La voiture, nouvel espace à conquérir pour le mobile<!-- --> | Atlantico.fr
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Le salon de l'automobile de Francfort a ouvert ses portes samedi. L'occasion, jusqu'au 22 septembre, de donner un aperçu de ce que seront les voitures du futur.

Atlantico : Le Salon de l'auto de Francfort a ouvert ses portes samedi 14 septembre pour présenter les nouveautés de ce secteur. En quoi la voiture est-elle la meilleure plateforme du futur pour le mobile ?

David Nogueira : C’est sans doute en voiture qu’on a beaucoup à faire en matière de services mobiles. On connait déjà beaucoup de services connectés finalement assez basiques : info trafic, recherche de parking libre à proximité, service de conciergerie qui vous réserve une chambre, etc. Les gammes de véhicules plutôt premium, sont capables de communiquer avec le smartphone de son propriétaire. Ainsi, on peut saisir une destination sur son téléphone et l’envoyer à la voiture. On peut verrouiller son véhicule à distance, déclencher la climatisation ou encore localiser son véhicule sur une carte. Il reste encore beaucoup de progrès à faire sur les services faisant appel à une connexion dite "live". Par exemple, aujourd’hui les utilisateurs de High-tech en général ont montré une belle affection pour les services de musique à la demande, Spotify et Deezer en tête. Seul hic, ces services nécessitent un débit de données constant, ce qui est difficile à obtenir en voiture. L’arrivé des réseaux mobiles 4G devrait assurément corriger ce problème et même autoriser d’autres services. Ces connexions permettront d’écouter de la musique à la demande sur l’autoradio et de streamer du contenu vidéo sur les écrans installés sur les appuis-tête à l’arrière pour les enfants. Mercedes dispose déjà d’un ordinateur de bord intégrant un système Dual View. Il s’agit d’un grand écran capable d’afficher une image (celle du GPS par exemple) au conducteur et la diffusion d’un programme TV au passager.

Les exigences globales des utilisateurs aujourd’hui font qu’ils attendent toujours plus de qualité. Ainsi, les services de musique devront passer par une radio numérique de qualité. Les constructeurs ont encore une grosse marge de progression sur l’intégration de services connectés. L’information trafic en temps réel, qui passe par le réseau de téléphonie, a profité d’une belle montée en performance ces deux dernières années, notamment grâce à des acteurs tels que TomTom, Inrix ou encore MediaMobile. Toutefois, la limitation propre aux débits mobiles est une véritable contrainte à l’évolution de ces services. Aujourd’hui, il est théoriquement envisageable d’avoir des voitures connectées en permanence, recevant une alerte d’embouteillage, la présence d’une plaque de verglas, ou encore une route fermée. Le déploiement d’un réseau mobile plus performant permettra aux constructeurs, éditeurs et fournisseurs de services de présenter toute une panoplie de solutions connectées qu’il n’est pas possible de déployer massivement aujourd’hui.

Peut-on s’attendre à une nouvelle guerre Apple et Android sur ce nouveau marché, ou au contraire, l’émergence de nouvelles plateformes développées par les constructeurs automobiles eux-mêmes ?

En l’état, c’est plutôt Android, de par son système ouvert, qui l’emporte sur la plateforme Apple. Les solutions directement intégrées dans les véhicules sont plus simples à développer lorsqu’elles fonctionnent sous Android. L’une des solutions les plus intéressantes est celle de Renault, avec le système R-Link. Désormais disponible sur presque toute sa gamme, ce système est une sorte d’autoradio évolué, pilotable via un grand écran tactile (18 cm de diagonale), fonctionnant sous Android. Je vous rassure, on ne se rend pas compte que c’est un système de ce genre qui est installé. Le constructeur français a pris le soin, en s’appuyant notamment sur de gros partenaires tels que TomTom et Atos Origin de travailler l’interface et l’ergonomie pour qu’elle soit le plus simple possible. Un système que j’ai eu l’occasion de tester à plusieurs reprises. L’ensemble est très efficace, et mon côté geek s’adapte très bien à ce type de système tactile. Toutefois, force est de constater que ces systèmes multimédias tactiles détournent l’attention du conducteur. La succession des menus n’est pas aussi simple à gérer que les systèmes où "un bouton physique correspond à une fonction".

Les systèmes utilisant une interaction avec les appareils Apple sont plutôt des produits de "seconde monte". Par exemple, Oxygen Audio commercialise l’O Car, un autoradio dans lequel on enfiche son iPhone dans la façade. Pioneer commercialise aussi l’AppRadio, qui déporte les applications iPhone à l’écran tactile de l’autoradio. A ma connaissance, il n’existe pas d’autoradio fonctionnant sous iOS. BMW propose toutefois des services qui utilisent l’iPhone. Pour faire simple, on branche son iPhone en USB à la voiture, l’application BMW se lance, et donne accès sur l’autoradio aux radios internet, ou encore à des flux RSS. Rien de franchement extraordinaire. On trouve mieux sur les systèmes Android. C’est selon moi, ce qui explique que les constructeurs se tournent sur des systèmes Android et ne dépensent plus autant d’énergie à développer des systèmes propriétaires finalement plus contraignants. 

Qu'existe-t-il déjà en termes de services mobiles pour les voitures ?

Ce qui explique l’adoption d’Android en voiture, c’est la capacité des systèmes à évoluer. Les constructeurs peuvent à tout moment enrichir leurs systèmes via des applications en tout genre : système de navigation (TomTom est très présent), lecteur de flux RSS, application de localisation de parking à proximité, localisation des stations-services services les moins chers, accès aux réseaux sociaux (Facebook, twitter, etc)... Autant de choses qu’on trouve aujourd’hui sur Renault R-Link. Intégrés à la petite voiture électrique, la Zoé,  Renault y a même ajouté la possibilité de piloter la climatisation, la localisation ou encore la charge de la voiture à distance. Une sacrée évolution puisque ces applications propres à la voiture connectée étaient jusqu’à présent réservées aux grosses berlines allemandes.

On trouve aussi ce genre de systèmes multimédias connectés et évolutifs chez d’autres constructeurs tels que Citroën via la plateforme MultiCity Connect (notamment sur le nouveau C4 Picasso, d’ailleurs baptisé Techno Space), chez Peugeot via Connect Apps (les nouveaux véhicules en profitent), Chevrolet (système MyLink), Opel (système AppLink) et bien évidement, chez Audi (portail et service Audi Connect) et BMW (plateforme BMW Connected Drive).

Bref, ces systèmes à base d’applications sont un vrai business. Au-delà de rappeler l’utilisation de son smartphone aux conducteurs, ils permettent aux constructeurs de négocier de nouveaux partenaires auprès d’éditeurs de logiciels prêts à développer leur application sur une plateforme automobile. Forcément, ceci est source de revenus pour les constructeurs qui facturent l’accès aux services connectés.

Il est important de dire que ces systèmes nécessitent forcément une connexion Internet et donc un abonnement de téléphonie mobile. La tendance est de partager la connexion de son smartphone (souvent des connexions illimitées) via le Bluetooth. Celle-ci n’est toutefois pas toujours évidente à mettre en place. Du coup, sur le segment premium (Audi, BMW, Mercedes, etc.) ils préfèrent installer une carte SIM dans la voiture. Chez PSA,  Citroën et Peugeot proposent une clé 3G, dont la souscription se fait en concession (désolé, l’absence de connexion internet ne me permet pas de trouve le prix de cette clé 3G).

A quelles nouveautés peut-on s’attendre d’ici cinq ans ?

L’attention se porte aujourd’hui beaucoup sur les voitures autonomes. On parle en effet d’une échéance à cinq ans (2015 – 2020) pour voir débarquer des voitures qui se suivent dans les files d’autoroutes. Aujourd’hui, il existe beaucoup de systèmes d’aide à la conduite : des voitures qui se garent seules (le conducteur n’a plus qu’à passer la marche avant et la marche arrière et jouer avec les pédales), les voitures qui corrigent la trajectoire lorsqu’elles détectent des franchissements de lignes blanches inopinés, des voitures qui freinent seules en cas de danger, etc. L’une des plus belles nouveautés et l’annonce de Valéo faite sur le salon de Francfort sur son système Valet Park4U. Il s’agit d’un système qui utilise tous les capteurs à ultrasons du véhicule, des caméras et un laser (qui balayent l’environnement dans lequel circule la voiture) et qui rend le véhicule autonome dans un parking. La démonstration est étonnante : le conducteur laisse le véhicule à l’entrée du parking et demande à la voiture d’aller se garer depuis son smartphone. Une fois que la voiture est garée, elle envoie un message sur le smartphone du propriétaire. Celui-ci n’a plus qu’à la rappeler lorsqu’il souhaite que le véhicule passe le chercher. Audi présente déjà depuis de nombreuses années ce type de service qui figure parmi ses technologies Audi Piloted Experience.

Le souci est qu’en France, le cadre juridique ne permet pas de déployer ses innovations. En cas d’accident : qui peut être considéré comme responsable ? Par ailleurs, les infrastructures ne sont pas encore assez évoluées. Il faut par exemple que les parkings (notamment couverts et sur plusieurs étages), soient connectés et capables d’indiquer au véhicule où il reste de la place de disponible. Mais le fait que l’équipementier français Valéo propose une telle chose, on peut s’attendre à ce que l’industrie française motive l’adoption de ces systèmes.

Aux États-Unis, les Google Cars, qui sont carrément des voitures autonomes (utilisant là encore les capteurs ultrasons, un dôme laser, etc.) sont d’ores et déjà autorisées dans certains Etats : Nevada, Californie et Floride. Les Google Cars ont recours à des technologies très chères (près 100 000 dollars en plus du prix du véhicule) et forcément, il faudra du temps pour en arriver à un déploiement massif. Là encore l’échéance est à 2018 – 2020.

Sur un aspect plus terre à terre : on peut s’attendre à une généralisation de ces systèmes multimédias connectés. Après l’information trafic en temps réel, on peut estimer que les constructeurs vont renforcer les partenariats avec des fournisseurs de services : service d’alerte météo, service de parking (trouver une place dispo).

Toujours du côté des voitures connectées, nous devrions assister aux déploiements massifs des technologies de communications, Car To X et, Car To, Car.

Dans le cas de, Car To X, il s’agit d’une communication entre la voiture et son environnement. Il existe déjà quelques applications qui ne sont pas encore intégrées dans les voitures. Par exemple, un feu tricolore peut communiquer à la voiture, pour lui indiquer que le feu va passer au rouge. Auquel cas, l’ordinateur de bord enverra un message au conducteur pour lui dire qu’il arrive sur un feu rouge, qu’il se prépare s’il arrive à vive allure, ou en tout cas, pour l’aider à mieux anticiper son freinage.

D’autres technologies, dites "présensitives", chez Audi (technologie Pre Sense Plus), BMW et Mercedes (technologie Pre Safe) – sans doute entres autres – sont époustouflantes. Ici, il s’agit de technologies capables, en une fraction de seconde d’anticiper un impact. Ces technologies détectent la présence d’une voiture devant ou derrière et préparent les passages à un éventuel choc : les sièges avant se mettent en position de sécurité pour éviter le coup du lapin, les airbags ainsi que les freins sont pré-armés.

Dans le cas du Car To Car, ce sont cette fois-ci les voitures qui communiquent entres elle via des technologies sans fil, soit propriétaire, soit en Wi-Fi. Ainsi, à un croisement dangereux, par exemple, votre voiture sera alertée de l’arrivée d’un autre véhicule sur la droite. Mais la normalisation du langage et de la technologie sans fil à utiliser dans le cadre des voitures communicante est toujours à l’étude. 

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