Convocation du Parlement britannique : leçon de démocratie ou coup porté à l'autorité de David Cameron ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Le Parlement britannique a rejeté jeudi l'idée d'une intervention militaire contre la Syrie.
Le Parlement britannique a rejeté jeudi l'idée d'une intervention militaire contre la Syrie.
©Reuters

That is the question

La Chambre des Communes a rejeté jeudi soir, par 285 voix contre 272, une motion présentée par le Premier ministre David Cameron qui défendait le principe d'une intervention militaire en Syrie.

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn est spécialiste de l’histoire politique et économique du Royaume-Uni et proche du monde politique anglo-saxon.

Voir la bio »

Face à l’attaque massive et cruelle du 21 août 2013 dans les faubourgs de Damas, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France se sont concertés, depuis quelques jours, à propos d’une éventuelle frappe militaire contre la Syrie pour sanctionner le régime de Bachar al-Assad. L’utilisation des armes chimiques constitue certes une violation du droit international et un crime contre l’humanité, mais les députés britanniques se sont opposés à toute intervention militaire du Royaume-Uni contre la Syrie.

Jeudi 29 août, le Premier ministre britannique David Cameron a rappelé les parlementaires de vacances pour tenir une session extraordinaire sur la Syrie. A 14h30, David Cameron a prononcé un discours exposant la motion du gouvernement de coalition devant la Chambre des Communes. Il a souligné que l’utilisation des armes chimiques était « moralement inadmissible » et qu’une action militaire devrait être « légale et proportionnée, visant à dissuader l’utilisation des armes chimiques à l’avenir ».

David Cameron a tenté d’obtenir le plus grand consensus sur un sujet concernant les relations internationales. Il a souhaité suivre les étapes qui garantiraient la légitimité d’une attaque. Le Premier ministre a déclaré que la Chambre des Communes déciderait des suites à donner à une attaque qui n’aurait pas lieu sans l’aval des Nations Unies. Son but était de rassembler le Royaume-Uni par-delà les partis politiques. Face au scepticisme national, il a cherché à rassurer les Britanniques, en majorité hostiles à une attaque contre la Syrie avec des missiles de longue portée. Selon un sondage réalisé par You Gov et publié dans le quotidien The Sun, mercredi 28 août, 50% des Britanniques sont hostiles à une attaque contre la Syrie et seuls 25% d’entre eux approuvent une intervention militaire. L’opinion publique a encore présent à l’esprit la déclaration de guerre à l’Irak en mars 2003, pendant le second mandat de Tony Blair et les conséquences tragiques de ce conflit mené avec les Etats-Unis contre le régime de Saddam Hussein que l’on soupçonnait de détenir des armes de destruction massive.

David Cameron a tenu à montrer la différence entre la crise syrienne et la crise irakienne : « Ce n’est pas comme en Irak. Ce que nous voyons en Syrie est complètement différent. Nous n’envahissons pas un pays. Nous ne recherchons pas d’armes chimiques ou biologiques ». Le Royaume-Uni a tiré les leçons du conflit irakien.

En réponse, le chef de l’opposition, Ed Miliband, a expliqué ses réserves sans pour autant exclure une intervention armée. Face à l’opposition d’une grande majorité de députés travaillistes à une intervention militaire, Ed Miliband a proposé un amendement. Il a rappelé les conséquences d’une telle attaque, la nécessité d’avoir des preuves et de tenir compte du vote des Nations Unies. Il a tenté de bloquer un premier vote sur la motion du Premier ministre.  A 15h 30, la Chambre des Lords a tenu un débat et les libéraux-démocrates se sont fait les avocats d’une intervention militaire.

Après 8 heures de débat à la Chambre des Communes, aucune décision n’avait encore été prise. Les députés ont voté à 22h. L’amendement du parti travailliste a été rejeté par 332 voix contre 220 (soit une majorité de 112). A la surprise générale, le gouvernement a été mis en échec par les députés et la motion du gouvernement a été rejetée par 285 voix. Seuls 272 députés ont voté pour une action militaire en Syrie. Le Premier ministre conservateur s’est aussitôt prononcé à la Chambre des Communes et s’est engagé à respecter le vote du Parlement. Ce vote reflète le doute des députés britanniques qui se font l’écho de leurs administrés. Il constitue certes un revers pour le Premier ministre, mais c’est une belle leçon de démocratie.

Face à ce coup de théâtre à la Chambre des Communes, les Etats-Unis qui pensaient pouvoir compter sur le soutien de leur allié britannique s’apprête à une attaque militaire unilatérale contre la Syrie. Le Royaume-Uni a envoyé six avions intercepteurs Typhoon sur sa base militaire d’Akrotiri à Chypre par mesure de précaution en cas d’attaque syrienne. La France a également envoyé un navire militaire en Méditerranée. De son côté, la Russie a envoyé deux navires militaires.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !