François Hollande ne veut pas de "vacance du pouvoir"... mais se rend-il compte qu’on le laisserait volontiers se reposer au mois d’août s’il agissait tout le reste du temps<!-- --> | Atlantico.fr
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Les ministres doivent être en mesure de regagner rapidement la capitale si nécessaire et pouvoir intervenir dans les médias au besoin.
Les ministres doivent être en mesure de regagner rapidement la capitale si nécessaire et pouvoir intervenir dans les médias au besoin.
©Reuters

Un poil dans la main

Après un dernier Conseil des ministres prévu vendredi 2 août, François Hollande prend des congés "pendant la première quinzaine d'août, et plutôt une semaine", car il est "hors de question de donner l'impression qu'il se repose" quand les Français souffrent de la crise, souligne son entourage.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Hollande ne peut pas être en vacances. Un capitaine ne quitte jamais le gouvernail même et surtout si l’ombre du Titanic avance majestueusement dans une théorie d’icebergs. Il peut certes aller à la Lanterne même s’il n’est pas aristocrate dans l’espoir que ça ira ; il peut même dériver dans les allées de l’Elysée, humer les senteurs d’un jardin extraordinaire qui, merci mon Dieu, ne recèle ni plage ni pavés ; il peut skyper sa bien-aimée en vraies vacances, elle, sous les cieux hellènes, mais il est obligé, lui, de faire comme si.

De faire comme si les sanglots longs des violons de la rentrée ne faisaient pas déjà entendre leur musique âcre et dissonante. Comme s’il n’était pas désormais formellement condamné à sortir d’une ambiguïté qui ne s’exerce désormais qu’à son détriment. Et ce, dans tous les domaines. Sécurité ? Le député PS Eugène Caselli vient de demander à Manuel Valls, champion toutes catégories des sondages de l’été, que la ville entière de Marseille soit déclarée zone de sécurité prioritaire. Ce qui serait une première dans l’histoire du royaume. Lorsque le maire de Marseille avait demandé la même chose en septembre dernier, il s’était fait traiter de démagogue par le même Valls. Qu’en pense celui qui ne prend pas de vacances ?

Sécurité toujours : SOS-Racisme attaque Le Pen et Estrosi pour leurs propos sur les Roms. Fort bien. Mais quand le ministre de l’Intérieur de son côté, Martine Aubry à Lille, et d’autres députés ou maires socialistes, sans compter des jeunes des cités, virent manu militari des gens du voyage, c’est qu’il est grand temps qu’au plus haut niveau de la République, il y ait une parole qui tranche et qui en finisse avec la démagogie des uns et l’aveuglement des autres. Encore un beau devoir de vacances.

Autre iceberg aussi voisin que coutumier : l’emploi. Comment faire une pause, quand on fait la route des villes et des villages en signant ici un emploi franc, là un emploi aidé, ailleurs un emploi d’avenir, en priant tout bas le dieu du chômage, d’inverser enfin cette satanée courbe ? Comment, par ailleurs, compter sur le retour de l’activité du wagon France alors que la croissance de la locomotive des BRICS et des émergents ralentit durablement ? Que la facture énergétique augmente alors que les Français ont fait là dessus des économies ?

Que d’interrogations, entre le faubourg Saint-Honoré et Versailles… Où trouver six milliards d’euros pour boucler le budget 2014 ? Encore un iceberg pour geler le barème de l’impôt ? Faire joujou avec le quotient familial ? Expliquer à ses concitoyens que si jusqu’ici ils travaillent pour l’Etat 208 jours sur 365, il faudra peut-être augmenter le chiffre pour colmater les dépenses de santé et de retraite que le monde nous envie, mais que l’allongement de la durée de vie et les assistanats en tout genre rongent irrémédiablement ? De tout cela, il serait temps que le chef de l’Etat en parle pour une fois, vraiment, précisément, lucidement, à ses concitoyens. Qu’il mette les pieds dans le plat et le tout sur la table, en arrêtant de faire plaisir à un électorat dont une bonne partie ne le suit plus, faute de confiance, et en cessant de penser à sa réélection plus qu’à son pays. "Ni droite ni gauche : la France", disait déjà un certain Général. Il est temps, pour le premier vacancier du royaume, de revisiter ses classiques.

A lire du même auteur : "Moi, Président" (First édition), André Bercoff, 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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