Manque d'opportunités ou manque d'envie : est-il plus difficile pour une femme d'entreprendre ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le diable s'habille en Prada.
Le diable s'habille en Prada.
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Inégalité ?

L'entrepreneuriat au féminin reste un phénomène si rare que trois ministres femmes, Najat Vallaud-Belkacem, Geneviève Fioraso et Fleur Pellerin, ont présenté un plan de sensibilisation à ce propos. Mais le principal défi reste l'évolution des mœurs.

Eva Escandon

Eva Escandon

Eva Escandon est présidente nationale de l'association Femmes chefs d'entreprises.

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Atlantico : Trois ministres, Najat Vallaud-Belkacem, Geneviève Fioraso et Fleur Pellerin ont présenté un plan de sensibilisation à l’entrepreneuriat féminin. Actuellement, seuls 30% des créations d'entreprises sont faits par des femmes. Comment expliquer des chiffres si faibles ? Est-ce plus difficile de créer une entreprise quand on est une femme ?

Eva Escandon : 30 %, c'est effectivement peu surtout quand on sait que ce chiffre est très variable suivant le type d'activité. Dans l'industrie par exemple, nous sommes plus près des 10 % que des 30% qui constituent la moyenne des secteurs.

Et de même plus l'entreprise est importante moins il y a de femme chef d'entreprise. Je pense que ce chiffre s'explique par différents points : 

  • Le poids des charges qui pèsent encore en majorité sur la femme, la difficile conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée restent encore un véritable frein à la prise de responsabilité des femmes (les dernières statistiques de l'Insee restent inexorablement et désespérément les même : 80% des tâches ménagères sont encore effectués par les femmes.

  • Le poids financier : À ce jour, les établissements bancaires offrent moins leur concours aux femmes, même s'ils donnent comme explication qu'ils reçoivent moins de dossiers provenant de la gente féminine. Certains témoignages sont encore très étonnants et démontrent que l'on fait moins confiance à une femme en lui demandant l'avis, la présence et l'accord du mari sur le projet, etc.

Quelles sont les différentes étapes à franchir, professionnelles et personnelles ?

Les étapes à franchir sont culturelles, les femmes n'ont pas toujours confiance en leur pleine capacité à pouvoir assumer et il semblerait qu'elles prennent moins de risques, ce qui explique que leurs projets sont des entreprises plus petites.Les schémas mentaux traditionnels sur les rôles des sexes dans la société sont encore, quoiqu'on en dise, très présents.

Au niveau personnel, les femmes doivent également accepter de ne pas pouvoir tout faire et apprendre à déléguer dans la sphère privée. Les hommes doivent prendre plus leur part dans la sphère privée afin que la femme puisse prendre plus de place dans la sphère publique par un meilleur partage des tâches dans le couple. Cela implique aussi que les femmes doivent laisser également " leurs privilèges" de confort.

Le plan prévoit de sensibiliser les jeunes filles, dès l'école, au monde de l’entrepreneuriat. Aujourd'hui encore, les femmes sont-elles réticentes à innover à cause d'un certain schéma social ? Comment faire évoluer les mœurs à ce sujet ?

L'une des réponses pour développer l'entrepreneuriat est bien entendu l'école. Sensibiliser dès le plus jeune âge est absolument nécessaire et on en revient à la question de l'exemple précédent. La sensibilisation à l'égalité femme/homme doit également se développer à l'école.

Il faut montrer que c'est possible et ouvrir le champ des possibilités. Les études qui ont été faites ont démontré que lorsque l'on interroge des jeunes filles et garçon sur les métiers possibles, les garçons ont un panel de possible beaucoup plus large que les filles... 

L'enfant et la maternité posent souvent problème dans la carrière d'une femme. Peut-on être une mère présente et « une » chef d'entreprise ? Quels sont les exemples de femmes qui ont su allier les deux casquettes ?

En fait, entreprendre est peut-être, contrairement aux idées reçues, une façon plus simple de concilier nos différentes vies. Il est vrai qu'un chef d'entreprise travaille beaucoup et la disponibilité est essentielle, et encore plus au moment de la création. Cependant, être son propre patron a quelques avantages notamment en terme d'organisation de son emploi du temps (beaucoup plus facile que lorsqu'on est salarié et que l'on ne choisit pas ses horaires et ses contraintes). 

Je pense qu'il est parfaitement possible de concilier les différentes casquettes mais l'une des conditions est d'avoir un compagnon impliqué dans la vie privée et qui partage les tâches - les épouses ne travaillant pas ont toujours été une aide précieuse pour leurs époux chefs d'entreprises. Le contraire est également vrai et un partage plus équitable dans la vie privée très important pour la réussite de la carrière d'une femme.

Pour terminer, il ne faut pas oublier que l'entrepreneuriat au féminin est un véritable vivier de développement de l'entrepreneuriat au sens large, travailler à son développement est essentiel quand on veut développer la création d'entreprise dans un pays comme le notre.

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