Et encore une loi pour l'égalité femmes-hommes : pourquoi les logiques punitives n'aboutissent jamais à rien <!-- --> | Atlantico.fr
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Le projet de loi pour l’égalité homme-femme est présenté au Sénat ce lundi 16 septembre.
Le projet de loi pour l’égalité homme-femme est présenté au Sénat ce lundi 16 septembre.
©Filckr

Fail

Un nouveau projet de loi pour l'égalité sera présenté ce lundi devant le Sénat. Mais l'égalité est un concept qui s'enseigne dès le plus jeune âge pour façonner les esprits plutôt qu'en réprimandant ceux pour qui cela n'a pas été fait.

Nina Schmid

Nina Schmid

Nina Schmidt est responsable de projet pour l'Observatoire des inégalités.

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Atlantico : Le projet de loi pour l’égalité homme-femme est présenté au Sénat ce lundi 16 septembre. Le projet de loi actuel est censé faire la part belle à la lutte contre les stéréotypes ainsi qu'à l’instauration de sanctions pour les entreprises ne respectant pas l’égalité professionnelle. En matière d’égalité homme-femme, la logique punitive peut-elle être efficace ? L’arsenal législatif déjà existant n’est-il pas suffisant ?

Nina Schmidt : Pour l’observatoire des inégalités, la logique de cette loi est surtout symbolique. La loi sur l’égalité salariale existe depuis 1983, et il est temps de la faire respecter. Le travail qui reste à faire est à notre sens avant tout un travail d’éducation.

Néanmoins, pour nous, l’égalité professionnelle se passe en amont. Le marché du travail a été ouvert aux femmes il y a plusieurs décennies. Mais elles n’ont pas eu accès au même marché que les hommes. Elles occupent généralement des emplois moins rémunérateurs, ne possèdent pas les mêmes diplômes, et ne mènent pas les même carrières. Elles sont plus sujettes à des interruptions de carrière pour s’occuper des enfants et dus à leur grossesse. Et souvent ce sont les femmes qui s’arrêtent de travailler car elles sont moins bien payées que leur mari. Le marché du travail des femmes n’est pas le même que celui des hommes.

Alors que le projet de loi prévoit un congé partagé de trois ans dont six mois devant être pris par l’autre parent ou être perdus, une enquête Ipsos publiée la semaine dernière révèle que les pères perçoivent l’idée d’un congé parental de six mois comme « une prise de risque majeur » dans leur vie professionnelle. Dans ce contexte, comment lutter contre les stéréotypes ? Les mesures avancées dans le texte de loi sont-elles suffisantes ?

Ainsi dès le plus jeune âge, il faut s'attaquer à la question des représentations et des stéréotypes. Ce que prévoit ce projet de loi. C'est une réelle ambition car ce que les femmes deviennent dans la société dépend énormément de la représentation qu’elles ont d’elles mêmes. 

Par ailleurs, tous les hommes ne sont pas ambitieux, il s'agit là également d'un stéréotype. Les hommes s’y retrouveraient également si on cassait les stéréotypes. D'où l'importance de former les enseignants, les éducateurs afin qu’ils ne reproduisent pas des stéréotypes dans leurs pratiques. Il faudrait une réelle discussion sociale et des engagements pris par les médias pour assurer de ne pas perpétuer ces stéréotypes de la femme. Ainsi, les adultes de demain ne seront pas les adultes d’aujourd'hui.

D’autres mesures plus incitatives pourraient-elles être prises ? Quelles formes pourraient-elles prendre ?

Il est plus important de former et d’éduquer. Il serait possible de faire des formations à destination du monde professionnel bien qu'il en existe déjà un peu. Cela est complémentaire de la logique punitive.

Les pays scandinaves sont souvent érigés en modèle en matière d'égalité homme-femme. Ce modèle serait-il transposable en France ?

Je n’ai pas d’étude comparative détaillée sur la transposabilité de ce modèle en France. Cela semble toujours compliqué de transposer des modèles dans des pays aux histoires et aux cultures différentes. On peut néanmoins s’inspirer de certaines mesures comme c’est le cas pour le congé parental partagé. Les pays nordiques baignent dans cette dynamique d’égalité hommes-femmes depuis des décennies et nous sommes très à la traîne. Leur éducation en est bien plus imprégnée que la nôtre.

Je pense qu’il faut être optimiste bien que la France ne se transformera pas en modèle suédois du jour au lendemain, et surtout ce n’est pas l’objectif. Il faut trouver des idées adaptées à la réalité de notre terrain. En Allemagne, ils ont mis en place ce congé parental partagé depuis plus longtemps. Dans les faits, c’est quand même la maman qui prend ce congé. Et ce, en raison d'une tradition de mère au foyer. 

En termes d’égalité hommes-femmes, en France, l’égalité fait partie de nos valeurs fondamentales depuis la révolution de 1789. On peut donc se poser ces questions, les inégalités nous sautent aux yeux, alors que dans d’autres pays, le principe d’égalité n’est pas aussi fort et il est moins facile de mettre ces questions sur la table. 

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