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Volte-face de la Fed : Bernanke maintient finalement sa politique monétaire et donne une leçon à l'Europe
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America forever

Contrairement à ce que beaucoup attendaient, la Réserve Fédérale américaine a décidé de continuer à soutenir l'économie américaine par sa politique monétaire. Une leçon que les dirigeants européens devraient écouter avec attention.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Depuis maintenant plusieurs mois, le monde entier restait suspendu à la menace qui pesait sur l’économie mondiale. La Réserve Fédérale américaine envisageait de se retirer progressivement de ses différents programmes de politique non conventionnelle dit QE (assouplissement quantitatifs). Ben Bernanke, président de la FED en a décidé autrement.

Selon le communiqué, l’arrêt de ces politiques n’aura lieu que lorsque l’économie « progressera de façon soutenue ». La Banque Centrale Américaine veille sur son économie convalescente, et ce pour une bonne raison.

En effet, malgré les récents développements positifs de l’économie les gouverneurs indiquent : « Nous prenons en compte la baisse des dépenses publiques ». Au début de l’année 2013, le congrès mettait en place un large programme « automatique » de baisse des dépenses, dit « sequester », de l’ordre de 85 milliards de USD. L’autorité monétaire n’acceptera pas que ses efforts soient anéantis par ces mesures, et leur impact négatif sur la croissance. Pour cette raison, le programme de soutien à l’économie est maintenu.

C’est ainsi que la baisse de dépense publique est neutralisée par la voie monétaire. L’effet récessif est contré proportionnellement et la FED parviendra dès lors à son objectif de taux de chômage de 6.5%. Il s’agit également d’une prise de pouvoir car jamais Ben Bernanke n’aura été si clair. La FED est responsable du taux de croissance et du taux d’inflation, et les actions du congrès ne modifieront en rien son objectif. Cette réalité ne devient que plus apparente aujourd’hui.

Ce mécanisme permet aux Etats-Unis de réduire ses déficits, sa dette, en préservant son taux de croissance et en luttant contre le chômage. A la différence d’une Zone Euro qui persiste à vouloir réduire ses déficits « à sec », les Etats-Unis peuvent compter sur une banque centrale dont l’objectif est de stabiliser les prix mais également de parvenir au plein emploi. La différence est considérable.

En termes d’efficacité, il n’y a pas réellement de comparaison possible. L'Europe s’évertue depuis bientôt 4 ans à exiger des Etats les plus fragiles à réduire leurs dépenses avec des résultats qui relèvent du grotesque : le chômage culmine encore à 12.1% dans la zone Euro. Les Etats-Unis ont fait le chemin inverse. La recherche de la croissance par la voie monétaire aura déjà permis de réduire le taux de chômage à 7.4%, avant de se lancer dans une vague de baisse des dépenses. Et même à ce stade, Ben Bernanke ne cède pas. La croissance est la priorité des Etats-Unis quand les déficits sont l’obsession Européenne.

La comparaison des résultats est si pénible à regarder que l’Europe préfère ne rien voir. Certains responsables européens nous ferons sans doute le plaisir d’accuser les Etats-Unis de « manipuler » leur monnaie. Mais les salariés américains ne devraient pas trop s’en plaindre.

Combien de temps faudra-t-il pour que les responsables politiques s’emparent de la seule réforme qui puisse agir sur la réalité économique européenne ? La BCE doit avoir comme objectif la croissance et l’emploi au même titre que la stabilité des prix. En attendant nous aurons la stabilité des prix et le chômage.

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