Parlons d'avenir
Plaidoyer en faveur d’une banque centrale mondiale
Alors que le FMI et la Banque mondiale se réunissaient ce week-end pour évoquer de santé économique de la planète et réfléchir aux mesures à prendre, le professeur d’économie à Sciences Po François Rachline, conseiller spécial du président du Conseil économique, social et environnemental, publie dans les jours qui viennent (Hermann) une mise à jour de l’ouvrage de référence « D’où vient l’argent », dans lequel il propose la création d’une banque centrale mondiale.
François Rachline
François Rachline est conseiller spécial du président du Conseil économique, social et environnemental.
Auteur de D’où vient l’argent ? suivi de Pour une Banque centrale mondiale, Hermann, 2011.
Docteur d’Etat en sciences économiques, il est par ailleurs professeur à Sciences Po.
Les utopies finissent toujours par se réaliser. Imaginons qu’il existe un organisme, non pas comme le FMI – qui exprime en son sein les conflits entre les Etats et où les droits de vote sont fonction de ce que verse chacun – mais une institution qui relierait la banque centrale européenne, la banque centrale américaine et la banque centrale de Chine. Les trois grandes monnaies du monde seraient gérées de manière très différente de ce qu’elles sont aujourd’hui !
Il n’y a pas aujourd’hui d’organisation mondiale de la finance comme il en existe pour la santé ou pour le commerce. Les deux domaines les moins bien coordonnés au niveau mondial (monnaie et finance) sont aussi ceux qui connaissent les avancées les plus spectaculaires de la mondialisation.
De facto, il est indispensable d’avancer vers une institution globale. Les différents pays auraient alors un compte auprès de cette banque central mondiale, avec une monnaie mondiale. Utopie ? Il existe pourtant déjà une monnaie mondiale, qui végète quelque peu : les droits de tirages spéciaux (DTS). On peut très bien imaginer que le FMI devienne cette banque centrale mondiale (BCM), mais avec une gouvernance modifiée, pour quelle soit a-nationale et non inter/nationale.
Une banque mondiale aux commandes d’une monnaie mondiale
Cette BCM détiendrait les attributs d’une Banque centrale : émission de monnaie, contrôle du volume monétaire, garantie de bonne fin. Les autres banques centrales se procureraient des fonds auprès d’elle pour financer les projets de développement de leurs zones économiques.
Est-ce vraiment réaliste ?
Tout cela est-il crédible ? Les sceptiques souriront. Les pessimistes écarteront l’idée d’un revers de la main. Les cyniques se moqueront d’une telle naïveté. Les mêmes n’imaginaient pas possible la naissance de la Banque d’Angleterre (1694). Les mêmes jugeaient absurde en 1999 la création d’une Banque centrale européenne. Les mêmes doivent réfléchir à ceci : dans les décennies qui viennent, les besoins en capitaux vont croître démesurément pour financer le développement d’immenses zones du globe : Indonésie, Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Russie… D’où viendra l’argent ? Comment les flux monétaires seront-ils régulés ? Une BCM ne règlera pas tout, mais elle témoignera d’une vraie prise de position, décisive après la prise de conscience de la mondialisation.
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