Fin du ramadan : ce que l’Aïd el-Fitr représente pour les musulmans<!-- --> | Atlantico.fr
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La célébration de Aïd el-fitr dure en général trois jours mais peut bien sûr se prolonger au-delà de cette période.
La célébration de Aïd el-fitr dure en général trois jours mais peut bien sûr se prolonger au-delà de cette période.
©Reuters

A table !

L'Aïd el-Fitr, la fête célébrant la fin du ramadan, commence ce jeudi en France ainsi que dans la plupart des pays arabes, après un signal donné par les autorités religieuses d'Arabie saoudite.

Haoues Seniguer

Haoues Seniguer

Haoues Seniguer est maître de conférences en science politique à l'Institut d'Études Politiques de Lyon (IEP)

Il est aussi chercheur au Triangle, UMR 5206, Action, Discours, Pensée politique et économique à Lyon et chercheur associé à l'Observatoire des Radicalismes et des Conflits Religieux en Afrique (ORCRA), Centre d'Études des Religions (CER), UFR des Civilisations,Religions, Arts et Communication (CRAC), Université Gaston-Berger, Saint-Louis du Sénégal.

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Atlantico.fr : Le jour de début du ramadan avait fait l'objet d'un cafouillage. Le jour de la fin du jeûne a également été sujet à polémique. Ce problème de calendrier traduit-il des dissensions plus profondes au sein de l'islam ?   

Haoues Seniguer : En effet, la détermination du premier jour du ramadan s'est passée dans des conditions pour le moins rocambolesques qui ont créé une profonde confusion et un désarroi sans pareil chez les musulmans de notre pays déjà fortement divisés par des querelles de leadership. Pourtant, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) avait fixé depuis plusieurs mois, et ce de façon tout à fait officielle, le premier jour du mois du jeûne ainsi que la date de fin, au moyen du calcul astronomique. Ce qui était une première, car cette décision permettait, outre l'intégration de l'apport de la science moderne dans l'approche des textes religieux, à la fois de donner une certaine consistance à l'idéal de communauté de foi et en même temps de permettre aux salariés musulmans de prendre leurs dispositions auprès de leurs employeurs respectifs. Bien que décrié, à tort ou à raison, par des franges de musulmans de France, le CFCM n'en demeure pas moins le seul organe national qui dispose au moins d'une légitimité électorale, puisque son bureau est élu suivant des critères établis et connus en principe de tous les candidats. 
En tout état de cause, ce problème de calendrier a démontré, une fois de plus et à l'envie, combien le champ islamique français est éminemment fragmenté avec aucune autorité religieuse forte, disposant de suffisamment de légitimité pour être entendue et suivie par les fidèles. Il faut également ajouter à cela la concurrence que se livre chacun des acteurs de l'islam de France pour monopoliser la parole légitime de ses coreligionnaires et s'imposer dans l'espace public et médiatique comme des interlocuteurs autorisés de l'État et des leaders d'opinion. 


La fête de l'Aïd-al-Fitr aura donc lieu jeudi ou vendredi. Que signifie cette célébration pour les musulmans sur le plan religieux?

Au plan religieux, elle marque littéralement la clôture du mois de ramadan et fait partie, avec l'Aïd al-Kébir (ou 'Id al-Adha), de l'une des deux plus grandes fêtes ou célébrations religieuses de l'islam. La célébration de Aïd el-fitr dure en général trois jours mais peut bien sûr se prolonger au-delà de cette période. 


Au-delà de sa signification religieuse, a-t-elle également une dimension sociale ? Peut-on également parler d'une fête familiale comme Noël ? 

Il est vrai qu'à côté de la signification proprement religieuse, marquée par un prêche et une prière collectifs spécifiques qui se tiennent à la mosquée au matin du premier jour de fête, généralement entre 8H30 et 9H (l'horaire étant variable selon les lieux de culte), la dimension sociale est également fortement présente. Il s'agit, en effet, pour les pratiquants comme les non pratiquants attachés peu ou prou à l'islam, de communier, de partager un repas, de revoir de la famille, de visiter des amis qu'on ne voit pas forcément les autres jours de l'année, etc. En cela, l'Aïd el-Fitr est un vecteur occasionnel de vivification du lien social ou de confraternité. Enfin, les gestes de fraternité ne sont pas nécessairement adressés qu'en direction des musulmans, puisque des initiatives locales sont fréquemment entreprises par les gestionnaires de mosquées pour inviter des non-musulmans. Parfois des individus ou des familles, séparément, invitent également des voisins ou amis non-musulmans, pour communier dans la joie, autour de gâteaux, d'un verre de thé ou de café.


La pratique de l'Aïd a-t-elle évolué au fil du temps ? En quoi ?

Je ne sais si la pratique de l'Aïd a vraiment évolué, mais, à l'évidence, elle s'est sécularisée, à l'image de Noël, et n'a plus forcément la connotation spirituelle de départ. Dans une majorité de cas, c'est toujours le même leitmotiv qui est observé : exprimer publiquement sa joie, la partager avec ses proches et essayer de la communiquer autour de soi. C'est l'esprit de cette fête qui peut quelquefois évidemment être gâché par des comportements marginaux d'excès ou de débordements dans la cité.
Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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