Coter la Formule 1 en bourse : pourquoi ça paraît étrange aux Français et pourquoi ça ne l’est pas en réalité <!-- --> | Atlantico.fr
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Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1 a déclaré cette semaine à l’AFP qu’une partie du capital de la Formule 1 serait bientôt à la Bourse de Singapour
Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1 a déclaré cette semaine à l’AFP qu’une partie du capital de la Formule 1 serait bientôt à la Bourse de Singapour
©Reuters

Racing boursier

Comme les clubs de Football avant elle, la Formule 1 s'apprête à entrer en bourse d'ici peu. Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1 l'a garanti à l’AFP en affirmant la semaine dernière : "Il faut juste trouver le bon moment pour aller sur le marché. Nous ne sommes pas pressés. Je suis sûr que ce sera à la Bourse de Singapour". Une valorisation qui risque de rapporter gros.

Vincent  Chaudel

Vincent Chaudel

Vincent Chaudel exerce le métier de conseil dans le secteur du sport. Directeur de la Communication et du Marketing du cabinet de conseil Kurt Salmon, il y anime la compétence management du sport. Il est depuis 2009 Vice-Président de Sport et Citoyenneté, 1er think tank européen centré autour des enjeux sociétaux liés au sport.

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Atlantico: Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1 a déclaré cette semaine à l’AFP qu’une partie du capital de la Formule 1 serait bientôt à la Bourse de Singapour, "dès que le timing sera bon". Initialement prévue en juin 2012, l’opération pourrait permettre de lever 2 milliards d’euros. Une introduction en bourse qui peut paraître étrange. Quel est l'intérêt d'une telle valorisation ?

Vincent Chaudel: En général, on vient chercher sur le marché boursier soit la monétisation de son activité en vue d’une possible transition, soit le financement des projets de développement et des investissements. La Formule1 n’a pas nécessairement eu besoin d’investir dans des circuits puisque ce sont des investissements locaux, souvent publics  qui, la plupart du temps, ont financé des infrastructures. Avec cette introduction, la F1 pourrait construire des infrastructures en propre, comme un circuit pour les essais hivernaux.

Va-t-elle bénéficier de cette valorisation, ou y a-t-il un risque d’endettement comme ce fut le cas pour certains clubs de football?

On a souvent critiqué à tort l’introduction des clubs de football en bourse. La plupart des introductions en bourse de clubs de foot se sont faites entre les années 1995 et 2000, période où le secteur d’activité Sport était très méconnu de la bourse et des analystes. C’est aussi une période, où les nouveaux médias ont été surévalués, confère la fameuse bulle internet. N’importe quel projet dit web partait avec une cote démesurée ou fortement gonflée. Et puis le monde de la bourse, des actuaires et des financiers ont su mieux évaluer ces acteurs à partir les années 2000. Si hier des clubs valant potentiellement 100, ils rentraient en bourse à 150. Mécaniquement, leur cote allait rejoindre la valeur intrinsèque du club. On a donc fortement critiqué ces introductions en bourse par méconnaissance. Alors qu’aujourd’hui les clubs rentrant en bourse ont plutôt des valeurs d’introduction plus proche de leur valeur intrinsèque. On sait mieux les évaluer. Le secteur du sport est donc aujourd’hui mieux appréhendé, la F1 sera donc bien évaluée. D’ailleurs, quand je vous dis que le sport est mieux connu, cette semaine, Nike est rentré au Dow Jones. C’est la première société sportive qui rentre dans un indice. C’est bel et bien la démonstration que le sport n’est plus uniquement une activité récréative, mais un business en soi.

Cette capitalisation du sport peut-elle effrayer et déteindre sur l’image de la Formule 1 ?

Je ne crois pas.  Si vous êtes passionné de Ferrari et qu’on vous propose des actions de Ferrari la dimension boursière n’effraie pas. Les Français se porteraient acquéreurs par passion pour un club ou pour une écurie. Vous n’allez pas chercher du Vinci en Bourse parce que vous êtes passionné du béton. C’est là une vraie particularité du sport, c’est un univers de passion comme la mode ou la musique. Vous pouvez dès lors avoir un investissement boursier dicté par la passion et non par la raison. Bien sûr on trouve deux sortes d’actionnaires, les petits porteurs et surtout les institutionnels biens moins sensibles au facteur passion. Dans le domaine de la F1, les petits porteurs seront certainement moins nombreux, ce serait différent si les écuries elles-mêmes entraient en bourse.

Cette valorisation est-elle à la hauteur des revenus générés par Formule 1 ?

La solution en bourse de la F1 c’est un peu comme introduire en bourse la FIFA. Il s’agit d’introduire l’organisateur d’une compétition mondiale qui génère des droits mondiaux. En soi, la F1est une organisation relativement agile, légère, avec peu de salariés. Finalement, une grande partie de l’organisation des grands prix repose toujours sur les acteurs locaux. En revanche, la commercialisation des droits a tendance à se faire au niveau des acteurs comme la FIA (Fédération internationale de l’automobile) ou la FOM (Formula One Management), eux génèrent beaucoup de droits et redistribuent. Ils captent une grande partie de la valeur. Finalement, cette introduction peut être intéressante pour les investisseurs puisque ces structures ont potentiellement peu de charges par rapport au chiffre d’affaires qu’ils peuvent générer.

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