Ralentissement aux Etats-Unis, nouvelle crise en Europe... ces scénarios noirs qui menacent l’économie mondiale à la rentrée <!-- --> | Atlantico.fr
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Image extraite du film d'horreur "Les oiseaux".
Image extraite du film d'horreur "Les oiseaux".
©Flickr

Decod'Eco

Si la rentrée est toujours un moment difficile pour les écoliers, elle se s'annonce pas non plus comme une période agréable pour l'économie. Qu'il s'agisse de la politique monétaire américaine ou de la fragilité du système bancaire européen, les catastrophes potentielles sont nombreuses.

Cécile  Chevré

Cécile Chevré

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’Institut national des techniques de documentation (INTD). Elle rédige chaque jour la Quotidienne d'Agora, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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La Fed prépare les marchés... à l'inaction

La période estivale n'a pas été perdue pour tout le monde. La Fed en a profité pour lancer divers ballons d'essai sur ce que la presse anglo-saxonne a qualifié du doux de nom de "taper", à savoir le ralentissement progressif de ses mesures de soutien à l'économie et surtout du fameux quantitative easing (planche à billets, ndlr).

Jusqu'à présent, la Fed rachetait pour 85 milliards de dollars par mois de bons du Trésor et d'actifs toxiques pour soulager marché obligataire et banques. Mais une telle politique n'a pas que des avantages, certains la considérant même comme totalement inutile voire contreproductive. Si bien que la Fed aimerait un jour ou l'autre y mettre fin, craignant à moyen terme que ces milliards imprimés ne lui reviennent sous forme d'inflation incontrôlable. A chaque fois que cette hypothèse a été évoquée par l'un ou l'autre membre de la Fed, l'effet a été immédiat : les Bourses ont chuté et les rendements obligataires ont grimpé, signe que les marchés n'appréciaient pas du tout cette perspective.

La Fed est d'autant plus prudente qu'elle ne veut en aucun cas provoquer une remontée brutale des taux obligataires... et provoquer un krach du même nom. La banque centrale américaine tente donc de mithridatiser les marchés en leur injectant régulièrement des déclarations sur le ralentissement du QE, espérant qu'ils finiront par se faire à l'idée.

La dernière injection date de mi-août. Le président de la Fed d'Atlanta, Dennis Lockhart, a évoqué réduction des achats (de 10 milliards de dollars) dès septembre prochain. Des propos immédiatement tempérés par un rappel de la ligne directrice de la Fed : tant que le chômage restera important (il a atteint 7,4% en juillet contre 7,6% en juin) et la croissance anémique (1,7% au second trimestre), la Fed poursuivra sa politique. Ce qui laisse une bonne marge de manoeuvre à Ben Bernanke.

Ce qu’il faut retenir : pendant longtemps, tout arrêt du QE semblait impossible... aujourd'hui, la question a (très) légèrement évolué car la Fed semble bien décidée à passer par la case "taper" pour prouver au monde qu'elle n'est ni laxiste ni suicidaire.

Un ralentissement en septembre est donc probable. Un ralentissement qui sera progressif pour prendre la température des marchés. Quant à l'arrêt du QE et une remontée des taux directeurs de la Fed, ils semblent toujours aussi improbables. La Fed va se fixer un échéancier mais celui-ci a de grandes chances d'être remis en cause par les données économiques (croissance et chômage).

L'Europe se prépare à une nouvelle crise

La crise de l'euro s'est mise en sommeil au cours des dernières semaines. Une apathie confortée par les chiffres de la croissance européenne. Selon Eurostat, la zone euro est enfin sortie de la dépression avec une croissance de +0,3% au 2e trimestre, contre -0,3% au 1er. En attendant, nombre de pays restent en récession (Italie, Grèce, Espagne, Chypre mais aussi les Pays-Bas et la Suède) et surtout les ferments de la crise de l'euro sont toujours présents.

L'état des banques européennes inquiète toujours. "L'Europe reste à la merci de ses banques", titrait Le Monde le 9 août dernier, résumant bien la situation. Au passage, signalons que les Echos, pris d'une inquiétante bouffée d'optimisme, annonçaient "Les grandes banques européennes sortent du long tunnel de la crise" le 13 août.

Qui croire ? Malheureusement, sans aucun doute, les pessimistes. Les banques européennes sont les plus dangereuses au monde (en utilisant comme critère la taille de leurs fonds propres par rapport au total de leurs actifs).Les Echos soulignent que ce ratio s'améliore. Certes. Mais nous sommes encore très loin des niveaux demandés par Bâle III et ce d'autant plus que le calcul des risques sur lequel repose ce ratio a tendance à très nettement sous-estimer le risque représenté par les dettes souveraines détenues par les banques. Or les établissements bancaires européens en sont littéralement gavés. Je vous renvoie à un article consacré au sujet.

Les banques européennes sont donc toujours des grenades sur le point d'être dégoupillées : "Espagne: les créances douteuses des banques atteignent un nouveau record", titrait cette semaine l'Expansion. "Les créances toxiques des banques en Espagne représentent 11,61% du total des crédits en juin. Le pays n'est toujours pas remis de l'éclatement de la bulle immobilière de 2008". Fin juillet, Standard & Poor's a abaissé la note de 18 banques italiennes. Et ce n'est pas fini, "Les difficultés bien dissimulées des banques publiques allemandes", annonçait La Tribune en juillet. Ou encore : "Le FMI pointe les forces et les faiblesses des banques françaises", selon BFMTV.com alors que Les Echos titraient le 7 août "Solvabilité et liquidité : les banques françaises encore sous pression".

Ce qu’il faut retenir : Alors que la Grèce va de nouveau avoir besoin de l'aide financière de la zone euro (il lui manquerait 11 milliards d'euros jusqu'à fin 2014), que l'Allemagne s'apprête à voter et que le cas grec est au cœur de la campagne électorale, les tensions pourraient reprendre de plus belle dans les semaines qui viennent. On peut s’attendre à voir refleurir la crise de l'euro en une des journaux. Verrons-nous enfin les indispensables réformes du système bancaire européen, de la BCE et de l'euro ? A suivre...

Les métaux précieux se préparent-ils à une nouvelle chute ?

L'or est au plus haut depuis 2 mois (+15% depuis fin juin) mais une nouvelle chute pourrait se préparer. Cela s'explique par le probable ralentissement du QE en septembre qui dissiperait un peu les menaces inflationnistes et donc pénaliserait l'or ; ainsi que par la nouvelle remontée des droits de douane sur l'or en Inde, gros consommateur d'or de bijouterie.

Qui plus est, nous ne sommes pas à l'abri d'un grand sell-off tel que celui observé au printemps dernier. Sur le fond, une plongée de l’or vers les 1 000 $ obligerait les mines à revoir leur production et surtout accélérerait le passage de l'or des mains faibles (les investisseurs qui spéculent sur le court terme) vers les mains fortes (haussières pour le moyen/long terme). Un scénario idéal pour une reprise de la progression de l'once d'or et ce d'autant plus que l'Asie est toujours à l'achat.

"Les Occidentaux vendent leur or, les Asiatiques se ruent dessus", titrait Le Monde lundi. "Pour la Chine, le Conseil mondial de l'or observe que les investisseurs ont trouvé dans la joaillerie et les lingots l'antidote au "rendement peu performant des marchés boursiers, aux craintes persistantes d'une crise domestique du crédit et au ralentissement de la croissance". C'est-à-dire les mêmes motivations qui avaient poussé les émules de MM. Paulson et Soros à miser sur l'or pendant des années..."

"Les oscillations du métal signalent un surprenant retour de balancier : la confiance qui renaît en Occident y démonétise – au sens propre – l'or que réclame à cor et à cri une Asie inquiète".

Ce qu’il faut retenir : pour le court terme, une chute vers les 1 000 $ est encore probable. Puis une reprise de la tendance haussière en fin d'année ou début d'année prochaine. En ligne de mire : 2 000 $ pour (fin) 2014.

Pour terminer, post-scriptum sur la croissance européenne : pas sûr qu'elle se maintienne aux prochains trimestres mais force est de constater que des modifications et des adaptations en profondeur sont en cours. [Depuis quelques mois déjà, nous nous efforçons dans la Quotidienne de traquer les valeurs européennes prometteuses, celles qui résistent à la crise de l'euro et qui ont un bel avenir : inscrivez-vous gratuitement à La Quotidienne pour profiter vous aussi de ces précieuses informations...]

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