Fédération européenne : Bercy et le FMI en ont décidé pour nous<!-- --> | Atlantico.fr
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"L’Union monétaire est une grande entreprise fondamentalement inachevée."
"L’Union monétaire est une grande entreprise fondamentalement inachevée."
©Flickr

Prise d'otage

S’est tenu au Ministère des Finances un premier séminaire commun avec le FMI pour la mise en place fédération européenne. Un projet fondamental qui se prépare sans le moindre débat démocratique.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La crise de l’euro aura-t-elle raison des Etat- membres de l’Union ? C’est ce que semble indiquer le séminaire qui s’est tenu à Bercy le 10 septembre, en commun entre la direction du Trésor et le FMI (Pierre Moscovici et Christine Lagarde herself…) sur le fédéralisme budgétaire. La technostructure étatique a en effet décrété que ce serait quand même mieux de créer une fédération européenne avec une centralisation fiscale et une gestion unique de la dette publique.

Cette perspective semble d’ailleurs avoir beaucoup réjoui "Mosco", qui s’est étendu sur ce sujet, avec un discours empreint de sa clairvoyance habituelle:

Ce que la crise a révélé si crûment, en effet, c’est que l’Union monétaire est une grande entreprise fondamentalement inachevée. Les architectes inspirés de la zone euro n’ont pas sous-estimé, à l’époque, le renforcement des interdépendances lié à l’unification monétaire ; mais l’équilibre des forces en présence lorsque la monnaie unique a vu le jour a donné naissance à ce qu’il faut voir comme une première ébauche plutôt que comme un projet abouti, aux contours définitifs.

Bien sûr, supprimer une Nation indépendante comme la France, c’est un dommage collatéral acceptable d’une solution à apporter à un problème technique: la gestion d’une monnaie unique. Un problème secondaire au fond, qu’on peut éventuellement soulever dans les grandes réflexions pseudo-économiques que des experts qui nous ont déjà menés à la ruine nourrissent pour notre plus grand bonheur.

Est-ce si grave ?Après tout, le marché intérieur ou les politiques de cohésion régionale ne sont pas sortis tout casqués de la cuisse de la Commission européenne. L’Europe s’est toujours construite par sédimentation. On peut avoir la libre circulation des marchandises, et attendre quelques années la libre circulation des personnes. Mais si cette approche est pertinente pour des politiques qui tiennent de manière relativement autonome par elles-mêmes, elle montre rapidement ses limites pour une Union Economique et Monétaire. En effet, la zone euro n’est pas une coopération renforcée comme les autres, elle n’est pas simplement une nouvelle politique européenne. Elle est une mutation fondamentale de son ADN. L’euro, c’est un changement fondamental dans la façon de faire de la politique économique, une responsabilité commune, des interdépendances, un symbole, une identité, de la politique, du vouloir-vivre ensemble, de la citoyenneté. On peut s’accommoder d’une incomplétude temporaire de certaines politiques communautaires ; pas de l’union économique et monétaire, parce que cela remet en cause les chances de succès du projet lui-même.

La fédération européenne, sédimentation ultime du projet communautaire?

Une fois de plus, rappelons que l’Europe comme continent porteur d’une culture spécifique existe depuis plus de 3.000 ans. Réduire son histoire aux 50 dernières années laisse vraiment songeur…

Sur le fond, il est quand même extravagant de voir qu’un projet aussi essentiel fasse l’objet d’une préemption par l’appareil d’Etat sans aucun débat démocratique. Si la fédération européenne, c’est le pouvoir unilatéral à la technostructure, non, vraiment, je n’en veux pas…

Cet article a initialement été publié sur le site Jusqu'ici tout va bien.

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