Réforme pénale : et encore un arbitrage du gouvernement qui confond la France avec un débat interne du PS<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président de la République s'est prononcé en faveur de la peine de probation défendue par Christiane Taubira.
Le président de la République s'est prononcé en faveur de la peine de probation défendue par Christiane Taubira.
©Reuters

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L'exécutif s'est réuni vendredi matin pour trancher les derniers arbitrages sur la réforme pénale, un texte qui a donné lieu à un clash entre les ministres de l'Intérieur et de la Justice. François Hollande a donné raison à Christiane Taubira en confirmant la création d'une nouvelle peine de "contrainte pénale permettant le contrôle du condamné sans incarcération".

Arnaud Mercier

Arnaud Mercier

Arnaud Mercier est professeur en sciences de l'information et de la communication à l'Institut Français de Presse, à l'université Paris-Panthéon-Assas. Responsable de la Licence information communication de l'IFP et chercheur au CARISM, il est aussi président du site d'information The Conversation France.

Il est l'auteur de La communication politique (CNRS Editions, 2008) et Le journalisme(CNRS Editions, 2009), Médias et opinion publique (CNRS éditions, 2012).

Le journalisme, Arnaud Mercier

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Atlantico : François Hollande s'est prononcé en faveur de la peine de probation défendue par Christiane Taubira. Est-ce que cette décision a été influencée par les menaces de la ministre de la Justice de quitter le gouvernement ?

Arnaud Mercier : Il est impossible d’affirmer que cette décision a été influencée. Cependant, ce n’est pas tant la menace de démission en soi que les arguments qui l’accompagnent qui ont fait pencher la balance. François Hollande ne voulait pas prendre le risque d'apparaître trop en décalage par rapport à ses promesses électorales. C'est sa crédibilité qui était en jeu. La démission fracassante d’un ministre qui se sent obligé de partir car il juge que le gouvernement n’accomplit pas ses promesses pose un gros problème. 

Christiane Taubira n'est pas un poids politique majeur malgré son combat en faveur de mariage pour tous. Elle n'est d'ailleurs pas encartée au Parti socialiste. Ce n’est donc pas le poids politique institutionnel de Taubira qui fait hésiter François Hollande, mais les arguments qu'elle pourrait avancer.

Qu’est-ce que François Hollande et la majorité avaient à gagner ou à perdre en arbitrant en faveur de Manuel Valls ou de Christiane Taubira ?

En choisissant Christiane Taubira, il prend le risque d’accréditer la thèse défendue par la droite depuis 20 ans qui prévaut que les socialistes sont laxistes en matière de sécurité. Et dans le même temps d’accréditer cette thèse dans une partie de l’électorat populaire, et de braquer cet électorat qui est souvent plus conservateur en matière de politique sécuritaire que ne le sont les élus de gauche. Le gouvernement a intérêt à bien expliquer ses choix, et à être crédible sur l’idée que c’est une peine de substitution, mais une peine quand même. Avec cette décision, François Hollande gagne à être conforme à certaines promesses, sachant que le gouvernement est  régulièrement accusé de ne pas les tenir. Il tente également de résoudre le problème de la surpopulation carcéral. Un enjeu que la droite n’a pas réussi à régler non plus.  

Si la décision avait été portée en faveur de Manuel Valls, elle aurait coupé l’herbe sous le pied à toutes les critiques sur la politique laxiste de gauche. En même temps, c’était prendre le risque d’être accusé de politique droitière. Une partie des militants de gauche dénonce les positions droitières du ministre de l’Intérieur.

Est-ce que c’est un message envoyé à son électorat le plus à gauche ?

Oui. Si la balance penchait trop en faveur des thèses dures de Valls, c’était s'exposer à la possibilité de se brouiller avec une partie des militants et élus des autres partis de gauche. C’est un gage donné à ses partenaires politiques qu’il reste marqué par des valeurs de gauche. Ce genre de décision ouvrira des contestations des deux côtés, personne n’y prendra complètement satisfaction. La lutte contre l’insécurité, réalisée par des gouvernements de droite et de gauche, prouve que les idées simples et les solutions faciles n’existent pas.

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