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La reprise (timide) semble se confirmer en Europe mais moins nettement en France qu'ailleurs
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Ne crions pas victoire

L'indice PMI pour l'industrie manufacturière s'établit en France à 49,8 en septembre et reste stable par rapport aux deux derniers mois. L'activité reste néanmoins plus dynamique en Italie, Espagne et Allemagne.

Pascal de Lima

Pascal de Lima

Pascal de Lima est un économiste de l'innovation, knowledge manager et enseignant à Sciences-po proche des milieux de cabinets de conseil en management. Essayiste et conférencier français  (conférences données à Rio, Los Angeles, Milan, Madrid, Lisbonne, Frankfort, Vienne, Londres, Bruxelles, Lausanne, Tunis, Marrakech) spécialiste de prospective économique, son travail, fondé sur une veille et une réflexion prospective, porte notamment sur l'exploration des innovations, sur leurs impacts en termes sociétaux, environnementaux et socio-économiques. Après 14 années dans les milieux du conseil en management et systèmes d’information (Knowledge manager auprès de Ernst & Young, Cap Gemini, Chef Economiste-KM auprès d'ADL et Altran 16 000 salariés, toujours dans les départements Banque-Finance...), il fonde Economic Cell en 2013, laboratoire d’observation des innovations et des marchés. En 2017, il devient en parallèle Chef Economiste d'Harwell Management.

Diplômé en Sciences-économiques de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (PhD), de Panthéon-Sorbonne Paris 1 (DEA d'économie industriel) et de Grandes Ecoles de Commerce (Mastère spécialisé en ingénierie financière et métiers de la finance), il dispense actuellement à Sciences-po Paris des cours d’économie. Il a enseigné l'Economie dans la plupart des Grandes Ecoles françaises (HEC, ESSEC, Sup de Co, Ecoles d'ingénieur et PREPA...).

De sensibilité social-démocrate (liberté, égalité des chances first et non absolue, rééquilibrage par l'Etat in fine) c'est un adèpte de la philosophie "penser par soi-même" qu'il tente d'appliquer à l'économie.

Il est chroniqueur éco tous les mardis sur Radio Alfa, 98.6FM, et chroniqueur éco contractuel hebdomadaire dans le journal Forbes.

 

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Atlantico : L'indice PMI pour l'industrie manufacturière en zone euro s'établit à 51,1 pour le mois de septembre. Que révèlent ces chiffres sur la situation réelle en zone euro ?

Pascal de Lima : Pour rappel, l’indice PMI (Purchasing Managers Index) est un indice composé qui permet d’indiquer un sentiment de confiance des directeurs d’achat. Il est exprimé en pourcentage et prend en compte les prises de commandes, la production, l’emploi, les livraisons et les stocks du secteur manufacturier. Une valeur inférieure à 50 % indique une contraction de l'activité d'un secteur, alors qu'une valeur supérieure à 50 % indique une expansion de celui-ci.

Finalement ici, on se demande pourquoi la production manufacturière en France est meilleure que prévue (ou plus exactement ralentie moins puisque nous sommes sur des valeurs inférieures à 50). D’abord on était déjà sur une tendance de stabilisation depuis 2 mois. Avec les bonnes nouvelles coté production industrielle en Allemagne et en France d’ailleurs au second trimestre, il était fort probable que les « prévisions de PMI » dit consensus étaient sous estimées. De plus, d’autres bonnes nouvelles s’additionnent comme le PMI européen qui tire la France, les chiffres du chômage qui même sans l’ajustement statistique de août semblent se stabiliser, l’actualité de la BCE et ses OMT (opérations monétaires sur titres) possibles qui calment les marchés, bref, il y a un environnement assez favorable à la stabilisation de la situation en France et en zone euro notamment dans les pays du sud sur une plus longue période. Il faut rester prudent sur la situation politique en Italie. Penser aussi que ces indicateurs sont mensuels donc très court-termistes pour analyser une tendance, ce qui est sûr c’est qu’ils confirment tout de même une certaine stabilisation de la France. Le problème est que la France est un peu la laissée pour compte dans la tendance plus marquée à la reprise dans l’ensemble de la zone euro. Cette situation se stabilise, mais elle ne croît pas beaucoup comme d’autres.

L’Italie, l’Espagne et l’Allemagne montrent des signes de reprise mais plus faibles que le mois précédent. Ces résultats pourraient-ils être en trompe l'œil ?

De façon générale en zone euro, le PMI a progressé et c’est le cas depuis 3 mois. Il s’établit à 51,1 points en septembre ce qui, depuis 2 ans, est un chiffre élevé. La principale raison vient de la demande. Cette poussée de fièvre de la demande en septembre liée à la baisse de l’inflation en août sauf en France. Cette demande a eu un effet positif sur les industriels qui ont répercuté tout cela en augmentant leur prix. Ce n’était plus le cas depuis la mi-2012. Les conditions d’activité se sont donc renforcées et envoyant aux marchés des signaux positifs. De plus la production et les nouvelles commandes ont aussi augmenté depuis 3 mois.

Il est ici regrettable que la France soit un peu à la traine de la reprise tout comme la Grèce. En effet tous les pays connaissent une progression du PMI et plus particulièrement aux Pays-Bas, ce qui vient compenser sa crise récente immobilière, en Irlande et en Allemagne. Ces bons indices devraient stimuler la croissance en zone euro, mais aussi celle de l’économie mondiale. Longtemps étouffée par la baisse de la demande en zone euro du fait de la récession, la récession a généré un climat peu propice aux investissements. La crise de la dette européenne avait alors entravé la reprise de la Grande-Bretagne et même celle de certains marchés émergents.

En Grande-Bretagne, ce sont les commandes à l’exportation qui ont souffert en septembre. On reste quand même sur des indices à 56,7 en septembre.  

Cependant, le taux de chômage italien a été plus important que prévu (12,2% alors que ForexLive tablait sur 12%) et les demandes d’allocation chômage en Allemagne ont augmenté au mois de septembre. Que laisse présager l’indice PMI en matière de croissance et de perspective d'emploi ?

En zone euro d’abord, évidemment une fois n’est pas coutume c’est le marché du travail et son absence de réformes structurelles qui restent le principal frein et notamment en Italie. Mais il y a du mieux même en France, et les hausses des demandes d’allocation chômage en Allemagne ne doivent pas faire oublier que l’Allemagne connaît un taux d’emploi élevé en valeur absolue. D’ailleurs c’est intéressant de noter qu’à l’heure où l’Allemagne commence à augmenter ses salaires, un certain chômage apparaît également, de nouveaux rapports de force à l’œuvre en perspective…

Sur le front du chômage, nous en sommes encore qu’au début. L'office européen des statistiques Eurostat indique un taux de chômage en recul dans la zone euro en juillet (en données révisées), contre 12,1% en juin; et ceci, pour la première fois depuis février 2011. Ce taux serait resté à 12 % en août, ce qui représente 19,178 millions de demandeurs d'emplois contre 19,183 million en juillet.

L'activité du secteur manufacturier en France a de nouveau reculé en septembre, mais de façon un peu moins prononcée que le mois précédent. Comment la situation va-t-elle évoluer dans l’hexagone ? La tendance va-t-elle s’inverser ?

Une conjonction de facteurs permet d’entrevoir une consolidation sur 2014 puis sur 2015, 2016, comme le laisse entendre le gouvernement actuel, une réelle reprise de la croissance. Ces facteurs sont : le renforcement de l’union bancaire, les réformes structurelles dans tous les pays, la mise à exécution du programme des OMT pour un pays du sud, la stabilisation politique en Italie…Les gens seront-ils plus heureux, c’est une autre question.

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