La botte secrète des riches : une étude le montre, plus vous pensez que vous méritez plus que les autres, plus vous l’obtenez<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon l'étude du psychologue Paul K. Piff de l'Université de Californie, plus vous appartenez à une classe aisée, plus vous développez votre narcissisme.
Selon l'étude du psychologue Paul K. Piff de l'Université de Californie, plus vous appartenez à une classe aisée, plus vous développez votre narcissisme.
©Flickr

Le fric, c'est chic

Par le biais de travaux de l’Université de Californie, basée à Berkeley, le psychologue Paul K. Piff établit plus que jamais le lien entre le narcissisme et la réussite.

Certains préjugés ont la dent dure… et se confirment par des études scientifiques. Bien que les travaux du psychologue Paul K. Piff portent sur la société américaine, ils peuvent être transposés à l’ensemble de la planète, le narcissisme n’ayant pas de frontière. Comme l’indique le psychologue, "les Américains peuvent être plus narcissiques que jamais". Mais cet amour de soi ne se développe pas de la même manière en fonction des différentes couches sociales. Pour lui, plus la classe sociale est élevée, plus elle est associée à un narcissisme exacerbé.

Pour confirmer ce cliché, Paul K. Piff a étudié quatre cas. Les voici dans l’ordre de son étude, comme le rapporte le site Business Insider.

Premièrement, le psychologue a sélectionné deux groupes de 100 adultes, puis il leur a demandé de remplir un questionnaire pour mesurer à quel(s) point(s) ils se sentaient plus méritants que d’autres. Après cela, il leur a demandé de se situer sur une échelle allant jusqu’à 10, par rapport à aux niveaux de revenus, d’éducation et de prestige professionnel. Conclusion, a priori évidente : plus les gens sont riches, en particulier ceux dont les parents sont très instruits, plus ils sont susceptibles de penser qu’ils méritent plus que d’autres. Combinée avec l’échelle de valeur, plus les gens sont fortunés, plus on leur devrait - dans le sens "j’ai le droit à/de.. ".

Le deuxième test, appelé le "Moi par rapport aux autres", devait prouver comment les individus se percevaient par rapport à autrui. Ils devaient choisir entre sept séries de quatre cercles, avec le mot "Moi" dans quatre cercles, et le mot "Autre" dans trois autres. Puis, ils ont dû répondre à une série de quarante questions, avec à chaque fois une réponse admise sur deux possibilités, concernant l'image qu'ils avaient d'eux-mêmes. Enfin, ces "cobayes" ont dû énumérer leur niveau de revenus. Conclusion : plus les individus appartiennent aux classes supérieures, plus leur narcissisme augmente, dû en partie au sentiment puissant qu’ils "y ont droit". Là encore, le résultat n’est guère surprenant.

Nous arrivons au troisième test du psychologue Piff. Les individus devaient cette fois-ci répondre à une série de questions concernant leur éducation financière. En quittant la salle du test, ils ont été invités à poser pour une photo (pour un autre test). Le personnel faisant passer le test leur indiquait (au passage) qu’un miroir se trouvait dans le couloir, auquel cas il pourrait toujours jeter un coup d’œil avant la prise du cliché. Résultat : plus de 60% des participants ont utilisé la glace. Une fois de plus, la conclusion n'est pas surprenante : plus les gens étaient de classes supérieure, plus ils se regardaient… Miroir mon beau miroir, suis-je toujours le meilleur, le plus fort, le plus beau et le plus riche ?

Le dernier test concernait les valeurs égalitaires. Le résultat est une nouvelle fois sans surprise : les gens qui ont pensé à des choses ou des valeurs égalitaires avaient des revenus inférieurs aux personnes concentrées sur leur nombril, et aux revenus plus conséquents.

Si le résultat n’est donc pas surprenant, il a permis de mettre en valeur pour le psychologue Paul K. Piff sa théorie via son étude : plus vous appartenez à une classe supérieure, plus votre narcissisme est développé. Le plus instruit, le plus riche, le mieux élevé (quoique), mais peut-être pas le plus intelligent finalement, selon cette étude.

Atlantico : Comment expliquer ce lien entre les classes sociales élevées, et surtout argentées, et le narcissisme ?

Sylviane Barthe-Liberge : L’argent est au cœur de nos sociétés contemporaines, inscrivant la personne dans une culture, mais aussi une histoire familiale. La façon, dont il est géré et perçu, signe un trait de notre personnalité. Les personnes riches associent en général l’argent à une notion de pouvoir sexuel, de haute estime de soi, ou encore de valorisation affective.

Etre riche ou pauvre peut-il réellement modifier notre personnalité ?

Etre riche signifie être respecté et aimé, à l’abri du besoin, accepté et reconnu. La richesse sous-tend des fantasmes grandioses, des ambitions audacieuses qui forcent le respect, l’admiration. Un statut qui facilite les amitiés, voire les amours.

Dans les fantasmes archétypaux, l’argent permettrait même d’acheter l’immortalité. D’où ce fort sentiment de puissance et de supériorité sur les « autres ». Le fait d’être riche octroierait des droits privilégiés par rapport au commun des mortels. Ce qui alimente considérablement le narcissisme individuel.

Que révèle ce narcissisme de condition des gens qu’il caractérise ?

L’argent révèle ainsi notre besoin de briller, de redorer notre égo. Mais il révèle aussi que les personnes, qui ont de l’argent, ont peur de perdre ce statut privilégié (voire de devenir un sans-abri). Elles vont donc se concentrer sur elles-mêmes afin de maintenir leur statut. La richesse est alors la seule police d’assurance qui garantie la survie face à cette peur. Et cette obsession laisse rarement la place à l’altruisme.

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