Journées d'été d'EELV : pourquoi les verts sont-ils incapables de se trouver un chef ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Cécile Duflot.
Cécile Duflot.
©Reuters

Des vertes et des pas mûres

Alors que débutent les journées d'Europe Ecologie Les Verts, les dissensions internes du parti semblent toujours d'actualité. Si bien que le choix d'un chef qui convienne à tous semble impossible.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Une fois de plus, les universités d’été du parti Europe Ecologie Les Verts s’ouvrent sur fond de discorde et de débats internes. A l’heure où pourtant la croissance durable est plus que jamais nécessaire et recherchée, l’écologie a-t-elle choisie le bon parti ?

EELV, un parti sans chef

Si bien sur il existe toujours des courants de pensées et des débats d’idées au sein des organisations politiques (débats que les partis considèrent comme sains et démocratiques lorsqu’ils ne réussissent pas à les faire converger), EELV en a fait comme une marque de fabrique. Une marque qui au lieu de le distinguer finit pas créer confusion et illisibilité permanente.

Un parti de guerre des chefs et d’egos qui paradoxalement en manque, de chef véritable, et surtout pérenne. Mitterrand a régné sur le PS (Hollande n’est pas un leader naturel), Chirac sur le RPR, Sarkozy sur l’UMP (même absent), Le Pen sur le FN de père en fille, Bayrou incarne le Modem (les mauvaises langues diront que l’inverse est également vrai), le PC a toujours eu du mal à retrouver le surréaliste leadership d’un Marchais … avant d’en retrouver la gouaille dans un non moins surréaliste Mélenchon pour le Front de gauche, Besancenot a marqué par son talent d’orateur un parti dont le nom est plus compliqué à retenir que celui de son leader médiatique, Laguiller avec ses 6 candidatures présidentielles (le record) et son fameux « travailleuses travailleurs » incarne définitivement Lutte Ouvrière, Borloo ce qui existe de l’UDI … Qui, objectivement, et comparativement à ces autres partis politiques, incarne, lead, porte, fait briller EELV ? Pour faire porter leur voix et leurs causes les organisations humaines se doivent d’être incarnées et dirigées, même celles qui revendiquent collégialité et égalitarisme (même si in fine c’est l’individualisme qui règne). Finalement, le meilleur score d’EELV a été obtenu lors des Européennes de 2009 (16,3%) lorsque (en partie à son corps défendant comme toujours), il était incarné par un certain … Daniel Cohn Bendit !

Un parti sans leader et un parti aliéné (ce qui est peut-être corrélé)

Aliéné au PS bien entendu. Ce qui d’une part colorie idéologiquement l’écologie politique qui ne peut être que de gauche, et donc nécessairement clivante, excluante et irritante pour ceux sensibles à l’environnement qui ne se retrouvent pas dans ce monopole idéologique autoproclamé. D’autre part, une aliénation qui en fait un parti sans prétentions … enfin, sans doute un parti de prétentieux, mais sans prétention de gouverner. La seule dernière campagne présidentielle en a fait la démonstration flagrante avec une candidate sans soutien de son parti davantage occupé à négocier des places en misant sur un autre cheval (selon la formule). Nicolas Hulot sans se présenter en 2007 aura finalement eu plus de poids qu’Eva Joly en 2012. Résultat : 2,31%, un discrédit du parti et de la cause qu’il serait censé incarner, et une condamnation à négocier, sans armes, des strapontins. EELV ne voulait pas gagner l’élection, ce qui n’est pas le moindre des désaveux pour un parti politique. C’est libre et autonome qu’EELV peut exister, pour défendre l’écologie et sa vision d’une croissance raisonnée. Faute de vouloir gouverner, EELV ne peut présenter de modèle alternatif global et se condamne à ne pouvoir peser que par de lugubres négociations d’arrière cour. Dépendance et non indépendance.

Un parti dépossédé

Dépossédé de sa cause, de sa raison d’être, de son crédo. Aujourd’hui tout le monde pense (à défaut d’agir) écologie, environnement, changement de paradigme. Parce que l’écologie est en train de basculer, passant de contrainte à solution, mais également parce que la pédagogie et le réveil environnemental a sonné. Il est dès lors difficile pour une partie de ceux qui estiment avoir tiré le signal d’alarme d’abandonner la paternité de la cause quand de nouveaux convertis se montrent parfois plus zélés qu’eux, alors qu’ils sont pour les premiers bien moins légitimes. C’est là un paradoxe bien difficile à vivre que de se consacrer à évangéliser et ensuite de subir la diffusion et l’appropriation par le plus grand nombre. D’une certaine manière, le parti de l’écologie pourrait être une sorte de parti éphémère, sur quelques décennies quand même, visant à alerter, aiguiller et rendre l’écologie politiquement compatible avec les partis de gouvernement. Le temps de rendre l’écologie soluble.

Aujourd’hui, l’expertise écologique n’est pas celle du pourquoi mais du comment. Le discours, à l’instar des dernières déclarations et tribunes, est encore trop de l’ordre de l’intention et de l’explication, souvent présentée à travers des "révélations" de ce que tout le monde sait déjà depuis longtemps. La valeur ajoutée d’un parti EELV est celle d’un parti d’experts, libres et déterminés à faire progresser les solutions plutôt que les revendications, le taux d’écologie dans le développement plutôt que le taux d’écologie dans le gouvernement.

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