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Élection présidentielle 2012 : tous candidats ?
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Zone franche

Vingt ou trente candidats à la présidentielle, ce n’est pas encore assez. La démocratie, la vraie, c’est quand tout le monde a son mot à dire.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Nous en sommes déjà à une bonne vingtaine ou presque de candidats déclarés à la présidentielle et la question qui se pose, à ce stade, ce n’est pas « pourquoi autant » mais plutôt « pourquoi si peu ».

Dans les pays, hum, normaux, on se contente généralement d’un candidat de droite, d’un candidat de gauche, d’un candidat écolo, d’un candidat d’extrême droite, d’un candidat d’extrême gauche et l'intégralité du paysage politique est à peu près représentée. De fait, à la réflexion, les pays vraiment normaux se débrouillent parfaitement avec les trois premiers mais si on va dans cette direction, on n’est pas arrivé…

La France, c’est différent, et l’électeur, même s’il préfère aller à la pêche les jours de scrutin, aime bien avoir l’impression qu’un présentoir à bulletins ressemble à une étagère de céréales au supermarché : il lui faut du choix, de la niche d’opinion subtile.

Tiens, s’il est trotskiste, il exige au moins trois saveurs différentes de ce communisme  hors du temps, un peu comme ces gens qui hésitent des heures entre Crousty Chocolat, Chocapic et Choco Pops chez Auchan. Il a besoin de se sentir en harmonie totale avec le produit, quoi…

Mais les autres sensibilités ne valent guère mieux et, après tout, nous sommes tout de même le pays qui a donné naissance au concept de « centrisme radical », lequel se décline dans les deux parfums de base bien que personne ne soit capable de distinguer un « radical cassoulet » d’un « radical valoisien » à l’œil nu.

Respecter les aspirations profondes de l'électeur

Bah, la France est une terre d’exception et, sauf à changer de peuple plutôt que de président, pourquoi résister à ce tropisme ? Non, accompagnons-le et débrouillons-nous carrément pour le stimuler. Une vingtaine de candidats ? C’est jouer petit-bras. Et si l’on réussit à proposer un Borloo et un Bayrou, une Aubry et un Hollande, un Sarkozy et un Villepin, un Hulot et une Joly, un Besancenot et un Mélenchon, on doit bien pouvoir en trouver d’autres…

A vrai dire, c’est même une sacrée exigence démocratique ! Car qui s’adresse pour de bon au raciste écologiste pro-européen amateur de rap, hein ? Et l’anti-Bruxelles qui n’a rien contre les immigrés mais adore le nucléaire et écoute plutôt du rock, il vote pour qui ?

Le système de base, de toute manière, nous l’avons déjà avec cette histoire de scrutin à deux tours auquel le reste du monde ne comprend rien. Au premier tour, on vote pour un type dont on ne veut pas vraiment en sachant qu'il n'a aucune chance d'être élu ; au second, on vote contre un gars dont ne veut pas du tout car celui qu'on voulait vraiment, il n'est plus là puisqu'on n'a pas voté pour lui au premier tour...

Brillant.

Des signatures d'élus pour éviter les rigolos

L’idée serait donc de permettre au plus grand nombre de Français de se présenter à l’élection et de développer le programme le plus ciblé possible, le plus proche de sa vraie nature, le moins tièdement consensuel… Bien entendu, il faudrait tout de même limiter la pollution du débat par un trop grand nombre de farfelus incapables de défendre deux idées cohérentes à la suite ou trop moches pour nous représenter dignement dans un G7. La France est un grand pays et nous avons un certain rang à tenir.

Et quel meilleur moyen de limiter aux gens sérieux la possibilité de passer à la télévision pendant la campagne que de les forcer à réunir quelques signatures d’élus, garanties idéales et éprouvées de respectabilité politique sous nos latitudes ? Évidemment, on ne saurait leur demander de dénicher, comme c’est la règle aujourd’hui, 500 blanc-seings de maires. On sait bien à quel point ces derniers aiment se faire désirer même si la France en possède quelque 36 000 ― soit autant que le reste de l’Europe réunie…

Non, une dizaine de signatures de n’importe quel type d’élu devrait suffire, sachant que nous disposons d’un stock de 600 000 porteurs d'écharpes diverses (un record mondial pour le coup) et donc d’un vivier potentiel de 60 000 candidats à la présidentielle ! Ah, ils seraient alors représentés, les agriculteurs homosexuels qui jouent au foot et les comptables atlantistes protestants qui n’aiment que le tennis ! Et les biologistes mormons anti-gaz de schiste mais ambivalents par rapport à l’intervention en Libye, ils n’auraient pas enfin leur mot à dire ?

Sarkozy, Villepin, Borloo, Morin, Bayrou, DSK, Hollande, Valls, Hulot, Joly, Besancenot, Mélenchon, Le Pen, Schivardi, Arthaud, Arthuis, Boutin, Dupont-Aignan, Cheminade et les autres… Tenez-vous bien, la démocratie totale est en marche et rien ne pourra plus l’arrêter !

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