Baisse du chômage en août : un effet statistique plus que le signe d'une réelle embellie<!-- --> | Atlantico.fr
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50 000 personnes de moins étaient inscrites à Pôle emploi en août. Une baisse liée à un pur effet statistique.
50 000 personnes de moins étaient inscrites à Pôle emploi en août. Une baisse liée à un pur effet statistique.
©Reuters

Trompe-l'œil

En août, pour la première fois depuis avril 2011, le nombre de demandeurs d'emploi a reculé de 50 000. Une baisse à nuancer, car elle s'appuie en partie sur l'explosion des radiations des listes de Pôle emploi.

Yannick L’Horty

Yannick L’Horty

Yannick L’Horty est Professeur à l’Université Paris-Est, directeur de la fédération de recherche « Travail, Emploi et Politiques Publiques » du CNRS.

Il est spécialiste du marché du travail et de l’évaluation des politiques publiques dans le domaine de l’insertion et de l’emploi.

Dernier ouvrage paru : Les nouvelles politiques de l’emploi, Collection Repères, la découverte.

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Atlantico : Selon les derniers chiffres officiels publiés mercredi 25 septembre, il y aurait 50 000 demandeurs d’emplois de moins inscrits à Pôle emploi en France. Cette baisse du chômage est-elle durable ?

Yannick L’Horty : Les chiffres du mois d’août étaient attendus avec une attention particulière. En effet, nous avions connu en juillet une forte hausse du nombre de demandeurs d’emplois. Les deux mois précédents - mai et juin - avaient été caractérisés par une stabilité du marché du travail. La situation était donc assez volatile d’un mois à l’autre. Le mois d'août ne fait donc qu’annuler la hausse du mois de juillet.

Sur les quatre derniers mois, nous avons l’impression d’une certaine stabilité du nombre de demandeurs d’emplois mais il y a des doutes sur la réalité de cette stabilité. Traduit-elle un véritable retournement du marché du travail ou un découragement croissant des demandeurs d’emplois qui auraient changé leurs comportements d’inscriptions ?

Il s’agit d’un point important : les sorties de liste. Celles-ci auraient représentées 70 000 personnes en août en données corrigées des variations saisonnières (en brut, nous avons une baisse des sorties).

Les comportements de sortie sont donc très volatiles. Et la méthode de correction des variations saisonnières utilisées par Pôle emploi est appelée à être révisée puisque les modalités de comptabilisation des sorties ont changé sur le plan administratif. Ce point est d’ailleurs souligné dans les communiqués qui appellent à une grande prudence.

La stabilisation apparente du marché du travail ne permet pas donc pas de confirmer une embellie. Enfin, notons que tous les chômeurs ne passent pas par Pôle emploi.

Emplois aidés, emplois jeunes, contrats de génération… les mesures prises par le gouvernement ont-elles porté leurs fruits ?

Nous ne pouvons pas répondre avec certitude puisque nous n’observons pas un retournement net du nombre de demandeurs d’emplois. Le calendrier de montée en puissance des dispositifs n’est pas satisfaisant : il y a eu une grande lenteur dans le démarrage des nouveaux contrats, surtout les contrats de générations.

Une inversion de la courbe du chômage est-elle possible ?

Il faut plus de six mois avant qu’une amélioration de la croissance entraîne une amélioration nette du marché du travail. Or, nous n’avons pas encore de signe sûr et certain en ce qui concerne le retour de l’activité économique.

Les réformes accumulées du marché du travaillent permettent de stabiliser l’emploi même avec une croissance faible. Il suffirait d’une croissance modeste au delà de 1,54% pour que le marché du travail cesse de se détériorer.

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