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Plus que les autres vacances, la période estivale est l’occasion de retourner dans sa région ou son pays d’origine
Plus que les autres vacances, la période estivale est l’occasion de retourner dans sa région ou son pays d’origine
©Reuters

Retour au bercail

Bien que beaucoup n'y aient pas grandi ou n'y soient même pas nés, les vacances d'été marquent généralement le retour dans sa région ou son pays d'origine. Une transhumance qui trouve son explication dans la tradition familiale et le besoin d'appartenir à un lieu.

Jean Viard

Jean Viard

Jean Viard est directeur de recherches CNRS au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences Po.

Il est spécialiste des temps sociaux (les 35 heures et les vacances), des questions agricoles et de l'aménagement du territoire. 

Il est l'auteur de Penser les vacances (Editions de l'Aube, 2007), et Eloge de la mobilité : Essai sur le capital et la valeur travail (Editions de l'Aube, 2008) et plus récemment de : La France dans le monde qui vient aux Editions de l'Aube.

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Atlantico : Plus que les autres vacances, la période estivale est l’occasion de retourner dans sa région ou son pays d’origine, même si on n’y a pas grandi. Comment expliquer cette "migration" saisonnière ?

Jean Viard : On a toujours eu des lieux d’origine. On est né quelque part, ou alors un récit familial nous y rattache. Une très grande proportion de la population française (40 à 50%) ne vit pas là où elle est née. Que ce soient eux, leurs parents ou leurs grands-parents qui y sont nés, leur histoire familiale fait qu’ils y retournent. C’est une sorte d’exode rural inversé qui n’a rien de très original. Le retour au village, la présentation du dernier nouveau-né aux habitants qui y sont restés, et le pèlerinage sur la tombe familiale ont toujours existé, et ce depuis la deuxième moitié du 19e siècle. Les congés payés n’ont fait que renforcer ce qui se faisait déjà.

Le retour aux origines géographiques transcende-t-il les cultures et les classes sociales ? Pourquoi ?

Il me semble que oui, cependant il est difficile d’apporter une réponse à cette question, car aucune étude n’a été menée à ce sujet. De façon générale, je pense que peu importe l’origine des personnes, cela fait partie de notre fond anthropologique.

Les Parisiens sont ceux qui fuient le plus leur lieu de vie en été, tandis que beaucoup d’habitants des zones touristiques ne voient pas l’intérêt d’en partir à cette même époque. Les Parisiens sont-ils les plus grands "déracinés" de France ?

On ne peut pas vraiment dire que les Parisiens sont déracinés.  Le besoin de quitter sa ville pour les vacances est surtout proportionnel à sa taille et sa concentration. Plus une ville est grande et dense, plus on la fuit. Marseille est certes une grande ville, mais elle est plus étalée, davantage pavillonnaire, et aussi moins riche. Ses habitants en partent donc moins en été. La vraie corrélation du départ en vacances est la suivante : taille de la ville /richesse du ménage.

Le repli familial et le besoin de se couper du monde contribuent-ils aussi au phénomène de retour sur ses terres d’origine ?

Les vacances d’été sont une transhumance, de la ville à la mer le plus souvent. C’est d’ailleurs ce dont rêve l’essentiel de la population ; il s’agit d’une construction sociale sur un socle qui n’existait pas avant. Toutes les sociétés, à tous les âges, se fabriquent une idée du voyage. Aujourd’hui, ce sont 120 000 français qui tous les ans s’installent définitivement entre Perpignan et Nice. Ils choisissent de vivre au pays des vacances, en somme.

Selon que l’on retourne dans un pays ou que l’on se rend dans une région française, l’approche de ce départ annuel est-elle  différente  ?

Sur le fond, l’idée est la même, mais on peut tout de même rencontrer des variantes. Les personnes originaires du Portugal ou du Maroc sont parties en France en se disant que l’exil n’était pas définitif. D’autres, en revanche, qui ont quitté leur pays pour des raisons économiques mais également politiques, se disent qu’ils ne reviendront pas. Généralement cela tient à la politique migratoire du pays d’origine.

Propos recueillis par Gilles Boutin

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