Comment bien choisir son transat <!-- --> | Atlantico.fr
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Exit les transats en plastique : ils veillissent trop mal.
Exit les transats en plastique : ils veillissent trop mal.
©Reuters

Bonnes feuilles

Pourquoi donc les linguistes, les historiens, les économistes et autres chercheurs en sciences humaines n’ont-ils pas jugé utile de se pencher sur le cas si complexe et mystérieux du transat ? Vanessa Postec réhabilite et fait l’éloge de la plus belle monture de la slow philosophie. Extrait de "Petit éloge du transat" (2/2).

Vanessa  Postec

Vanessa Postec

Vanessa Postec est journaliste indépendante. Elle a publié, aux PUF, Le Goût des femmes à table.
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D’où il vient, où il va, et combien coûtent les allers-retours entre l’urgent et le nécessaire : autant de questions aisément résolues depuis ma chaise longue. Mais qui laissent sans réponse celles, pourtant essentielles, du choix du transat et de son mode d’emploi, indispensable à qui souhaite prendre de la hauteur tout en gardant les pieds sur terre.

Non que je sois passée professionnelle en la matière : plus qu’une science, autrement plus sérieux qu’un métier, le transat est un art, mieux, un art de vivre – celui de regarder le monde s’agiter sans vous –, mais je me pense désormais assez rompue à celui-ci pour vous livrer quelques conseils, des astuces éprouvées et autant de mises en garde.

Le transat (et là, il sera question de l’objet transat, non de la philosophie qui l’anime) – au même titre que les urgences hospitalières ou la restauration rapide – est tenu par une obligation de moyens, non de résultats. Il se doit donc d’être sans risques, c’est entendu. Mais, au-delà de cette exigence minimale de sécurité, un bon transat saura faire la différence. Du confort, du confort, encore du confort et rien que du confort : c’est à la fois un atout non négligeable et une absolue nécessité. Car c’est à cette condition, et à cette condition seulement, que son propriétaire pourra, sans mal, profiter des multiples possibilités que lui offrent sa position et le relâchement des tensions qui en découle.

On ne saurait trop, dans cette optique, recommander aux néophytes de choisir leur fauteuil avec un soin minutieux. Son armature, et peu importe qu’elle soit métallique ou en bois – le plastique est ici à proscrire, vieillissant aussi mal qu’un amour de vacances –, se doit d’être fiable, robuste, prête à supporter sans mal des transports ni vertige un terrain accidenté. Sa toile doit être de qualité, ni trop souple ni trop rigide, suffisamment élastique pour soutenir les os ou les courbes selon que l’on est maigre ou gros, mais point trop pour éviter le détestable effet rebond. Elle se devra aussi, dans une certaine mesure, de supporter les intempéries sans dommages excessifs, la rosée du matin, le vent du sud et la pluie du nord. S’il est doté d’un repose-tête, d’un joli coussin, c’est très bien, mais ce n’est pas un drame s’il en est dépourvu : un oreiller moelleux, garni d’un évanescent duvet, fera parfaitement l’affaire. De même pour les accoudoirs : une vieille souche, un petit tabouret, un vulgaire marchepied, certes, ne permettront pas de remplir la fonction première de repose-bras, mais ils accueilleront sans faillir le verre qui les prolonge. Ce qui n’est déjà pas si mal, et même très bien.

Car l’essentiel est là : dans l’abstraction des petits tourments et des grandes vicissitudes, but premier du pratiquant éclairé. Un transat de belle facture se doit en outre d’offrir plusieurs positions (les amateurs, à ce sujet, sont unanimes : le rosé, même frais, se déguste mal couché) ; simple d’utilisation ou, pour le moins, doté d’un mode d’emploi rédigé dans un français courant (les intenses réflexions, l’imagination en goguette, les projections, les fantasmes, les analyses, les tentatives désespérées pour résoudre quelque aporie ne valent que lorsque l’on est installé dans le transat, en aucun cas pour sa mise en oeuvre) ; assez léger pour être aisément transportable et, paradoxalement, assez lourd pour ne pas jouer les filles de l’air au moindre coup de vent. Le reste n’est qu’une question de goût – le mauvais n’étant pas le moins représenté – depuis qu’une poignée de designers se sont mis en tête de lui refaire le portrait, l’imaginant avec ou sans bras, avec ou sans jambes, quasi sur pilotis, sur roulettes ou à bascule, singeant la vague ou le rocking-chair de luxe.

Choisir son transat est une nécessité, on l’a compris. N’épargner ni son temps ni sa peine dans sa quête, cela va de soi : au bout du chemin, c’est un havre de paix, de contemplation et d’oisiveté, comme une promesse facilement tenue. Mais que l’on ne s’égare pas dans une course effrénée à la perfection : la chaise longue idéale, contrairement à la femme du même acabit, malheureusement n’existe pas. Même si certains affirment que c’est encore entre les bras du transat que l’on est le mieux accueilli.

Extrait de "Petit éloge du transat", Vanessa Postec, (François Bourin Editeur), 2013.  Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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