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Le Medef critique la volonté de fermeture et de repli du gouvernement.
Le Medef critique la volonté de fermeture et de repli du gouvernement.
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Immigration légale

Depuis l'annonce du ministre de l'Intérieur Claude Guéant ce vendredi de réduire de 20 000 le nombre d'immigrés entrant légalement en France, la gauche et le Medef - par la voix de sa présidente Laurence Parisot - critiquent à l'unisson la volonté de fermeture et de repli du gouvernement. Décryptage d'une alliance pas évidente.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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On avait déjà connu l’union NPA-Medef lors de la sortie du rapport Attali. Une des propositions, la relance de l’immigration, avait été accueillie dans un silence gêné quasi généralisé, le sujet étant tabou, hormis du côté du Medef et du NPA qui avaient applaudi des deux mains. En termes de politique d’immigration, les Français purent dès lors assister à ce qui pouvait paraître pour une gageure mais les faits étaient là : Parisot, Besancenot, même combat.

Rebelote ce week-end avec la proposition de Claude Guéant de réduire de 200 000 à 180 000 le nombre d’immigrés entrant légalement en France. A titre indicatif, l’immigration de travail ne représente que 20 à 30 000 personnes par an, le reste étant constitué d’étudiants, de réfugiés et du regroupement familial. Ainsi, 85 à 90 % des entrées légales en France viennent soit pour étudier, soit pour toucher des allocations, soit les deux…

La gauche et le Medef contre Claude Guéant

Le Parti socialiste n’a pas manqué de réagir par la bouche de Laurent Fabius qui a déclaré : "Dire qu'il faut réduire, et pourquoi pas même supprimer toute immigration légale, (...) c'est évidemment flatter le côté le plus médiocre, c'est un contresens économique, c'est une attaque contre les valeurs humanistes" avant d’ajouter qu’il s’agit  d’une "vision rabougrie de la France"  tandis que pour Sandrine Mazetier "Restreindre encore davantage le droit au regroupement familial, ça signifie qu'on va bafouer des droits fondamentaux". Il fallait bien évidemment que SOS Racisme réagisse également (à quel titre, la politique d’immigration d’un pays n’ayant rien à voir avec un quelconque racisme), Dominique Sopo parlant de "discours de stigmatisation".

On aurait pu espérer le soutien de la majorité à Claude Guéant mais, patatras, Christine Lagarde et Jean-François Copé ont pris le contre pied du ministre de l’Intérieur. L’hallali est venu, bien évidemment, du Medef, Laurence Parisot affirmant "Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et tire profit du métissage".

Nous avons désormais contre le ministre de l’Intérieur un bloc UMP-PS-Medef en attendant l’arrivée du Front de Gauche et du NPA qui vont, à n’en pas douter, critiquer vertement la proposition pourtant symbolique de Claude Guéant.

Le double coup gagnant du Medef

Pourtant, comment peut-on, par simple bon sens, affirmer que la France a besoin de 20 à 30 000 entrées par an au titre de l’immigration de travail quand plus de 4 millions de Français et d’étrangers en situation régulière n’ont pas d’emploi ? La réponse est toute faite : il y a des secteurs dans lesquels on arrive pas à recruter (le BTP et la restauration en particulier). Logique quand on voit les conditions de salaire et les conditions de travail dans ces deux secteurs d’activités pourtant non soumis à la concurrence mondiale due à la globalisation. Scandaleux quand on sait que ces deux secteurs d’activités sont les plus grands pourvoyeurs d’emplois pour les clandestins qui, une fois régularisés, sont souvent virés par ces patrons voyous pour être remplacés par d’autres clandestins qui sont prêts, en attendant leur régularisation qui leur permettra de faire venir leur famille et de vivre avec elle des aides sociales multiples et variées, de travailler dans des conditions indignes de celles dues à tout être humain.

Double coup gagnant pour le Medef dont la première priorité est la pression à la baisse sur les salaires et la seconde la disparition pure et simple du système de santé et de retraites parapublic pour le remplacer par le privé (le lobbying fait par l’ancien vice-président du Medef, Denis Kessler, et ses propos tenus dans le magazine Challenge en 2007 sont là pour le prouver) ce qui, vu son niveau d’endettement et ses déficits récurrents, est possible à court terme.

Il est quand même extraordinaire de voir que la gauche et le Medef se rejoignent sur la politique de l’immigration pour défendre les patrons voyous.

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