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Pourquoi il faut d’urgence bannir l’expression "Cela va encore profiter au FN !" du discours politique
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Editorial

De droite comme de gauche, les élus ne cessent de se renvoyer la même accusation, qui symbolise la vacuité du discours politique actuel.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Première raison : on n’en peut plus ! Cette façon qu’ont les élus de droite comme de gauche de ressasser ce même argument, "attention, cela va faire le jeu de Marine Le Pen", quel que soit le sujet, le moment et le cadre dans lequel ils s’expriment est devenu insupportable. Cette antienne symbolise la vacuité du discours politique actuel, la facilité dans laquelle se complaisent tous ces consommateurs d’éléments de langage préparés avec les mêmes ingrédients, dans les mêmes marmites. Il est encore plus pathétique de regarder sur les chaînes d’info ces jeunes pousses du PS et de l’UMP censées incarner la relève se jeter au visage la même accusation, parfois sous l’œil ravi de l’inénarrable Florian Philippot, vice-président du Front National, dont on se demande à quelle heure on peut allumer son poste pour ne pas subir son petit air suffisant…

Au delà du côté usant de ce rabâchage, l’utilisation de cette formule ad nauseam recèle un risque non négligeable. Celui d’ancrer dans l’inconscient collectif cette idée simple : si après tout, à chaque fois que l’on soulève un problème, cela "profite au Front National",c’est peut-être parce que le Front National détient les solutions. Voire même les seules solutions.

En fin de compte, ce qui fait vraiment le jeu de Marine Le Pen, c’est, je le crains, de clamer quasi mécaniquement que "Barroso est le carburant du Front National" (Arnaud Montebourg), que "le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom (…) prépare la marche au pouvoir de l'extrême droite dans notre pays" (Delphine Batho), d’exhorter le PS "à ne pas faire le jeu de l’extrême droite" (François Baroin), etc. Mais il va sans dire qu’il est plus facile de s’envoyer à la figure du le Pen, père et fille, que de faire des propositions originales et réalistes susceptibles de résoudre les problèmes de la crise financière, du chômage et les tensions sociétales qui divisent notre pays.

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