Impôts : les Français mécontents mais résignés<!-- --> | Atlantico.fr
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N'ouvrez pas la boîte aux lettres

Ce 19 avril, les premières déclarations de revenus arriveront dans les boîtes aux lettres des quelques 36,2 millions de foyers fiscaux. Sur le lot, à peine plus de la moitié s'acquittera effectivement de l'impôt sur le revenu. Quant aux autres ? Le député Hervé Mariton, membre de la commission des finances à l'assemblée, est surpris qu'ils ne se rebiffent pas plus...

Hervé Mariton

Hervé Mariton

Hervé Mariton est ancien ministre, député-maire de Crest, délégué  général de L’UMP chargé du projet, et président de Droit au Cœur.

 

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Les Français commencent à recevoir leur déclaration de revenus pour l’année 2010. Sont-ils fâchés avec l’impôt ?

Ils sont à la fois mécontents et résignés. Mécontents d’un impôt qui est perçu comme une fatalité, alors que c’est une nécessité qui a du sens. Et résignés, à la fois quant à son mésusage, et quant à son augmentation. A tel point que lorsque les impôts baissent, ils ne le croient pas, et ne le voient pas !

Pourtant quand on observe le mandat de Nicolas Sarkozy, et ce jusqu’à la crise, il y a eu une période de baisse d’impôts réelle, qui avait d’ailleurs démarrée lors le mandat précédent. Cette période, les Français ne l’ont pourtant pas appréciée à sa juste valeur. Depuis 2008, nous observons une tendance à l’augmentation des prélèvements obligatoires, qui provoque  pourtant moins de résistance que l’on ne pourrait espérer de la part des citoyens. 

Vous, un parlementaire, espérez une résistance des citoyens à l’impôt ?

Oui, parce que je pense dans le contexte français, avec une dette phénoménale, des prélèvements obligatoires en hausse, il serait légitime qu’il y ait en France une résistance à l’impôt, que l’on n’observe pourtant peu ou pas. Les classes moyennes, et moyennes supérieures, qui forment les plus gros contributeurs à l’impôt, auraient les moyens de se plaindre, mais c’est à la fois historique et culturel. D’ailleurs, il faut l’avouer, une des causes historiques des niches fiscales et de l’optimisation fiscale, c’est bien de trouver une meilleure acceptation de l’impôt. Faisons attention cependant que la chasse aux niches fiscales ne provoque pas un raidissement. Lorsqu’un certain nombre de Français se sera rapproché de l’application effective du taux nominal de l’impôt, ils risquent de le  trouver bien élevé…

As-t-on besoin de réexpliquer, rejustifier l’impôt ?

 Oui, il serait bienvenu de réexpliquer l’impôt, et de l’expliquer à tous. Je recevais dernièrement des élèves de CM2 de ma ville de Crest (Drome), à l’Assemblée. On se rend compte que l’instruction civique est présentée de manière très institutionnelle. On leur parle du fonctionnement des institutions bien d’avantage que de leur financement. On a une instruction civique très structuraliste : il faudrait y mettre plus d’économie. Et il n’y a pas que les élèves de la petite école qui ignorent le sens de l’impôt, croyez moi.

A douze mois des présidentielles, le serpent de mer « prélèvement à la source » revient en force dans certains programmes de campagne…


Surtout pas ! La retenue à la source affaiblirait la dolorosité de l’impôt. Elle ferait accepter le prélèvement de l’impôt sous anesthésie ! C’est prendre le risque de se voir prélevé d’avantage d’impôt encore. Par ailleurs, la retenue à la source est difficilement compatible avec le quotient familial, pilier de notre système fiscal. Les socialistes proposent de le supprimer, moi non.  J’ai d’ailleurs reçu des formations syndicales la semaine dernière, qui pour la plupart sont attachées au quotient familial, et aux prestations familiales sans conditions de ressources. Seule une gauche prétendument moderne est pour sa suppression mais une majorité de Français ne le souhaite pas.

propos recueillis par Jean-Baptiste Giraud

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