, notamment dans les grandes villes de province et il est inapplicable à Lyon et Marseille, parce qu’il exige des loyers inférieurs à dix euros le mètre carré. Et le gouvernement ne veut pas réévaluer même légèrement les avantages pour les acquéreurs éventuels à quelques mois des élections municipales.

Conséquence : les investisseurs se montrent de plus en plus réservés. C’est leur éloignement du marché qui explique l’essentiel de la baisse des permis de construire, en laissant surtout intervenir les ménages au moment où ceux-ci sont frappés par une fiscalité dévorante. Les taux extrêmement bas des prêts immobiliers, tombés en-dessous de trois pour cent cet été, ne peuvent pas jouer un rôle suffisamment attractif. Alors que l’avenir du loyer de l’argent est moins rose, avec une remontée qui s’esquisse depuis le mois d’août et pourrait rapidement déstabiliser une clientèle aux ressources insuffisantes.

La vraie manière de dégeler le marché serait de faire baisser les prix. Et une action concertée de l’Etat et des collectivités locales pourrait être efficace. Car le coût du foncier (40% en Île-de-France et la TVA qui va passer à 20%) représentent à eux seuls 60% du prix final d’un logement. Alors qu’en Allemagne, par exemple, il n’y a pas de TVA pour les primo accédants.

Malheureusement, le gouvernement ne s’orientera pas dans cette voie. Tout restera gelé d’ici les prochaines élections municipales et européennes. Il se prive ainsi d’un outil essentiel pour ranimer l’économie. L’histoire récente montre dans tous les pays que la baisse de production dans le secteur immobilier entraîne partout la récession et que la croissance revient lorsque la construction retrouve des couleurs. Le marasme qui va continuer de sévir en France dans ce secteur continuera de s’étendre à l’ensemble de l’économie et interdit tout retour véritable de l’expansion, malgré les objectifs fort modestes que s’est fixé le gouvernement.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !