Zemmour, Ménard, Lévy et Cohen, ces hérétiques !<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Zemmour, Ménard, Lévy et Cohen, ces hérétiques !
©

Pensée inique

Accusés d'être réactionnaires, populistes, voire fascistes, Eric Zemmour, Elisabeth Lévy, Robert Ménard et Philippe Cohen sont actuellement les cibles favorites du petit milieu journalistique. L'écrivain et journaliste Dominique Jamet défend ces mousquetaires médiatiques.

Dominique Jamet

Dominique Jamet

Dominique Jamet est journaliste et écrivain français.

Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.

Parmi eux : Un traître (Flammarion, 2008), Le Roi est mort, vive la République (Balland, 2009) et Jean-Jaurès, le rêve et l'action (Bayard, 2009)

Voir la bio »

L’heure est grave. Jean Daniel délaisse les hauteurs stratosphériques où il dialogue d’ordinaire avec les grands hommes ses pairs, les grands aigles ses familiers et les grandes idées ses compagnes pour s’inquiéter de ce qui se passe ici-bas, maintenant, et fulminer une bulle d’excommunication.

Jean-François Kahn s’accuse d’avoir réchauffé dans son sein les serpents qui sifflent à présent sur nos têtes et publie un bref (vingt-sept feuillets en version abrégée) déclarant hérétiques et relaps ses anciens petits protégés.

Laurent Joffrin renouvelle l’assurance de son indéfectible attachement aux grands principes qui fondent notre démocratie. Pascale Clark se départ de son habituelle impartialité et de sa légendaire urbanité. Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur, L’Express, Le Point, Le Canard enchaîné, Charlie hebdo, France Inter décrètent la mobilisation générale, l’état de danger de guerre et proclament l’Aphatie en danger.

Au bûcher, les Zemmour, Lévy, Ménard et Cohen !

Eric Zemmour, Elisabeth Lévy, Robert Ménard, Philippe Cohen… Ils sont quatre, comme les trois mousquetaires, autour desquels on fait du bruit comme s’ils étaient quatre cents, quatre qui disposent ici d’une chronique, là d’une tribune, ailleurs d’une carte permanente d’invitation, quatre qui depuis quelque temps, régulièrement bien que marginalement, ont accès aux tables de jeu du grand casino médiatique et qui profitent de ce qu’ils ont – provisoirement ? – conquis le droit à la parole pour ne pas tenir le discours qu’il faut et même, selon leurs détracteurs, pour murmurer le discours qu’il ne faut pas. 

Quatre qui disent haut et fort devant les micros et les caméras ce que des millions de Français privés qui n’ont droit qu’au silence, aux sarcasmes des gens comme il faut et, une fois tous les deux ou trois ans, à glisser dans les urnes un bulletin de vote, désespéraient de lire un jour dans la presse, d’entendre à la radio ou à la télévision.

Ces quatre-là, chacun à sa manière, avec son style propre, avec son tempérament, sont les porte-parole de ce peuple qui souffre dans sa vie quotidienne et craint pour son identité. Populistes. Ils disent leur attachement à la nation, à son histoire, à sa langue, à sa culture. Réactionnaires. Ils s’insurgent contre la société inégalitaire et injuste qu’au nom du libéralisme, sous l’égide des Etats-Unis et des grandes organisations internationales nous ont construite des oligarques et des banquiers. Réactionnaires. Ils affirment que l’afflux mal contrôlé de populations dont la religion, les coutumes, les valeurs ne sont pas toujours en phase avec les nôtres, que leur concentration dans des conditions socialement et humainement indignes pose quelques problèmes de cohabitation, d’ordre public et de civilisation. Fascistes. Ils professent que ce n’est pas en censurant une opinion ou en bâillonnant une idée qu’on les fait disparaître. Négationnistes…

L'inquisition médiatique à l'œuvre

Car il a suffi de cette modeste brèche dans le mur des certitudes, de cette faille dans l’habituel ronron des membres du cercle de la raison, de cette soudaine irruption du parler-vrai dans le monde ouaté du politiquement correct pour qu’on dénonce de toutes parts dans ces quatre insolents les nouveaux tsars des médias, pour que les « grandes signatures » et tous les petits conformistes qui naviguent dans leur sillage prétendent que le drapeau noir flottait désormais sur la marmite médiatique.

Ceux qui n’occupent le devant de la scène que depuis trente à cinquante ans, et dont certains ont le culot de souhaiter platoniquement de temps à autre un renouvellement de la distribution, demandent désormais, en attendant de l’exiger, la mise à l’index, prélude de la mise à l’écart des nouveaux venus.  

On a vu une rédaction citer à son tribunal l’un de ses collaborateurs (Cohen) coupable de n’avoir pas traité comme il le fallait (mal) Marine Le Pen et le sommer d’abjurer son erreur ou de dégager. On a vu un présentateur, à l’antenne, semoncer, désavouer et inviter à ne plus y revenir un journaliste (Ménard) qui, dans sa tribune officiellement libre, avait dit son désaccord avec l’abolition de la peine de mort.

Un tribunal a condamné, certes symboliquement, mais bel et bien condamné un polémiste (Zemmour) qui n’avait pas craint de rappeler une évidence connue et vérifiée, qu’il y a une surreprésentation de certaines catégories de la population devant les tribunaux et dans les prisons et que cela n’est pas sans influer sur le comportement de la police. Or, chose inouïe, non seulement l’ensemble de la profession ne s’est pas solidarisé avec le confrère condamné pour cet étrange et tout nouveau délit d’expression, mais l’on a vu des journalistes, ou supposés tels, regretter qu’un autre journaliste n’ait pas été plus sévèrement puni.

Les choses sont claires. Taïaut, taïaut ! La chasse aux sorcières est ouverte. La mauvaise herbe s’est mêlée au gazon si bien tenu. Si l’on n’y veille pas, elle pourrait bien proliférer. Il est urgent de l’éradiquer. Il y a des limites à la tolérance, et ces limites se confondent précisément avec celles de l’opinion dominante, qui seule à a vocation à être autorisée. Où irait-on, je vous le demande, si chacun était admis à dire ce qu’il pense et si quelques voix discordantes troublaient l’unisson de ceux qui ont le monopole du chœur ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !