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Vos poubelles sont de véritables mines d’or (et de métaux précieux)
©Reuters

Chers déchets

Carcasses de voitures, téléphones portables hors d'usage ou écrans LCD cassés sont de vraies petites mines de terres rares. A tel point que lorsque le consommateur ne voit plus d'usage à ces objets, certains acteurs économiques, eux, convoitent la valeur qu'ils pourraient en extraire.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Après avoir racheté un constructeur automobile, un port, et un distributeur de gaz, la Chine s'intéresse à une richesse bien particulière de notre vieux continent, les véhicules en fin de vie. En 2011, la société Huaren Resources Recycling a déclaré vouloir acheter 2 millions de carcasses de voitures européennes (VHU, pour véhicule hors d'usage) d’ici 2012, sur les 12 millions de VHU que l'Europe produit annuellement.

Les VHU sont effectivement devenus de véritables mines d'or depuis que les nouveaux modèles de voitures embarquent de plus en plus de métaux précieux, comme les platinoïdes ou les terres rares. Comptez par exemple 2000 grammes de platinoïdes par tonne de catalyse automobile, contre 5 grammes par tonne de minerais dans une mine classique.

C'est l'avènement des "petits métaux" à partir des années 1990 qui a changé la donne. L'utilisation de terres rares notamment, mais aussi d'iridium, d'indium ou encore de lithium pour produire des téléphones portables, des écrans LCD ou encore des lecteurs MP3 a transformé nos décharges en véritables eldorados. Une téléphone contient désormais près de la moitié des métaux de la table de Mendeleiev. De même, pas un écran téléviseur ne saurait fonctionner aujourd'hui sans terres rares. Or la plupart de ces métaux ne sont produits qu'en faible quantité et par une poignée de pays, ce qui ne manque pas de provoquer de fréquentes flambées de prix en cas de baisse de leur production ou de rupture d'approvisionnement. Cette valeur rend leur recyclage d'autant plus nécessaire. Le problème, comme l'a souligné une étude du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) de 2011, c'est que si les métaux industriels sont relativement bien recyclés, les petits métaux ne le sont pratiquement pas. L'étude soulignait que 34 métaux étaient recyclés à moins de 1%.

L'Union européenne soutient en particulier depuis 2008 une meilleure collecte des appareils en fin de vie, ainsi que leur recyclage et leur utilisation dans un nouveau cycle de production. En août 2012, la dernière directive sur les D3E, ou DEEE pour déchets d'équipements électriques et électroniques, a fixé à 85% le taux de déchets électroniques collectés pour les pays de l'Union européenne  En France la collecte des déchets, notamment électriques et électronique, et des piles et accumulateurs, est assurée par des éco-organismes, société agréées par l'Etat et financées en partie par une taxe sur les produits selon le principe de la responsabilité élargie des producteurs (REP).

L'industrie ne semble pourtant n'en être qu'à ses débuts. Sur 20 millions de téléphones en circulation en France, seuls 500 000 sont recyclés. Un autre goulot d'étranglement de la filière concerne le manque de capacités technologiques pour recycler ces nouveaux produits. Si récupérer l'or ou l'argent de bijoux cassés ou oubliés reste relativement simple, il en est tout autrement en ce qui concerne la récupération des métaux précieux des équipements électroniques. En Europe, seules trois sociétés possèdent les capacités technologiques pour recycler les cartes électroniques par exemple. Afin d'aider le recyclage, la filière doit encore être structurée, et "bénéficier d’une réglementation stable et incitative" souligne Claire de Langeron, déléguée générale de la Fedem citée par l'Usine Nouvelle.

La hausse du prix des petits métaux devraient aider à l'avenir à rendre les activités plus rentables. Depuis quelques années d'ailleurs de nouveaux acteurs se diversifient dans ce secteur, aux côtés des acteurs historiques du secteur comme Veolia. Le spécialiste  de la chimie Solvay, ex-Rhodia, ou encore la société minière et métallurgiste Eramet se sont ainsi tournés vers le recyclage. En 2012, Solvay a donné une seconde vie à son usine de la Rochelle, en installant des capacités de recyclages des lampes basse consommation, dont un des principaux éléments sont les terres rares. La société belge a également annoncé vouloir recycler des aimants et des batteries.

L'Union européenne doit encore créer les bases d'une industrie avant que le secteur privée ne parte à l'assaut de ces nouvelles mines.

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