Le roi Philippe saura-t-il faire survivre la Belgique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le nouveau couple royal de Belgique
Le nouveau couple royal de Belgique
©REUTERS/Michael Kooren

Passage de flambeau

Le roi Albert II abdique ce dimanche 21 juillet au profit de son fils, le prince-héritier Philippe. Une Belgique encore secouée par les divisions politiques et territoriales attend beaucoup de ce nouveau roi.

Fabrice Balace

Fabrice Balace

Francis Balace est historien, professeur honoraire à l'université de Liège, spécialiste de l'époque contemporaine et des affaires royales.

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Atlantico : Dimanche, le prince Phillipe de Belgique remplace son père qui abdique en raison de son âge. Moins populaire qu’Albert II, le futur roi devra pourtant continuer à incarner le ciment d’un pays fragmenté entre communautés. Quels sont les principaux défis qui l’attendent ?

Francis Balace : Son baptême du feu interviendra avant même la fin de sa première année de règne, avec les élections législatives et européennes de mai 2014. Si les partis flamands aux opinions républicaines font un gros score, Philippe peut s’attendre à un redoutable face-à-face. Ce sont ses fonctions institutionnelles qui sont en jeu, notamment son pouvoir de promulguer les lois. Au sein de la N-VA (Nouvelle Alliance Flamande, NDLR) ou du Vlaams Belang (parti nationaliste et indépendantiste, NDLR), certains militent pour réduire le pouvoir royal à une simple fonction protocolaire. Les autonomistes flamands ne sont certes pas tous républicains, mais leur masse électorale tourne quand même autour de 30-40%.

Albert a réussi à se faire le garant de l’unité du pays, en imposant aux partis de résoudre la crise ministérielle qui paralysait le royaume en 2010. Philippe a-t-il les ressources pour faire de même ?

C’est toute la question. Reste qu’il pourra compter sur les divisions entre partis flamands. Les démocrates-chrétiens et les libéraux, par exemple,  ne souhaitent pas forcément que la N-VA impose ses thèmes politiques. D’autre part, les autonomistes ont besoin d’une majorité qualifiée au parlement pour pouvoir prétendre modifier les règles constitutionnelles qui régissent les prérogatives royales. C’est une disposition qui agit comme un bouclier contre l’absurdité de la loi du nombre, au bénéfice des francophones minoritaires. Pour l’instant, ce scénario semble assez improbable.

Ont dit volontiers du duc de Brabant qu’il est trop réservé, voire terne. Pas facile de remplacer un souverain populaire…

Paradoxalement, sa timidité va peut-être lui faciliter la tâche avec les séparatistes. Ces derniers ne pourront pas lui reprocher d’outrepasser ses fonctions. Il pourra se présenter comme un roi au-dessus de la mêlée. Mais Philippe va quand même devoir mener une offensive de charme vis-à-vis des Flamands, qui ne le portent pas dans leur cœur à cause de son image trop francophone. Il a déjà commencé, par exemple en inscrivant sa fille Elisabeth en école néerlandophone. C’est un gage très important pour les Flamands, car il s’agit de la princesse-héritière. Son épouse, la princesse Mathilde, est aussi sa meilleure alliée. Outre son sourire radieux, elle sera la première reine du pays née en Belgique. Un profil consensuel.

Avec Philippe, à quel genre de roi les Belges peuvent-ils s’attendre ?

A 53 ans, il a bénéficié de la plus longue période de formation avant d’accéder au palais de Laeken. C’est un acharné de travail. Il représente son père depuis déjà de nombreuses années dans de nombreuses missions économiques. J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi soucieux du désir de bien faire et d’être aimé. Jusqu’ici, il a été victime du fait que la constitution ne prévoit aucune créneau pour les princes-héritiers. Mais je suis certain qu’il saura imposer son style et continuer à jouer les go-between entre les communautés du pays. Albert était un roi chaleureux et spirituel, Philippe sera un souverain sérieux. En Belgique, les rois se suivent mais ne se ressemblent pas.

Propos recueillis par Ghislain Fornier de Violet

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