Commission d’enquête Cahuzac : Tartuffe, Machiavel ou Forrest Gump ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pierre Moscovici devant la commission d'enquête
Pierre Moscovici devant la commission d'enquête
©REUTERS/Benoit Tessier

Polémique

Alors que Charles de Courson estime que François Hollande était au courant de l'affaire Cahuzac, les Français s'indignent. Mais vaut-il mieux être dirigé par un naïf ou par un chef de l'Etat disposant de toutes les cartes ?

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

Voir la bio »

Ma stupéfaction du matin vient de l’indignation quasi générale sur le thème "François Hollande savait !". Il savait que Jérôme Cahuzac avait un compte en Suisse. C’est du moins ce que déduit Charles de Courson qui a mené l’enquête. Peu importe les "preuves" qui vont confirmer ou infirmer le fait que le Chef de l’Etat était au courant de l’affaire et de la culpabilité de son ministre. Ce qui est stupéfiant c’est que les Français préfèrent que le président de la République n’ait pas été au courant !On préfère pour nous gouverner un naïf ou un benêt avec des œillères.

Ah ! L’honnête homme, il ne se doutait de rien. Ah ! Le brave homme ! (Bonne occasion de relire Tartuffe) qui faisait confiance à son ministre ! Un saint, on vous dit, qui ne voulait pas interférer pas plus que son ministre de l’Intérieur, dans la vie privée d’un de ses employés (peur des syndicats ?). On ne voulait pas non plus instrumentaliser les services de police… Et cette droiture morale qui faisait évidemment tâche d’huile à l’Elysée a poussé le Secrétaire Général de l’Elysée à se taire alors qu’il avait reçu Michel Gonnelle lui donnant les confidences et des preuves de l’évasion fiscale du ministre du Budget ? Ce bras droit du président n’aurait pas jugé bon ni souhaitable d’en avertir celui-ci ? On comprend ! Cela aurait pu le contrarier et "rapporter" comme disent les enfants sages, ce n’est pas bien. C’est ça la solidarité, valeur phare de la gauche républicaine. Quant à Manuel Valls, cela n’inquiète personne non plus qu’il n’ait rien su et que le président de la République ne lui ait pas donné de consignes d’investigation ? Tout le monde s’en lave les mains. Personne n’est "compétent" pour mener l’enquête. Espérons que pour des sujets plus graves l’omerta ne soit pas la même car on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur la sûreté du territoire !

Mais c’est le consensus sur la nature de l’indignation qui est finalement ahurissant car, quant à moi, je préfère un chef de l’Etat informé, au courant de tout et qui a les cartes en mains. Je préfère, et de loin, que l’entourage de ce président de la République ne lui cache rien. Si effectivement le Secrétaire Général de l’Elysée ou le Chef Adjoint de Cabinet qui a reçu la visite d’Edwy Plenel directeur de la publication de Mediapart (qui a eu, quant à lui, la correction et l’honnêteté intellectuelle de faire prévenir le "patron") ont pris sur eux de garder l’info, ils doivent être limogés dans l’heure, virés pour avoir manqué à tous leurs devoirs et failli par rapport au devoir d’Etat. Oui, il est préférable pour la sauvegarde des institutions que toutes les informations aient été données à François Hollande par son entourage, plutôt que celui qui a le pouvoir d’appuyer sur le bouton nucléaire soit mené en bateau…

S’il savait, on peut évidemment être très critique. Pourquoi n’a-t-il pas destitué tout de suite son ministre ou pris des mesures appropriées ?

Plusieurs hypothèses pour expliquer cette inertie :

1) Il hésite, il tergiverse, il change d’avis ?!

2) Il attend de voir (rassuré un moment par UBS) si les preuves vont vraiment être exposées au grand jour. Un cynisme politique très mitterrandien.

3) Il attend de choisir le bon moment… (Il ne trouve pas !). Il décide de jouer l’étonné le moment venu et choisit la politique de l’autruche.

4) Il allait le virer mais l’autre a avoué avant, bad timing ! Quel que soit le schéma, il est plus rassurant que François Hollande ait été informé. Ce qui serait vraiment ridicule et inquiétant c’est que le président de la République n’ait vraiment rien su. Entre deux maux il faut choisir le moindre et ne faut-il pas privilégier le cynisme à l’incompétence… pour le bien du pays ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !