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L’université est allergique à la sélection pour la simple raison qu’elle est illégale en France.
L’université est allergique à la sélection pour la simple raison qu’elle est illégale en France.
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L'université Montpellier 3 n’a plus les moyens de soutenir l’ensemble des formations qu’elle propose. La présidente de l’université envisage de tirer au sort pour certaines licences très demandées et nécessitant des équipements.

Julien Pompey

Julien Pompey

Julien Pompey est journaliste spécialiste des formations supérieur. Il est le réacteur en chef de Panthéon-Sorbonne, le magazine de l'université Paris 1.

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Atlantico : Après avoir fermé son antenne à Béziers, l’université Montpellier 3 n’aurait plus les moyens de soutenir l’ensemble des formations qu’elle propose. La présidente de l’université envisage donc de tirer au sort pour certaines licences très demandées et nécessitant des équipements alors qu’elle pourrait très bien sélectionner les meilleurs élèves. Pourquoi l’université française est-elle si rétive à la sélection ? La sélection est-elle tabou en France ?

Julien Pompey: L’université est rétive à la sélection pour la simple raison qu’elle est illégale en France. Le Code de l’éducation dispose en effet que le premier cycle universitaire est ouvert à tous les titulaires du baccalauréat. Le bac constitue en soi une condition d’accès à l’université, sauf exceptions qui ne sont pas légion. Malgré cette loi, un certain nombre d’établissements ont mis en place des dispositifs pouvant s’apparenter plus ou moins directement à une forme de sélection : test d’entrée, examen du dossier, filière d’origine en Terminale, etc. Ces universités mettent en avant le fait que certaines formations, bien souvent très demandées, nécessitent certains prérequis. C’est, par exemple, le cas de l’université de Saint-Étienne qui soumet les candidats à des tests d’écoute pour sa licence en musicologie, ou de Paris 1 Panthéon-Sorbonne qui fait passer des tests de compétence pour certaines filières. Et toutes les universités réalisent une sélection lors du passage de la première à la deuxième année de master.

Dans les pays qui ont adopté un système de sélection à l’entrée des universités, quelle est la situation ?

La sélection a une toute autre dimension : elle est beaucoup plus poussée ! L’exemple type est bien entendu les Etats-Unis où, pour intégrer n’importe quelle université, il faut se soumettre à une sélection relativement sévère, avec une étude approfondie du dossier universitaire, des tests d’admissions comme le (Scholastic Assessment Test) et l’ACT (American College Test), qui servent à évaluer les connaissances en anglais, en mathématiques, etc.

Quelles sont les conséquences de cette absence de sélection ?

Les universités, qui absorbent près de 60 % des étudiants de l’enseignement supérieur, acceptent quasiment tous les profils d’élèves sur ses bancs, engendrant un taux de réussite très mitigé. Et pour cause : seulement 52 % des étudiants franchissent le cap de la première année universitaire, et un peu plus d’un tiers des étudiants réussissent leur licence en trois ans. Par conséquent, contrairement à quasiment tous les autres pays développés, la France ne parvient pas à atteindre l’objectif de 50 % d’une classe d’âge en licence. Nous ne sommes qu’à 40 % actuellement, ce qui est vraiment insuffisant. Cela a, entre autres, pour conséquence que les établissements universitaires tricolores ont dû à bien figurer dans certains classements internationaux, tenant notamment compte du taux de réussite des étudiants. Ainsi, dans le classement de Shanghai, qui est le palmarès le plus regardé mais également le plus critiqué, la première université française n’arrive qu’au 37ème rang mondial cette année…

Comment sortir de cette situation ? Instaurer un système payant est-il la solution ? Ou faut-il mettre en place dans le système universitaire la même sélection que pour les filières de l’enseignement supérieur ?

La sélection n’est pas forcément la solution qui, je pense, réside plutôt du côté de l’orientation. Il est nécessaire de mettre en place davantage de parcours diversifiés et de revoir l’orientation, notamment celle des élèves venant de bac professionnel ou technologique. Ces derniers sont en effet trop souvent évincés des BTS et des DUT, alors que ces formations leur étaient initialement destinés avant que les bacheliers généraux ne trustent les places… Cela peut également passer par un décloisonnement des différentes filières, ou par une spécialisation progressive des étudiants.

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