Aider à l'intégration des Roms... dans leur pays d’origine, ça marche<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Roms sont des citoyens de ces pays qui émigrent à cause de leur situation économique et non des gens du voyage.
Les Roms sont des citoyens de ces pays qui émigrent à cause de leur situation économique et non des gens du voyage.
©Reuters

Dénouement

Alors que la polémique sur les Roms n’en finit plus de diviser la gauche française, Lyon s'efforce depuis deux ans de sédentariser dans la petite ville de Tinca, en Roumanie, des familles de Roms installées dans des campements de l'agglomération lyonnaise.

Hubert  Julien-Laferrière

Hubert Julien-Laferrière

Hubert Julien-Laferrière est conseiller municipal de Lyon en charge de la Coopération décentralisée et de la Solidarité internationale.

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Atlantico :  Vous avez, avec la ville de Lyon, mis en place un programme d’aide à la sédentarisation des familles installées en région lyonnaise dans leur pays d’origine. Comment ce projet est-il né ? De quels constats économiques, sociologiques et humains ?

Hubert Julien Laferrière :  La solution aux problèmes liés aux Roms passe par une intégration dans leur pays d'origine. Il faut que la Roumanie et la Bulgarie, qui sont les principaux pays d'origine des Roms, fassent des efforts d'intégration de ces populations. Les Roms sont des citoyens de ces pays qui émigrent à cause de leur situation économique et non des gens du voyage. Nous sommes partis de ce constat pour mettre en place des coopérations sur le modèle du co-développement en Afrique.

La Roumanie n'a utilisé que 6% de l'enveloppe du fonds social européen qui lui avait été alloué pour les Roms. Les États bulgares et roumains désirent-ils réellement intégrer ces populations ? 

Il y a des progrès qui sont faits aujourd'hui par le gouvernement roumain, mais jusqu'à aujourd'hui la volonté de l’État roumain d'intégrer les Roms était effectivement loin d'être manifeste. Au début des années 2000, alors que la Roumanie avait un taux de croissance économique très important, elle a préféré faire venir des populations de Moldavie plutôt que d'intégrer économiquement les Roms. C'est pourquoi cela me paraissait plus pertinent de faire de la coopération décentralisée avec les élus locaux roumains qu'avec le gouvernement roumain. Les maires roumain sont directement touchés par les problèmes liés aux Roms et sont donc plus à même de comprendre la nécessité de les intégrer. Quand vous êtes maire d'un territoire dans lequel 15 à 20% de vos concitoyens vivent dans le dénuement le plus total, cela a des conséquences sur l'ensemble du territoire de la commune. 

Quels sont les moyens humains et financiers que le Grand Lyon a investis dans ce plan ? Sont-ils transposables dans des villes plus modestes ?

Ce n'est pas une coopération que le Grand Lyon finance seul. La commune de Tinca, dont les Roms qui arrivent à Lyon sont majoritairement originaires, est impliquée. Nous avons mobilisé 100 000 euros par an pour réaliser ce projet. Nous allons construire 300 m2 d'équipements, notamment sanitaires, mais aussi des salles dans lesquelles on pourra faire du scolaire et du péri-scolaire. Les collectivités françaises, qui sont confrontées à une immigration économique rom, sont des grandes collectivités qui, à l'image de Lyon, ont les moyens d'investir. 100 000 euros par an de budget, ce n'est pas une dépense insurmontable pour une collectivité importante. Il faut donc que d'autres collectivités françaises s'engagent dans des coopérations du type de ce que nous faisons.

Votre initiative n'a pas encore inversé les flux migratoires dans l'agglomération, qui compte quelque 2.000 Roms et de nombreux plans de coopération économique existent déjà avec l’Afrique sans grand succès. La méthode est-elle réellement efficace ?

Je ne peux pas vous donner des chiffres qui le prouvent. Nous n'avons même pas encore inauguré notre équipement qui sera prêt dans seulement quelques semaines. Il est donc un peu tôt pour dire que ça a des conséquences précises sur l'immigration des Roms en France.  Ce que je constate, c'est qu'aujourd'hui, nous avons réussi à impliquer des institutions publiques locales en Roumanie qui s'engagent à l'intégration des Roms chez eux. L'essentiel est là.

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