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Conférence environnementale : la crise a-t-elle tué l'écologie ?
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Cible verte

Ce vendredi s'ouvre la deuxième conférence environnementale, où François Hollande va discuter avec des ONG des grandes lignes à suivre pour continuer sa transition écologique.

François Lafargue

François Lafargue

François Lafargue est docteur en Géopolitique, auteur d’une thèse portant sur l’Afrique du Sud. Il est également docteur en Science politique avec comme thème de recherche la stratégie des Etats-Unis devant la vulnérabilité énergétique de la Chine. Ses travaux portent principalement sur les enjeux énergétiques en Asie et en Afrique et les relations sino-africaines. Il publie régulièrement des articles dans la presse nationale (Les Echos, Libération, La Tribune…) et dans des revues académiques (Défense nationale, Afrique contemporaine, China Perspectives...). Il est professeur de géopolitique à l’ESG management school. Il anime également le séminaire « Géopolitique » à l’Ecole Centrale de Paris. Son dernier ouvrage La Guerre Mondiale du pétrole (Ellipses - 2008).

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Atlantico : La conférence environnementale s'ouvre ce vendredi 20 septembre. Le discours de François hollande est très attendu par les ONG et les verts, qui considèrent que les enjeux ne sont pas assez pris en compte. En 2010, en plein milieu de la crise, l'ancien président Nicolas Sarkozy avait déclaré lors du salon de l'agriculture à propos de l'écologie : "ça commence à bien faire". La crise a-t-elle mis de côté les enjeux environnementaux et écologiques ? 

François Lafargue : Il est incontestable que la crise économique et la forte hausse du chômage pèsent lourd dans l’esprit des électeurs des pays de l’OCDE. On peut penser au scrutin présidentiel américain de novembre 2012, où le candidat Obama a mis sous le boisseau ses grandes intentions écologiques affichées quatre ans plus tôt. La mise en valeur des gisements de gaz et de pétrole de schiste aux États-Unis comme en Chine répond aussi à la nécessité de créer des emplois et donc d’offrir une énergie abondante et bon marché, quitte à ignorer les conséquences néfastes d’une exploitation intensive des hydrocarbures par le biais de la fracturation hydraulique.

En France, les partisans du nucléaire mettent en avant les milliers d’emplois qu’offre cette industrie, pour éviter toute réflexion sur le sujet. Nicolas Sarkozy estime sans doute comme beaucoup que l’écologie devrait être autant fondée sur l’éducation que sur la sanction (taxe et contraintes).

Mettre en place une politique écologique coûte très cher. Cependant, le choix de sacrifier ce défi écologique est-il tant une question de moyens financiers que de cohérence vis-à-vis d'une opinion publique qui à d'autres centres intérêts en temps de crise ? Les politiques se sont-ils désintéressés du sujet ?

La crise n’a pas tué l’écologie. Les partis écologistes en Europe continuent de penser que la solution à la crise passe par une modification des comportements, ce sont les thèses de la « décroissance » et les discours liés à une consommation plus rationnelle et moins désinvolte des ressources comme l’eau.

En Allemagne, l’abandon du programme nucléaire fait l’objet d’un consensus même si les industriels critiquent le délai aussi court imposé pour arrêter les réacteurs nucléaires.

Par contre dans les pays émergents, on peut dire que l’état d’esprit est différent car la relance économique est la priorité. L’Inde, qui développe une puissante industrie fortement consommatrice d’énergie comme la sidérurgie et l’automobile et qui est désormais le 4e consommateur mondial d’énergie primaire, partage le même intérêt pour le nucléaire civil que la Chine.

Dans quelle mesure est-ce une erreur de mettre cette question en attente ?

La transition énergétique n’est pas la révolution, au sens où elle n’est pas brutale, mais progressive, ce qui peut donner un sentiment de lenteur. Le respect de l’environnement est souvent perçu non comme un bénéfice en termes de condition de vie ou de santé publique, mais comme un ensemble de contraintes, notamment de nouvelles taxes tels les bonus/malus en France.

Les énergies propres ou renouvelables restent encore peu utilisées, puisqu’elles ne représentent que 8 % de l’énergie consommée dans le monde. Les précédentes révolutions énergétiques (le charbon au XIXe siècle puis le pétrole au XXe siècle) avaient été menées assez rapidement, car leurs avantages étaient incontestables (en termes de coûts ou de facilité d’utilisation). L’actuelle transition est rendue difficile, car les énergies renouvelables sont complexes à mettre en œuvre, nécessitent de lourds investissements et ne semblent pas toujours apporter de progrès tangibles.

Comment nos voisins européens ont-ils géré leur politique écologique pendant la crise ?

Chaque pays européen est dans une situation différente, mais aucun n’a opéré de changement brutal. L’écologie est autant une opinion politique qu’une culture. Même les pays fortement frappés par la crise économique comme le nôtre ont continué de mener des politiques vertes.

Considère-t-on que écologie et économie sont forcément incompatible ? Est-ce fondé ?

Il est logique que la préoccupation des électeurs soit l’emploi et le pouvoir d’achat plutôt que l’écologie. L’écologie et la création d’emplois ne sont pas pour autant incompatibles puisque de nouveaux marchés apparaissent comme la fabrication de matériaux plus isolants. Regardez le groupe Bolloré, qui vient d’inaugurer en Bretagne une nouvelle usine de fabrication de batteries électriques.

Les entreprises investissent dans le développement de nouvelles technologies, je pense notamment à Veolia, très présent en Asie et qui contribue à améliorer l’efficacité énergétique dans les transports publics tels que les métros, en permettant de récupérer l’énergie cinétique dégagée par le freinage de chaque rame pour faire circuler la suivante.

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