Contre-budget : comment l’UMP propose de boucler le budget sans augmenter les impôts<!-- --> | Atlantico.fr
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La politique familiale depuis un an et demi est caractérisée par un alourdissement en direction des classes moyennes et des familles.
La politique familiale depuis un an et demi est caractérisée par un alourdissement en direction des classes moyennes et des familles.
©Reuters

La boucle est bouclée

Le président de la Commission des finances Gilles Carrez, l'ancien ministre du Budget Éric Woerth, et les députés Hervé Mariton et Olivier Carré ont présenté ce jeudi 3 octobre leur "contre-budget" qui vise à réduire le déficit grâce à une baisse des dépenses publiques.

Gilles Carrez

Gilles Carrez

Gilles Carrez est Président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.

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Atlantico : Vous proposez avec l’ancien ministre du Budget, Eric Woerth et plusieurs députés UMP, de présenter un « contre budget » afin de boucler la loi de finances 2014 sans augmenter les impôts. Quelles sont vos propositions d’économies budgétaires ?

Gilles Carrez :Il s’agit de faire des économies identifiées, c’est-à-dire de vraies économies et non un raisonnement en tendance comme le gouvernement le fait. Il s’agit là de 5 milliards d’euros d’économies précises qui se répartissent selon les économies sur la masse salariale et les pensions, un ensemble d’environ 130 milliards d’euros. Nous proposons un certain nombre d’économies sur les interventions de l’Etat qu’il s’agisse d’aides médicales d’Etat ou de la prime pour l’emploi. L’idée est de recentrer ces dispositifs sur ceux qui en ont le plus besoin qu’il s’agisse de l’allocation étudiant qu’il faut réserver aux étudiants boursiers mais également de l’élaboration de critères nationaux pour l’éligibilité à l’allocation adultes handicapés car on obtient d’énormes disparités entre certains départements où les taux sont plus élevés que d’autres. Cette allocation représentait 4 milliards d’euros en 2004, aujourd’hui elle représente 8.5 milliards d’euros. Cela a été financé par la dette et je ne pense pas que ce soit raisonnable de continuer comme ça.

J’insiste sur le fait que l’exercice porte sur 5 milliards d’euros. Ce montant peut paraître faible mais c'est en réalité important lorsqu’on regarde de quelles économies il s’agit. Un certain nombre de ces économies peuvent poser problème car derrière ces dotations, il y a des personnes, des entreprises qui en bénéficient. Si nous n’avons pas le courage de réduire nos dépenses publiques nous allons droit à la faillite. Il vaut mieux anticiper ce travail pour éviter de le faire dans la précipitation et dans le chaos d’une faillite.

L’impôt est la conséquence de la dépense. Tous ceux qui préconisent des baisses d’impôt sans dire comment ils s’y prennent sur les dépenses sont des marchands d’illusion. 

En quoi le projet de loi de finances 2014 du gouvernement manque-t-il d’ambition ?

Il y a des points positifs. S’agissant du budget de l’Etat, hors intérêt de la dette, hors pensions, il y a une baisse d’1.5 milliards par rapport à la loi de finances initiale de 2013. J’estime que ce train d’économies n’est pas suffisant. Ce qui m’ennuie dans ce projet de loi de finances est le nombre d’augmentations d’impôts : je ne parle pas du basculement sur la TVA d’une partie des charges sociales. Le CICE est un mécanisme indirect moins efficace qu’une baisse directe de charges sociales. Je fais allusion à l’abaissement du quotient familial, à la contribution sur l’EBE. Il y a à nouveau un choix préoccupant d’alourdissement des impôts. Je pense que le gouvernement aurait du faire un budget à stabilité fiscale totale mais il ne s’est rendu compte de l’overdose fiscale que fin août-début septembre et il était déjà trop tard.

Les hausses d’impôt annoncées par le gouvernement mettent-elles réellement en danger la politique familiale ? Comment ?

Oui parce qu’il y a un cumul de mesures. L’abaissement du quotient familial l’an dernier de 2300 à 2000 euros concernait des ménages plutôt aisés. Là, on a un abaissement de 2000 à 1500 euros, l’impôt de la majoration des 10% des retraites pour ceux qui ont 3 enfants et plus et la suppression des réductions d’impôt pour enfants scolarisés, qu’ils soient au collège, au lycée ou à l’université. Cela fait une accumulation de mesures défavorables aux familles. La politique familiale depuis un an et demi est caractérisée par un alourdissement en direction des classes moyennes et des familles.

Selon vous, le montant de 15 milliards d’euros est un montant artificiel. Pourquoi ? Quel est alors le réel montant d'économies prévues dans le projet de budget du gouvernement ?

Ce montant est artificiel car le raisonnement se fait en tendance. Prenons l’exemple de l’ONDAM (objectif national de dépenses d’assurance maladie) qui représente environ 180 milliards d’euros de dépenses maladies remboursées par la sécurité sociale, le gouvernement suppose que les dépenses devraient augmenter de 4.1 % et comme il inscrit en prévision que 2.4%, il estime qu’il fait une économie de la différence entre 4.1 et 2.4 soit 1.6 points d’économies. Ensuite, il chiffre cela à 2.5 milliards. Je trouve ce raisonnement inacceptable car en exécution, c’est-à-dire ce qui a été réalisé en 2011, 2012 et probablement 2013, on est sur une augmentation réelle de 2.4. Si le gouvernement chiffrait raisonnablement les économies, comme depuis trois ans il y a une augmentation constatée de 2.4, il ne ferait que 2 en prévision. Cette économie serait moins importante mais serait une économie réelle. Mais une économie qui consiste à passer par le détour d’une prévision surestimée pour ensuite, par rapport à cette prévision, avoir un objectif inférieur et décréter que la différence est une économie est un raisonnement virtuel. 

Propos recueillis par Karen Holcman

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