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La vraie crise est devant nous
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Dettes publiques

L’agence de notation Standard & Poor's a annoncé ce lundi qu'elle faisait passer la perspective d'évolution de la note de la dette américaine de "stable" à "négative". Une décision qui sonne comme un avertissement et fait écho aux récentes dégradations des dettes européennes en Grèce, en Irlande ou au Portugal. Après la crise économique et financière de 2008, nous dirigeons-nous vers une crise de la dette publique ?

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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Après la crise des dettes privées, symbolisée par la faillite de Lehman Brothers en 2008, nous entrons de plain pied dans la crise des dettes publiques, simultanément aux États-Unis, en Europe et au Japon…

Les États menacés par la dette

Jusqu’ici, un incorrigible optimiste pouvait penser que les États s’accommoderaient des montagnes de dette publique accumulées depuis la crise des subprimes de 2008 pour renflouer le secteur bancaire et soutenir la conjoncture. Désormais ce n’est plus possible, les faits ont parlé : l’agence de notation Standard & Poor’s a « osé » mettre, le 18 avril, la note de la dette des États-Unis sous « surveillance négative », c'est-à-dire que le triple A sera perdu dans les deux ans si le pays ne redresse pas la barre. En pleine période électorale, l’espoir est mince.

Le même jour, les bourses européennes prenaient conscience, en chutant lourdement, que la Grèce, l’Irlande et le Portugal ne pourraient pas rembourser toutes leurs dettes et que la restructuration devenait inévitable. Ce défaut partiel entraînera de sévères pertes dans les bilans des banques européennes, les États devront, une fois de plus, venir à leur rescousse, mais pourront-ils emprunter encore plus sur les marchés ? Ne parlons même pas de l’Espagne, également en difficulté, et n’oublions pas le Royaume-Uni où la croissance patine. Enfin, le Japon, déjà surendetté avant la tragédie du tsunami et la catastrophe de Fukushima, lutte pour éviter la récession.

Risques d'inflation et de turbulences

Que faire ? La planche à billets (l’État s’endette et se finance en faisant racheter ses obligations par la banque centrale) ? Mais elle tourne déjà à plein régime aux États-Unis, au Japon et, dans une moindre mesure, en Europe pour les pays en difficulté ! Et cette création monétaire débridée commence à se transformer en inflation, chacun peut le constater en faisant ses courses ou le plein d’essence.

La reprise ? Faiblarde et artificiellement soutenue par les dépenses publiques et des taux d’intérêt maintenus au plancher par les banques centrales, entre 0 (Etats-Unis, Japon) et 1,25 (Europe), elle n’offre pas de planche de salut.

Nous entrons donc inéluctablement dans la deuxième phase de la crise, celle des dettes publiques, dont les répercussions s’étendront à l’ensemble du secteur financier puisqu’il les détient dans ses comptes, puis à toute l’économie. Cette fois les épargnants ne seront peut être pas sauvés, disons le clairement, ni la récession évitée. Quel grand ensemble économique (États-Unis, Europe, Japon) craquera le premier ? Assisterons-nous à une guerre des monnaies (dévaluations compétitives) ? Aurons-nous un krach type Lehman ou une lente et profonde dégradation ? L’histoire n’est pas écrite mais elle est sombre.

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