La Résurrection : un mystère au coeur de l'homme<!-- --> | Atlantico.fr
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La résurrection, triptyque du XVe siècle.
La résurrection, triptyque du XVe siècle.
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Pâques

Le mythe de la Résurrection a traversé les siècles et les civilisations. Mais signifie-t-il encore quelque chose aujourd'hui ? En ce jour de Pâques qui célèbre la Résurrection de Jésus-Christ, le philosophe et théologien Bertrand Vergely revient pour Atlantico sur les origines et la signification profonde de cette "expérience" au coeur de l'homme.

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely est philosophe et théologien.

Il est l'auteur de plusieurs livres dont La Mort interdite (J.-C. Lattès, 2001) ou Une vie pour se mettre au monde (Carnet Nord, 2010), La tentation de l'Homme-Dieu (Le Passeur Editeur, 2015).

 

 

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Dans l’un de ses derniers ouvrages, Luc Ferry n’hésite pas à  dire des Chrétiens que ceux-ci « font décidément très fort » avec la Résurrection. Croire en Dieu, passe encore, mais croire en la Résurrection, à quoi n’a-t-on pas recours pour se rassurer ou pour séduire les foules afin de les enrôler dans une religion. Réaction compréhensible dans notre culture marquée par le rationalisme. Et pourtant, trois choses donnent à penser que la résurrection n’est pas si invraisemblable que cela ni si propre aux Chrétiens qu’on ne le pense.

La résurrection dans l'histoire

La première est très empirique et concerne une expérience que nous avons tous faite dans notre vie. Il nous est arrivé à tous d’avoir été épuisé physiquement ou moralement avant de renaître. Signe que la résurrection n’est pas un vain mot. Notre énergie vitale est mouvante. Elle croît puis décroît avant de resurgir. Elle est en cela à l’image de la nature qui connaît ses hivers et ses printemps. Tout comme elle est à l’image de l’Histoire. Que de fois la civilisation s’est écroulée avant de renaître ! Nous en sommes la preuve vivante, à travers l’humanisme, dont il ne faut pas oublier qu’il est une renaissance. L’Europe pensait le génie de l’Antiquité à jamais perdu. Or, le XVIème siècle a vu celui-ci ressurgir à travers la Renaissance. C’est dire si la résurrection est profondément inscrite dans la réalité, qu’elle soit naturelle  ou historique. Il y a là une nécessité dont toutes les traditions font foi. Tout ce qui vit avance en reculant, progresse en régressant. Tout ce qui vit  vit en faisant revivre. Et plus ce qui vit se met à revivre, plus le vivant se met à vivre.

La résurrection au coeur de la vie intérieure

Outre ces faits empiriques, il importe de parler de la vie intérieure. La résurrection y est encore plus prégnante. Toute vie humaine passe par des deuils successifs afin de délivrer des naissances successives. Ainsi, il faut mourir à l’enfance pour connaître l’adolescence, tout comme il faut mourir à l’adolescence pour rencontrer l’âge adulte. Comme le souligne Hegel au début de La phénoménologie de l’Esprit , il faut que le grain meurt pour donner la fleur, avant que la fleur ne meure afin de donner l’arbre et ses fruits. Cela est encore plus vrai de notre vie intérieure. Ainsi que le rappelle Annick de Souzenelle, on ne rencontre son être intérieur que si l’on meure à son être extérieur. Nous avons tous en nous ce que la sagesse indienne et la psychanalyse de Jung appellent le Soi, qui est la pensée profonde et évoluée non seulement de nous-mêmes mais de l’humanité. Encore faut-il être mort au moi pour rencontrer le Soi. Passage douloureux. Le moi a du mal à accepter un autre que lui. Passage étonnant cependant. On est surpris quand, dans la nuit du moi à l’agonie, on voit surgir la lumière du Soi.

Mystère de l'être et transfiguration

Cette expérience permet de commencer à entrevoir la Résurrection du Christ qui est à la source du christianisme. S’il y a à l’origine de toutes choses le fait inouï qu’il y ait quelque chose et non rien, constatons le, nous sommes dans un dynamisme d’être. Témoin l’existence de l’univers, de la terre, de la vie, des hommes, de la culture et  de l’esprit humain capable de faire rayonner l’être à travers l’expérience des profondeurs de l’Homme dont la mystique est capable. Quand un être humain est capable de libérer le mystère de l’être en lui, non seulement il est transfiguré, mais tout est transfiguré autour de lui. La vie et le corps prennent notamment à cette occasion toute leur dimension. L’Homme et le monde qui paraissaient morts ou dormants se mettent à vivre comme jamais. Le Christ  frappe l’esprit de l’Histoire entière parce qu’il est celui en qui le mystère de l’être fait pleinement retour vers lui-même. Nous doutons de la possibilité qu’un jour nos corps ressuscitent. Cela vient de ce que nous n’avons pas encore fait l’expérience du mystère de l’être en nous. Rentrons dans cette expérience. Tout change. On découvre en soi un nouveau corps totalement inconnu. Toutes les grandes traditions de sagesse attestent de la réalité comme de la pertinence d’une telle expérience. Notre monde qui s’est beaucoup éloigné de la vie spirituelle a soif d’être. Il est en quête de ce qui permet à l’humanité de découvrir sa plénitude. Il attend de ressusciter. À travers sa soif de plénitude,  inconsciemment, il vit la résurrection sans le savoir.  

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