Guerre d'Algérie : comment la répression aveugle et inefficace de l’armée française fit basculer l’opinion

La IVe République était fragile, les gouvernements instables se suivaient et les problèmes n’étaient pas toujours réglés. L’un des plus importants concernait les colonies françaises où, après l’humiliation de la défaite de 1940, la France avait perdu son prestige et sa légitimité aux yeux des peuples colonisés. En Indochine ou en Algérie de nombreux habitants se révoltaient pour obtenir l’indépendance de leurs pays.

1. La guerre d’Indochine.

Colonisée progressivement à partir de 1859, l’Indochine, composée du Vietnam, du Cambodge et du Laos était le fleuron de l’Empire colonial. En 1945, les Vietnamiens, aidés par la Russie et la Chine, se révoltèrent contre la France. Ce conflit lointain n’intéressait pas les Français qui étaient plus concernés par le boom économique. Le 7 mai 1954, après neuf années de guerre, 100 000 combattants vietnamiens attaquèrent le camp militaire de Diên Biên Phu dans la plaine des Jarres, aux confins du Laos. Installé dans une cuvette cernée de collines, le camp retranché français, construit en terre battue, avait été facilement encerclé. Des collines, il fut bombardé nuit et jour par les Vietnamiens. Pendant cinquante-sept jours de combats acharnés, 15 000 parachutistes et légionnaires français résistèrent désespérément aux assauts. La pluie incessante et la boue rendaient les conditions épouvantables. Le ravitaillement ne se faisait plus que par parachutage. Les points d’appuis qui protégeaient le camp français tombèrent les uns après les autres. Les « paras » du brave colonel Bigeard avaient accompli des prouesses de courage. Ils payèrent le prix fort de ce gigantesque désastre : 3 500 trouvèrent la mort et 5 240 furent blessés. Après la bataille, 11 000 prisonniers français furent enfermés dans des camps où beaucoup moururent de faim, de soif, de paludisme, de la dysenterie et des travaux forcés. Seuls 3 290 reviendront vivants.

Cette catastrophe mettait un point final à la guerre. Les accords de cesser le feu furent signés par le président du Conseil Pierre Mendès France. La France quittait l’Indochine et acceptait l’indépendance du Vietnam, du Laos et du Cambodge.

2. La guerre d’Algérie. 

Colonisée dès 1830, l’Algérie était le seul territoire de peuplement de l’Empire : un million de colons européens, les « Pieds-noirs », y vivaient en 1954 aux côtés de huit millions d’Arabes et de Berbères. Elle était même devenue l’une des plus riches colonies françaises. Mais l’Algérie était traversée par de profondes inégalités. La plupart des musulmans algériens n’avaient pas accès à la citoyenneté française et étaient de plus en plus nombreux à souhaiter l’indépendance. Pour la plupart des Français, l’Algérie, divisée en trois départements, était une partie de la France, et l’idée même d’indépendance leur était insupportable, d’autant plus que les effets positifs de la présence française étaient nombreux : l’amélioration du niveau de vie, le développement de la santé publique, l’éducation des populations, la construction des infrastructures, des routes, des ports et des universités. En 1954, la guerre commença. Au début, elle ne suscita qu’un écho assez faible dans la population algérienne qui restait encore assez favorable à la France. Mais le terrorisme sanglant du Front de libération nationale (FLN), la répression aveugle et inefficace de l’armée française, allait peu à peu faire basculer l’opinion.

Alors que l’armée française était victorieuse sur le terrain militaire et avait repris le contrôle de la situation, la IVe République fut le 13 mai 1958 gravement ébranlée par la crise algérienne. Pour les chefs de l’armée française en Algérie, le général de Gaulle apparut comme le seul sauveur possible ! Redoutant une guerre civile, les dirigeants de la IVe République se rallièrent à leur tour au général. Pour de Gaulle, il était impossible d’intégrer les huit millions de musulmans algériens dans la communauté nationale. Il entendait régler au plus vite le conflit algérien et, le 18 mars 1962, les accords d’Évian reconnaissaient l’indépendance de l’Algérie. Près d’un million de Français d’Algérie, désespérés et s’estimant trahis, fuirent le pays en catastrophe, abandonnant tous leurs biens. Le bilan humain de la guerre était effroyable : 32 000 morts du côté français et 250 000 du côté algérien.

Résumé :

1. La IVe République est incapable de résoudre les graves problèmes que pose le désir d’indépendance des Indochinois et des peuples d’Afrique.

2. Une longue guerre aboutissait à notre départ de l’Indochine, puis de l’Algérie.

3. Sagement nous accordons leur indépendance aux Tunisiens, aux Marocains et aux Africains.

4. En 1958 une crise politique met fin à la IVe République et nous assistons au retour d’un homme providentiel : le général de Gaulle.

Questionnaire :

Pour quelle raison les peuples colonisés se sont-ils révoltés ?

Que sont devenus les 11 000 prisonniers français qui tombèrent entre les mains des Vietnamiens ?

Quels sont les noms des trois pays qui formaient l’ancienne Indochine française ?

Pourquoi la situation de l’Algérie est-elle particulière ?

Combien de temps a duré la guerre d’Algérie ?

Observer l’image page 214 Pourquoi cette femme quitte-t-elle l’Algérie avec sa lourde valise ?

Comment le général de Gaulle a-t-il mis fi n à la guerre d’Algérie ? Quel fut le bilan humain de la guerre d’Algérie ?

Extrait de "Histoire de France, De la Gaule à nos jours", Ernest Lavisse, Dimitri Casali, (Editions Armand Colin), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.