Quand les embouteillages renseignent sur la santé économique d'un pays<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis 2009, le trafic est mieux supporté par le réseau national interurbain.
Depuis 2009, le trafic est mieux supporté par le réseau national interurbain.
©Reuters

Tut tut !

En Europe, la crise a fait baisser le trafic routier de 18% entre 2011 et 2012, selon une étude de l'Inrix, un cabinet d'info trafic.

Alain Bonnafous

Alain Bonnafous

Alain Bonnafous est Professeur honoraire à l’Université de Lyon et chercheur au Laboratoire d’Economie des Transports dont il a été le premier directeur. Auteur de nombreuses publications, il a été lauréat du « Jules Dupuit Award » de la World Conference on Transport Research (Lisbonne 2010, décerné tous les trois ans).

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Atlantico : Une études de l'Inrix, un acteur international de l'info trafic, relève un lien entre la santé économique d'un pays et son niveau d'embouteillages routiers. Leurs chiffres montrent que la crise européenne a fait baisser de 18% le trafic entre 2011 et 2012. Ce lien vous semble-t-il sérieux ou en tout cas avoir un sens ? Pourquoi ?

Alain Bonnafous : Il s'agit d'une dépendance bien identifiée et connue depuis longtemps. Concernant les voitures particulières, pour une population donnée, les deux premiers facteurs explicatifs du trafic sont le revenu des ménages et le prix des carburants. Pour les poids lourds, le premier facteur explicatif est la production industrielle. Comme la congestion est très sensible aux niveau de trafic, la relation est mécanique entre la croissance économique et les encombrements.

Quelles limites peut-on y voir ? Certains secteurs économiques sont-ils plus sensibles à ce phénomène que d'autres ?

Bien sûr, il y a des déterminants du trafic plus fluctuants que d’autres : en 2009, la production industrielle a plongé de 13 % et le trafic poids lourds des autoroutes à péage a chuté de 11 %. Cette même année, le revenu disponible des ménages a légèrement augmenté et le trafic des voitures particulières augmentait de 4 %. Il baissait à l’inverse de 1,5 % en 2012 suite aux ponctions que l’on sait sur le pouvoir d’achat des ménages.

De quels autres symptômes économiques les embouteillages peuvent-ils être le signe ?

Les embouteillages correspondent techniquement à un changement de « régime » du trafic : un axe peut avoir un régime fluide jusqu’à 40.000 véhicule par jour, par exemple ; un régime perturbé à partir de 41.000 et un régime saturé au-delà. C’est ce qui se passe sur une grande partie du réseau lorsque l’on annonce plusieurs centaines de kilomètres de bouchons. C’est banal s’agissant des fins de semaine de grandes migrations et on ne peut, évidemment, dimensionner le réseau pour ces quelques jours. C’est moins banal lorsque le régime saturé s’installe fréquemment. C’est alors le symptôme d’une insuffisance de capacité de nos réseaux.

Le cas est moins fréquent en période de faible conjoncture. Ainsi, depuis le creux conjoncturel de 2009, le trafic est mieux supporté par le réseau national interurbain. En revanche, les saturations sur les réseaux des périphéries urbaines sont flagrantes et les retards d’investissement y sont soigneusement entretenus par les caprices écologistes.

Plus particulièrement, de quoi la mobilité des Français et les modes de transports qu'ils utilisent sont-ils le reflet ?

Elle reflète des arbitrages de consommation qui révèlent les préférences. Qu’il s’agisse de la décision de se déplacer ou du choix du mode, ces préférences s’exercent évidemment sous différentes contraintes : la contrainte des revenus et des prix, mais aussi des contraintes physiques. Un migrant quotidien ne dispose pas nécessairement d’un transport public ; un jeune actif n’a pas toujours les moyens d’être motorisé ; une famille qui prend ses vacances en caravane ne prend pas le train etc.

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