Pétrole : comment l'Iran pourrait noyer le marché<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis l’été dernier, l’Union européenne a rejoint les Etats-Unis pour imposer un embargo sur les exportations de brut du pays.
Depuis l’été dernier, l’Union européenne a rejoint les Etats-Unis pour imposer un embargo sur les exportations de brut du pays.
©Reuters

Décod'Eco

Les signes d'un apaisement des relations entre l'Iran et l'Occident se multiplient et laissent envisager un retrait de l'embargo pétrolier.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Le réchauffement accéléré des relations de l’Iran avec les Etats-Unis et avec le camp occidental dans son ensemble semble se propager à toute la région du Golfe. Le détroit d’Ormuz ne provoque plus les fantasmes d'une fermeture de l’artère pétrolière du monde, par où transite 30% du pétrole mondial. Au-delà de cette question, c’est surtout la perspective d’une levée de l’embargo iranien qui attise l’intérêt des grands consommateurs, ainsi que de l’industrie pétrolière iranienne.

Depuis l’été dernier, l’Union européenne a rejoint les Etats-Unis pour imposer un embargo sur les exportations de brut du pays. Résultat, les exportations ont été divisées par deux, et l’économie est entrée en crise profonde. La reprise des exportations iraniennes signerait le retour de plus d’un million de barils de pétrole sur le marché. De quoi atténuer les tensions sur le Brent… pour le faire passer sous les 100 $ ?

Tentatives

“La voie diplomatique mérite d’être tentée”. C’est par cette déclaration prudente lors du sommet de l’ONU à New York cette semaine que le nouveau président iranien Hassan Rohani vient d’entrouvrir le réchauffement des relations. Si la rencontre avec Barack Obama a été jugée prématurée, sa rencontre avec François Hollande a servi d’aiguillon pour comprendre ce que veut Téhéran : dialoguer.

La volonté du nouveau gouvernement iranien s’est déjà traduite par une série de gestes symboliques. Mise en veilleuse des provocations contre Israël, libération de prisonniers politiques, échange de lettres avec le président américain. Hassan Rohani a même souhaité ses bons voeux lors du Nouvel an juif.

Il est bien sûr trop tôt pour anticiper une normalisation de la situation de l’Iran sur la scène internationale. Le plus dur pour le président iranien sera d’imposer ses réformes au régime iranien, dont les forces conservatrices ne sont pour l’instant qu’endormies.Toutefois, en cas de réintroduction de l’Iran dans le concert des nations, le marché pourrait crouler sous le pétrole.

Un géant pétrolier empêché

L’Iran est victime depuis le début des années 2000 de sanctions internationales de plus en plus sévères. L’acmé a été atteinte en juillet, avec l’embargo européen sur les exportations de brut.

Jusqu’en 2011, l’Iran produisait près de 3,6 millions de barils de pétrole par jour, et en exportait 2,2. Aujourd’hui, c’est à peine si le pays arrive à exporter plus d’un million de barils. Et encore, le pays est obligé d’accorder des rabais importants aux rares pays encore importateurs, pour le prix de leur courage d’oser braver les Occidentaux.

Dépendant à 85% des recettes de ses exportations d’hydrocarbures, l’Iran a dû gérer une situation de panique économique depuis. Toutefois, la mise au ban de l’Iran n’a pas provoqué d’envolée du brut. Concerté de longue date, l’embargo a été accompagné d’une augmentation de la production de l’Arabie Saoudite, l’ennemi par excellence de l’Iran.

Or aujourd’hui, Téhéran et Riyad se rapprochent à leur tour. Les productions saoudienne et iranienne vont-elles noyer le marché ?

Un come-back sur un marché apaisé

Le retour de la production iranienne serait une bouffée d’air pur pour plusieurs pays asiatiques. Mais elle provoquerait un changement radical sur le marché du pétrole. Car aujourd’hui, une conjonction de facteurs est déjà en train de tirer vers le bas les prix du Brent.

La production libyenne, qui était tombée à moins de 200 000 barils jour le mois dernier du fait des tensions entre clans, est en train de remonter. Elle est actuellement de 600 000 barils. Les capacités de production du pays sont de 1,5 million barils.

L’Irak est également sur la voie de la normalisation, après le colmatage d’une fuite sur un oléoduc. Après le WTI, c’est au tour du Brent de décrocher. Ce dernier s’échange autour de 109$ à l'heure où j'écris ces lignes. C’est une baisse de 6% depuis son pic début septembre, alors que Washington menaçait la Syrie.

[Pour en savoir plus sur le pétrole, la situation géopolitique qui fait varier ses cours et les opportunités ouvertes aux investisseurs individuels, retrouvez Florent Detroy au quotidien dans L'Edito Matières Premières : il suffit de cliquer...]

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