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Rencontre avec la papesse du soft power chinois
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Révolution culturelle

A la tête de la KT Wong Foundation, celle que l'on appelle Lady Davies parcoure le monde pour établir des projets culturels collaboratifs entre Occidentaux et Chinois afin de développer "la compréhension mutuelle". Interview de la femme qui pourrait bien être en train de transformer la Chine en puissance culturelle.

Atlantico : Vous avez créé la KT Wong foundation en 2007, dont le but est d’améliorer la compréhension mutuelle entre la Chine et l’Europe au travers de la musique et de la danse notamment. Qu’est-ce qui vous a déterminé à donner cet objectif à votre fondation ?

Lady Davies : L’idée m’est venue de mon père. Le KT Wong, en réalité, c’est lui. Il faisait partie, comme des millions de ses compatriotes, des "Chinois d’outre-mer". Bien qu’il ait fait fortune en dehors du pays, dans le sud-est de l’Asie, il est retourné en Chine. Dans notre jeunesse, mon père nous encourageait systématiquement à revenir en Chine et à contribuer au bien du pays. Mais nos yeux étaient plutôt tournés vers l’Ouest. Puis, ayant beaucoup vécu en Occident, j’en suis venue à me dire que mon ouverture aux deux cultures pourrait aider la Chine à se frayer un chemin dans la société mondiale. C’est donc en 2007 que j’ai lancé la fondation au nom de mon père, qui était un fervent amoureux des arts. En créant une « plateforme culturelle », l’idée était de permettre aux deux bords de faire se rencontrer leurs créations, et, pourquoi pas, de créer quelque chose de nouveau à partir de là. La fondation est encore jeune, mais elle compte déjà des accomplissements significatifs. L’idée, à chaque fois, est de faire collaborer les talents chinois avec les talents européens.

Du 1er au 3 octobre 2013, la Fondation reçoit le ballet national de Chine à Paris au théâtre du Châtelet, pour une représentation appelée Le Détachement féminin rouge, créé en 1964. Quelle est la particularité de cet événement ?

Je tiens avant tout à témoigner de mon respect et de ma reconnaissance envers le théâtre du Châtelet. Cette manifestation n’est pas anodine, car ce ballet est l’une des seules créations artistiques produites par la révolution culturelle. Il faut savoir que seulement huit créations de ce type étaient autorisées pendant cette période. Ce ballet aura 50 ans l’année prochaine, comme les relations France-Chine. Nous espérons le faire connaître à un très large public.

J’ai lu récemment un très bon article dans  la presse française, dont le ton était cependant surprenant pour moi, étrangère : la Chine y est présentée comme une puissance qui, après l’économie, s’en prend aux arts dans le monde. En réalité, la Chine ne cherche pas à véhiculer cette impression. Bien que cela puisse en avoir l’air, il ne s’agit pas d’une recherche de domination sur le monde. Simplement, la Chine est fière de son passé histoire culturelle et artistique, et veut entre en communication avec le monde par ce biais.

Mieux que la politique, pensez-vous que l’art est le meilleur moyen d’encourager la collaboration et la compréhension entre des cultures aussi différentes ? Pourquoi ?

Nous nous élevons ainsi au-dessus de toute polémique. Au travers des arts et de la culture, nous parvenons à nous comprendre beaucoup plus en profondeur. Derrière les traditions se cache une histoire : les gens ne se comportent d’une certaine manière sans raison. Tout est affaire de perception, et je pense que Chinois et Européens peuvent se rencontrer réellement. Quoi de plus fort que le fait de travailler main dans la main sur un projet commun ? Nous cherchons à dépasser la barrière de l’incompréhension. Notre but est donc de comprendre les perspectives qui animent chaque individu. La France et la Chine sont sur le point de célébrer les cinquante ans de leur premier accord international. Il est extraordinaire de se dire que la France a été le tout premier pays à reconnaître le parti communiste chinois. Le président Charles de Gaulle a ouvert une porte sur la Chine, et cela, elle ne l’a pas oublié. C’est pourquoi il faudra célébrer cet anniversaire comme il se doit. Notre intention est d’associer ce que l’art français a de meilleur à offrir avec la fine fleur de l’art chinois. L’idéal du melting pot dans les arts n’est pas une chose insensée.

Le fait que la France soit le premier pays à avoir reconnu la Chine populaire a-t-il influencé la vision que les Chinois ont de notre pays ?

Il n’est pas si simple de parler au nom de l’ensemble de la population chinoise, car les Chinois expatriés n’ont pas été exposés au monde de la même manière. Quoi qu’il en soit, la France est indubitablement perçue comme le berceau du raffinement. C’est le meilleur représentant du goût occidental. C’est pourquoi la Fondation soutient des projets de collaboration pour célébrer l’amitié franco-chinoise en 2014.

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