Pourquoi nous sommes inégaux face à la mémoire ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La mémoire est différente selon les personnes, c’est une sorte de don séparé du reste.
La mémoire est différente selon les personnes, c’est une sorte de don séparé du reste.
©Reuters

Euh...

De l'hypermnésie, suractivité du cerveau qui permet une mémoire exceptionnelle, à l'amnésie, tous les humains ne sont pas égaux face à la mémoire. Et les raisons qui expliquent ce phénomène sont multiples.

Michel Dib

Michel Dib

Michel Dib est neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière depuis plus de vingt ans. Membre de la Société Française de Neurologie, il est auteur de plusieurs ouvrages scientifiques et destinés au grand public, notamment Apprivoiser la migraine aux Editions du Huitième Jour.

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Atlantico : Certains se souviennent parfaitement des faits, d’autres pas du tout. Comment expliquer l’inégalité face à la mémoire ? La science peut-elle justifier ces disparités ?

Michel Dib : Il n’y a pas d’explication analytique. On peut mémoriser des process ou des raisonnements. La mémoire est une forme d’intelligence sensorielle. On mémorise des processus qui permettent d’arriver à des conclusions. Il y a plusieurs types d’intelligence : l’intelligence intuitive ou encore l’intelligence sensorielle. Certains oublient rapidement, d’autres se souviennent pas ou peu de ce qu’ils apprennent, c’est ainsi. La science ne peut pas expliquer ces disparités.

Avons-nous différents types de mémoire ? Si oui, certaines mémoires sont-elles plus "efficaces" que d'autres ?

La mémoire est différente selon les personnes, c’est une sorte de don séparé du reste. On peut dire que certains ont une meilleure mémoire que d’autres. Par exemple, certains ont une mémoire sensorielle et perçoivent parfaitement les sens. D’autres mémorisent davantage les dates, les mots.

Nous avons des types de mémoires différents. Le raisonnement est une intelligence logique. Certains se rappellent de faits par rapport à une situation donnée même des années après, grâce à leur raisonnement. Il y aussi la mémoire verbale portée sur la bonne mémorisation du vocabulaire, sur le langage. Enfin, il y a la mémoire spatiale qui porte plutôt sur les sens, le visuel. Elle permet notamment de se repérer dans l’espace.

Certains ont la vision plus développée que le lobe temporal. Cela pourrait expliquer qu’ils se souviennent mieux de ce qu’ils ont vu que de ce qu’ils ont entendu mais n’expliquerait pas les inégalités face à la mémoire.

La mémoire varie-t-elle en fonction de l’âge, du sexe ou encore de l'activité ? Existe t-il un âge d'efficacité mnésique maximale ? La mémoire peut-elle être saturée ? Y a-t-il une « loi de l’oubli » ?

C'est à 20 ans qu'on a le plus de mémoire. Jusqu'à 30-40 ans, les capacités de mémorisation sont optimales. Ensuite, elles se dégradent avec l’atrophie cérébrale lente et progressive. Il y a aussi le fait qu’avec l’âge, on cumule plus de souvenirs. Certains se rappellent davantage des mots, des faits. D’autres mémorisent mieux les process, les compétences.

Les hommes et les femmes ne sont pas inégaux face à la mémoire mais ils ont des types de mémorisation différents. Chez les femmes, l’intelligence est émotionnelle et tournée davantage sur les processus que sur les faits.

Oui, malheureusement, avec l'âge l'apprentissage est plus lent, plus difficile. L’oubli devient fréquent, ce qui est impossible à 20 ans et d'une certaine manière la fonction mémorielle est saturée.

Propos recueillis par Karen Holcman

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