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Interdiction de la burqa : la France en pointe, le reste du monde isolé
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Zone franche

La France est désormais l'un des rares pays, avec l'Iran ou le Soudan, où la police contrôle la manière dont les gens s'habillent. Mais chez nous, c'est pour la bonne cause…

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le traitement d’un sujet franco-français par la presse US est toujours un peu agaçant. Les correspondants à Paris du New York Times ou du Washington Post connaissent mal les subtilités du débat local et, lorsqu’ils les maîtrisent aussi bien qu'un Alain Duhamel, ils sont bien forcés d’aller au plus simple pour être compris de leurs lecteurs.

Après tout, nos propres émissaires en Étasunie font la même chose et l’entretien patient de la flamme anti-américaine ne va pas sans quelques raccourcis (saviez-vous que deux Américains sur trois sont créationnistes, obèses et membres d'un club de survivalistes évangéliques ?)…

Pour autant, ce regard hors-sol n’est pas toujours sans un certain intérêt documentaire. Ok, lorsqu’un journaliste yankee compare la France au Soudan, à l’Iran ou à l’Arabie saoudite parce que son parlement légifère sur le droit des gens à s’habiller comme ils le souhaitent, on ne peut que trouver ça grotesque. La France est en effet le pays de la liberté et des droits de l’homme et nul doute qu’un séminaire d’un semestre ou deux sur la façon dont la laïcité puise ses racines dans les Lumières libérales convertirait, si j’ose dire, jusqu’au plus ignorant de ces plumitifs à notre vision du monde.

Des militantes obscurantistes et prosélytes ? Bien sûr. Et alors ?

Faisons pourtant l’effort, au moins par jeu, d’ignorer un instant les terribles lacunes historiques et philosophiques de ces allogènes qui prétendent nous juger et considérons leurs arguments ― aussi fragiles soient-il.

Curieusement, ils ne semblent pas être passés à côté des implications sexistes et obscurantistes du port du voile intégral. Ni même des raisons clairement militantes et prosélytes pour lesquelles des femmes décident de se déguiser en barbapapa été comme hiver. C'est intriguant parce que ce sont précisément les raisons pour lesquelles il s’est trouvé 335 députés et 246 sénateurs français pour voter cette interdiction...

Non, le point de vue de ces étranges étrangers semble se réduire à l’idée que, quelles que soient leurs motivations religieuses ou politiques, les citoyens d’un pays libre et démocratique ont le droit de vivre leur vie comme bon leur semble et de penser ce qu’ils veulent dès lors qu’ils se comportent convenablement par ailleurs, payent leurs impôts et ne braquent pas de banques.

Y compris lorsque leur credo nous hérisse le poil.

Quelle drôle d’idée ! Concernant l’Arabie saoudite ou au Soudan, où le régime promeut de mauvaises pensées et une manière grotesque de s’habiller, on pourrait les suivre, mais en France, où la contrainte vestimentaire est au justement un instrument de liberté et le « dress code » établi par la représentation nationale encourage la réflexion, quelle confusion !

Non, vraiment, comparer le pasdaran qui arrête une femme dans une rue de Téhéran parce que ses cheveux dépassent au gendarme qui fait la même chose dans une rue de Paris parce qu’on ne voit pas les siens, il fallait vraiment être un journaliste américain inculte pour en arriver là...

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PS : A toutes fins utiles, précisons que cet article critique, sur un ton ironique (trop ?) l'interdiction de s'habiller comme on le souhaite dans un pays libre et démocratique. Y compris lorsqu'un costume est lui-même un symbole d'intolérance. On ne peut pas défendre la liberté en la restreignant.

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