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J’influence donc je suis
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EDITORIAL

Si TIME magazine sortait la semaine dernière son classement annuel des 100 personnalités les plus influentes, nous sommes aujourd’hui tous devenus influenceurs, chacun potentiellement leader d’opinion.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Nous vivons dans un monde interconnecté, basé sur l’échange, le partage d’avis, d’opinions. Chacun possède le pouvoir de s’exprimer, seul ou en groupe, et réciproquement de consulter et de se laisser influencer par les autres. Certains appellent ça le « contre-pouvoir » du consommateur, comme pour signifier qu’il fallait pouvoir s’opposer à des influenceurs souvent présentés et vécus comme des manipulateurs.

Dans ce monde, on écoute davantage ses pairs que les instances dirigeantes ou institutionnelles. Lorsqu’une pandémie comme la grippe H1N1 se déclare, on consulte davantage ses amis ou d’autres parents d’élèves que son médecin ou encore moins le ministère de la santé pour savoir s’il faut se faire vacciner, on écoute davantage d’autres consommateurs que la marque lorsqu’il faut choisir une voiture, une machine à laver ou un hôtel, on a davantage le réflexe d’interroger Google que son professeur, un site médical qu’un professionnel de santé. Un monde où un micro trottoir de 5 personnes nous influence davantage qu’une enquête scientifique menée sur de longs mois. Internet et les réseaux sociaux n’ont rien inventé, mais ont considérablement amplifié nos discussions de comptoirs et ont fait de chacun d’entre nous des faiseurs et des suiveurs d’opinion, ou en tous cas l’illusion de l’être.

La communication doit faire sa révolution culturelle

Dans ce monde, l’autorité officielle n’est plus seule détentrice de l’information, car son « autorité » justement est souvent remise en cause. En matière de communication, on peut considérer que ce que la marque dit d’elle-même est souvent moins important que ce que le public dit de la marque. Les publics potentiellement réceptifs changent, devenus aussi bien récepteurs qu’émetteurs ils sont surtout davantage informés et exigeants, on les dit même souvent « sur-informés », comme s’ils l’étaient trop. Écouter chaque client, consommateur, usager, administré, électeur pour détecter les signaux faibles, qui feront, pour certains, les tendances et les projets de demain.

C’est pourquoi il est particulièrement important de sortir des dispositifs de communication descendants, unidirectionnels, à sens unique. Ces dispositifs ne sont plus crédibles, et c’est une véritable révolution culturelle qui doit s’opérer, celle d’une communication qui doit passer du faire-valoir au faire-savoir, du discours aux actes, du monologue au dialogue, de la verticalité à l’horizontalité. Le prisme idéalisant, vantard, a vécu. Aujourd’hui le « courage » de la nouvelle façon de communiquer consiste à considérer que les faiblesses assumées renforceront la crédibilité des atouts, lorsque les faiblesses occultées - mais décodées par tous – réduisent les atouts à néant. Une communication sincère davantage que transparente.

La tendance est alors aux témoignages, aux partages d’expériences vécues. Un équilibre doit alors être trouvé entre des influenceurs en besoin de reconquête de leadership respecté et attendu (dans le monde politique comme économique), qui ne doivent pas non plus se faire dicter leurs comportements par le diktat de l’expression publique, et des populations aujourd’hui davantage disposées à écouter leurs pairs que leurs pères.

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