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Guerre des Jour(s) de France : "On ne va pas se laisser faire par Le Figaro"
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Bataille en kiosque

Le groupe Le Figaro a annoncé le retour en kiosque du mythique magazine "Jours de France", créé par Marcel Dassault en 1958. Problème : l'éditeur de presse Robert Lafont a déjà relancé le titre il y a trois ans. Il compte bien défendre son magazine.

Robert Lafont

Robert Lafont

Robert Lafont est un patron de presse, fondateur du groupe Entreprendre Robert Lafont.

Le groupe édite plus de 80 magazines, dont Entreprendre, Féminin PsychoJour de FranceSuccèsGotha, l’Essentiel de l’autoPratique autoMaison décoration, etc.

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Atlantico : Le groupe Figaro vient d’annoncer le lancement début août d’un numéro test de Jours de France, l'ancien hebdomadaire qu'avait fondé Marcel Dassault, père de Serge, l’actuel propriétaire du groupe de presse. Or, si le magazine avait cessé de paraître en 1989, vous l’aviez relancé sous le nom Jour de France

Robert Lafont : Je suis le fondateur du groupe de presse Entreprendre, société qui édite plus de 80 magazines. Il y a trois ans, nous avons relancé Jour de France sous forme de mensuel. Nous vendons aujourd’hui entre 25.000 et 30.000 exemplaires par mois, ce qui n’est pas négligeable.

La marque était tombée dans le domaine public, puisque le titre créé par Marcel Dassault n’était plus publié depuis 24 ans, alors qu’il avait été un grand titre de la presse française. J’ai donc redéposé la marque, j’ai investi, et nous avons relancé le titre.

Aujourd’hui, le Figaro, qui appartient au groupe Dassault, annonce qu’ils vont tester un nouveau Jours de France au mois d’août, par le biais d’un numéro test, au mépris de ce que nous avons entrepris. Ce n’est pas logique, et nous allons nous battre pour recouvrer nos droits. Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Dassault qu’on a tous les droits.

Je vais envoyer un courrier en recommandé au président du groupe le Figaro, pour lui demander de ne pas sortir ce titre, qui nous appartient depuis que nous l’avons relancé. Ils savaient très bien que nous étions ressortis, ils auraient pu au moins nous prévenir, nous qui avons eu le mérite de relancer cette marque mythique que le groupe avait décidé d’abandonner – au mépris du travail qui avait été fait par Marcel Dassault, d’ailleurs.

Avez-vous eu des contacts avec le le groupe Le Figaro ?

J’ai essayé de les joindre, mais ils sont méprisants et nous prennent de haut. J’ai voulu contacter Olivier Dassault (président du Conseil de Surveillance du Groupe Dassault) et il m’a fait répondre qu’ils n’avaient rien contre nous et qu’ils nous contacteraient en septembre, soit après le lancement du numéro test. Ils veulent sans doute profiter de leurs moyens pour s’installer tranquillement dans la durée.

J’ai appris ce lancement par des fuites dans le milieu : des imprimeurs, des agences photos m’ont demandé pourquoi le groupe Le Figaro allait lancer un magazine dont la marque m’appartient.

Comment s’y prennent-ils pour relancer ce magazine ?

Ils le font de manière subreptice : puisqu’ils s’appellent Dassault, ils imaginent avoir les moyens de relancer Jours de France. Ils essayent de nous impressionner, mais il est bien évident que nous ne nous laisserons pas faire. Nous nous réservons la possibilité d’assigner le groupe Le Figaro.

La législation française est claire : au bout de cinq ans de non-exploitation, une marque tombe dans le domaine public.

Il existe déjà un site Internet Le Figaro – Jours de France…

Oui, ils l’ont fait pour préparer le terrain. Tant qu’ils n’avaient que ce site, ce n’était pas gênant, puisque nous sommes un éditeur de presse magazine. Le nom « Jours de France » sur le site du Figaro ne pouvait pas nous gêner, mais là ils bafouent totalement notre position de manière tout à fait déloyale. 

Pensez-vous que votre relance, avec un certain succès, du magazine a pu inciter le groupe Le Figaro à vouloir récupérer la marque ?

Il y a peut-être eu un certain nombre de lecteurs qui les ont contactés en les félicitant… Le groupe Le Figaro est forcément au courant, ils voient que le magazine commence à marcher. Ils pensent donc peut-être pouvoir étouffer l’éditeur indépendant que nous sommes.

La différence de graphie entre les deux marques (l’une au singulier, l’autre au pluriel) peut-elle avoir un impact sur cette affaire ?

Non, car phonétiquement, c’est la même prononciation. A partir du moment où un titre est exploité – Jour de France sans « s » - il a la primauté par rapport à un nouveau venu. Si demain je lançais « Atlanticos », vous pourriez m’attaquer facilement !

Vous partez donc à la bataille serein ?

C’est un peu le pot de fer contre le pot de terre, car le groupe Le Figaro a des moyens financiers conséquents, mais on s’appelle « Entreprendre », on va donc se battre avec tous les moyens juridiques. On n’est pas inquiet, car on pense que la loi doit s’appliquer. 

Jour de France continue d'avancer, on vient de sortir un numéro avec une interview exclusive de Bernard Tapie et notre prochain numéro sort le 17 août. Nous allons continuer à développer ce magazine.

Le groupe Le Figaro pourrait-il vous proposer de racheter la marque ?

J’exclue totalement cette hypothèse. Je crois beaucoup à ce titre, dans lequel nous avons beaucoup investi. S’il faut faire la guerre des Jour(s) de France, on va la faire, avec nos armes : la qualité de notre magazine, et notre bon droit.

D’ailleurs, il faut noter que nous existons depuis trois ans, et qu’ils ne nous jamais attaqué sur l’utilisation de la marque…

 Propos recueillis par Morgan Bourven

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