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"Les dividendes ne servent pas 
qu'à enrichir les millionnaires"
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Prime de 1 000 euros

En déplacement à Charleville-Mézières ce mardi, Nicolas Sarkozy a réaffirmé la volonté du gouvernement d'allouer aux salariés une prime de 1 000 euros que devraient verser les entreprises qui distribuent des dividendes. Pour le président de Croissance Plus, association professionnelle d’entrepreneurs qui fédère les dirigeants d’entreprises en forte croissance, Frédéric Bedin, cette prime est un coup de com'.

Frédéric Bedin

Frédéric Bedin

Frédéric Bedin est le président de CroissancePlus.

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Atlantico : Considérez-vous la proposition du gouvernement d'une prime de 1 000 euros versée aux salariés par les entreprises qui distribuent des dividendes comme sérieuse et réalisable ?

Frédéric Bedin : Une entreprise qui fait de gros bénéfices et distribue de gros dividendes doit en partager une partie avec ses salariés d’une manière ou d’une autre. Cela fait d’ailleurs partie des critères pour adhérer à Croissance Plus : partager avec ses collaborateurs très au delà des obligations légales. Nous ne pouvons donc qu’être d’accords.

Mais comment partager ? Partager de façon obligatoire sous forme d’une prime d’un montant égal pour tout le monde, cela ne me parait pas le bon moyen de donner envie aux entrepreneurs d’investir en France. C’est une vision étatiste et très simpliste de la question. Pourquoi ? Parce-que certaines entreprises vont vouloir partager en donnant, qui des stocks options, qui des actions gratuites, qui des primes en salaires ou d’autres avantages, en fonction du business modèle de l’entreprise.

Nous sommes donc d'accords pour partager avec les collaborateurs quand il y a des dividendes ou des plus values mais refusons que cela se fasse de manière obligatoire par l'Etat.

D'autre part, on entend dire que cette prime de 1 000 euros serait une exonération de charges sociales et une exonération fiscale pour le salarié et l’entreprise. Par un effet d’aubaine, d’une perche volontairement tendue par l’Etat, on va donner la possibilité aux entreprises d’augmenter leurs collaborateurs en faisant baisser la part des charges sociales dans le coût du travail : cela constituerait pour le coup un très bon signe, car le vrai problème de la France, c’est que les salaires sont trop bas donc le pouvoir d’achat trop faible, et si les salaires sont trop bas, c’est qu’il y a trop de salaires différés donc de charges sociales pour financer les dépenses d’avenir et la solidarité qui pèsent uniquement sur le travail.
Les idées de partage et de baisse de la part des charges sociales dans le salaire global sont de bonnes idées, contrairement à la volonté de l’Etat de dicter aux entreprises leur manière de faire.


Assiste-t-on à une surenchère entre droite et gauche pour faire payer les patrons et les entrepreneurs ?

On est à la fois dans la communication et un marketing politique relativement simpliste.

On va donner 1 000 euros à tout le monde parce que les gros riches prennent de l’argent. C’est un argument un peu minable d’autant plus que les dividendes de ces très grandes entreprises sont payés dans des entreprises dont les salariés ne sont pas à plaindre du tout. De plus, ces dividendes servent beaucoup à payer les assurances vie,  les plans d’épargne-retraite, les retraites par capitalisation des fonctionnaires et donc servent finalement en ricochet au pouvoir d’achat des gens qu'on voudrait voir un peu plus riches via cette prime de 1 000 euros. Ils ne servent pas qu’à enrichir les millionnaires que certains voudraient jeter en pâture à l’opinion publique.

Finalement tout cela est assez inquiétant et attristant parce que le débat vole vraiment très très bas. Le vrai sujet, c'est comment fait-on de la France un pays compétitif pour l’innovation, l’ entrepreneur et la création d’emplois - que cela soit dans les entreprises ou dans les emplois de proximité - pour créer une économie dynamique où chacun travaille pour l’autre et où chacun n’espère pas simplement être fonctionnaire ou employé d’une très grande entreprise.



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