Déraillement du train à Brétigny-sur-Orge : quelles explications techniques possibles ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Faits divers
Les trois wagons qui se sont couchés vendredi doivent être relevés dans la journée de samedi.
Les trois wagons qui se sont couchés vendredi doivent être relevés dans la journée de samedi.
©Reuters

Drame

Six personnes ont été tuées et huit grièvement blessées dans le déraillement d'un train Corail Intercités Paris-Limoges (Haute-Vienne) vendredi après-midi dans la gare à Brétigny-sur-Orge (Essonne), à une quarantaine de kilomètres au sud de Paris.

Alain Bonnafous

Alain Bonnafous

Alain Bonnafous est Professeur honoraire à l’Université de Lyon et chercheur au Laboratoire d’Economie des Transports dont il a été le premier directeur. Auteur de nombreuses publications, il a été lauréat du « Jules Dupuit Award » de la World Conference on Transport Research (Lisbonne 2010, décerné tous les trois ans).

Voir la bio »

Atlantico : Comment peut-on aujourd’hui expliquer un déraillement de train ? Quels sont les différents scénarios possibles ?

Alain Bonnafous : Il s’agit d’un phénomène extrêmement rare, compte tenu le nombre de trains qui roulent chaque année sur le réseau français. Les causes peuvent être variées. Dans l’histoire du chemin de fer, la dégradation de la voie, parfois du rail lui-même, demeure la plus fréquente. Et ce, particulièrement avant la fin des années 1990 en Grande-Bretagne avant que le réseau ne soit entièrement refait. Des parties ne supportaient même plus le poids des trains !

Un déraillement peut également être lié à des erreurs techniques de vitesse ou encore d’aiguillage. Cela est extrêmement rare.  Dans le cas présent, il m’est impossible de dire ce qui s’est passé, d’autant plus que je ne voyais pas cette voie comme étant particulièrement dégradée.

Des actes de malveillances sont toujours envisageables. Néanmoins, il est d’usage ne pas en parler, étant donné la facilité avec laquelle il est possible de perturber les réseaux.

Quel est l’état du réseau ferroviaire français ?

Il y a moins de dix ans, l'école polytechnique de Lausanne a produit un rapport qui révélait que notre réseau était, sur une partie, très dégradé. Mais il s’agit d’une partie du réseau très peu utilisée. Ce rapport suggérait qu’il fallait entreprendre des investissements de remise à niveau. Les efforts de financement ont été relativement importants mais notre réseau de transport est long. Certains segments ne sont pas rendus prioritaires car il n’y passe qu’un ou deux trains par jour. On peut en revanche considérer que sur le réseau classique, quelques milliers de kilomètres demandent encore un effort particulier.

Réseau ferré de France était obligé de faire une programmation aussi raisonnable et rationnelle que possible de ces mises à niveaux, en tenant compte de l’état de dégradation, du trafic, etc.. L’ensemble de ces critères régissent les investissements, sachant qu’on ne peut pas tout faire du jour au lendemain.

Dans ce cas précis, l’accident est arrivé dans une gare...

Dans ce cas il y a peu de chances qu’il s’agisse d’une faiblesse du rail, mais je n’ai bien sûr pas d’explication. Car les parties les plus dégradées du réseau ne se trouvent pas nécessairement dans les gares. Les voies sont généralement plus dégradées sur les portions d’accélération des trains.

Quel est le protocole en cas de déraillement ? Sommes-nous suffisamment bien préparés ?

Comme il s’agit de phénomènes extrêmement rares, nous nous trouvons dans des cas très particuliers. Les procédures existent toujours, mais plus que le règlement, c’est l’intelligence  et les bons réflexes des agents qui éviteront qu’un accident se produise.

Mais l’enjeu est de tirer les leçons de ce genre d’accidents afin de les éviter. Si un déraillement a eu lieu, cela signifie qu’il y a quelque chose à améliorer dans le système.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !