"Si l’euro explose, l’Europe explosera" : que penser du pronostic de Nicolas Sarkozy ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"La monnaie unique, l’euro, est l’une des plus belles, sinon la plus belle réussite concrète de la Communauté européenne et de l’Union européenne."
"La monnaie unique, l’euro, est l’une des plus belles, sinon la plus belle réussite concrète de la Communauté européenne et de l’Union européenne."
©Wikipédia commons

Pythie

L'ancien président de la République a assuré lundi devant les cadres de l'UMP que la fin de la monnaie unique conduirait nécessairement à l'effondrement de l'Union européenne. Un pronostic sombre, qui suscite cependant beaucoup d'analyses divergeantes.

Olivier Delamarche,Jacques Sapir et Joseph Leddet

Olivier Delamarche,Jacques Sapir et Joseph Leddet

Joseph Leddet est ancien élève de l'Ecole polytechnique et de l'ENSAE, économiste et consultant financier. Il intervient par ailleurs régulièrement dans les médias (presse écrite, radios, télévisions…), et publie le bimensuel la « Gazette des Changes » depuis une vingtaine d’années.

Olivier Delamarche est gérant de portefeuille chez Platinium Gestion. Il intervient régulièrement sur BFM Business pour commenter l'actualité économique.

Jacques Sapir est directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), où il dirige le Centre d'Études des Modes d'Industrialisation (CEMI-EHESS). Il est l'auteur de La Démondialisation (Seuil, 2011). Il tient également son Carnet dédié à l'économie, l'Europe et la Russie.

 

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Atlantico : Nicolas Sarkozy a affirmé lundi lors de son intervention devant les cadres UMP que l'Europe telle qu'on la connaissait finirait par exploser si l'on abandonnait la monnaie unique. Peut-on dire que, dans l’éventualité d’une mort de l’euro, le projet européen dans son ensemble soit réellement mis en danger ?

Joseph Leddet : Abandonner la monnaie unique, pour un pays dans lequel elle a été déjà mise en service, relèverait de l’absurdité, voire du suicide économique et financier, sauf peut-être pour un mastodonte comme l’Allemagne, mais qui risque alors, en revenant au mark, de se doter d’une monnaie que paradoxalement elle ne contrôlera plus, et qui montera ou baissera contre euro et dollar au fil des caprices de la gigantesque arène du marché des changes. En tout cas, cet abandon de la monnaie unique serait bien, comme le dit M. Sarkozy, le début de l'explosion de l'Europe telle que nous la connaissons et dont nous espérons vivement le progrès.

La monnaie unique, l’euro, est l’une des plus belles, sinon la plus belle réussite concrète de la Communauté européenne et de l’Union européenne. Rappelons-nous, dans la période qui a précédé le lancement effectif de l’euro, au cours des années 90, nombreux étaient les détracteurs de tout poil, européens ou non, pour vilipender ce projet dangereux et nocif, stupide et irréaliste. Aujourd’hui, l’euro est devenu la première devise mondiale, et on se plaint régulièrement qu’elle est trop chère face au dollar. La masse monétaire en euros est pourtant la plus importante des masses monétaires, les émissions obligataires en euros sont les plus importante des émissions obligataires, et sa place dans les réserves de change des banques centrales augmente d'année en année; l’euro est vraiment un succès total , il a maintenant une valeur de soi, tout comme les métaux précieux ou les denrées rares.

Cela étant, si l’euro est une condition nécessaire pour la réussite du projet global européen, s'il joue le rôle d’un véritable ciment financier pour les Etats de l’Union, il n’est malheureusement pas une condition suffisante, car de nombreuses forces centrifuges - au premier rang desquelles le lobby atlantiste- sont à l’œuvre pour torpiller l’émergence d'une vraie Europe politique, économique et militaire, avec sa propre stratégie domestique et internationale ; aujourd’hui l’Union européenne est bien davantage une juxtaposition d’égoïsmes étatiques, qu’une entité autonome ayant sa personnalité propre et qui compte à l'extérieur.

En tout cas, s’il reste une seule chose que l’Europe est capable de maintenir, c’est bien sa monnaie commune, l’euro; en effet, à la différence de l’Union politique, l’euro a déjà largement acquis sa personnalité autonome, il vit sa vie propre, il est de fait à présent quasi-indestructible; un billet de 20 euros ou de 50 euros aura toujours de la valeur dans dix ou vingt ans, et ce non seulement dans la poche d'un européen, mais aussi bien dans celle d’un africain, d’un russe, d’un sud-américain ou d’un chinois; l'euro est devenu une entité "en soi", indépendante de ses territoires d'accueil.

Olivier Delamarche : Ces arguments sont plus ou moins toujours les mêmes : "Si l’on abandonne l’euro, c’est la fin de l’Europe et du monde". L’Europe a existé avant nous, et il n’y a pas de raisons qu’elle n’existe pas après. On entend aujourd’hui des batteries de stratégistes et d’économistes qui tentent de nous faire peur en nous répétant à chaque fois que l’on ne serait pas capable d’imaginer le coût astronomique d’une sortie de l’euro pour la Grèce. En attendant on sait ce que nous coûte son maintien au sein de l’euro : 6 milliards tous les trois mois. Le dogme actuel qui fait que l’on est traité d’affreux fasciste ou de communard lorsque l’on émet simplement l’idée d’une sortie de l’euro est une forme d’interdiction de penser assez aberrante. La monnaie unique a été mal montée au départ, et quelque chose qui a été mal monté au départ ne peut pas, logiquement, déboucher sur une fin heureuse. On pourrait être tenté de se dire que sortir les économies les plus faibles pourrait aujourd’hui nous sauver la mise, mais j’ai peur qu’il soit déjà trop tard. Si on les avait sorties au tout début, c’est-à-dire avec l’émergence des premières difficultés grecques, on aurait pu sauver les meubles, mais maintenant nous sommes allés beaucoup trop loin  pour corriger le tir.

L’Europe se retrouve dans une situation où elle est de moins en moins capable de sauver sa monnaie, et elle finira par admettre le constat qui aurait dû être fait dès le début, à savoir un constat d’échec. Concevoir une devise commune est une opération extrêmement complexe, tout particulièrement lorsque cette devise est amenée à fonctionner dans une dizaine de pays aux fonctionnements divers. Au lieu de la logique "open-bar" qui a été la nôtre, il aurait été bien moins dangereux de limiter l’euro à l’Allemagne et la France, avec éventuellement l’inclusion d’un troisième pays à terme si cela fonctionnait bien.  

Jacques Sapir : Nous vivons actuellement une période de grande confusion intellectuelle. Le nombre d’économistes prenant conscience, non seulement des dangers de l’euro mais surtout de l’inéluctabilité de sa mort ne cesse d’augmenter. On l’a vu récemment avec l’ancien chef des études économiques de la CNUCED, Heiner Flassbeck, ou avec le livre de l’économiste portugais João Ferreira do Amaral Porque devemos sair do Euro (Pourquoi nous devons quitter l’euro), et ceci sans compter les prix Nobel comme Paul Krugman et Dani Rodrick. Pourtant, le personnel politique français se distingue, à l’UMP comme au PS, par sa frilosité et son inconscience sur cette question. On a pu le voir le lundi 8 juillet avec la déclaration de Nicolas Sarkozy. Que dit l’ancien Président ? Tout simplement que la mort de l’euro c’est la mort de l’Europe, et la mort de l’Europe, c’est bien connu, c’est la guerre. À ce tableau apocalyptique ne manquent plus que les pluies de sang, la Peste et le Cholera !

Les propos de Nicolas Sarkozy manquent complètement de sérieux et ils le discréditent. Ce sont des propos de fin de banquet, indignes d’un ancien responsable politique. Tout le monde comprend que la fin de la monnaie unique ne signifiera pas la fin de l’Union européenne. L’euro n’est pas le drapeau de l’Europe ; ce n’est qu’un instrument, et il est temps de reconnaître qu’il a fait faillite. En fait, cette faillite date même d’avant la crise de 2007. Déjà, la croissance était plus faible dans la zone euro que dans les pays de l’UE qui ne sont pas membres de l’euro, et elle était encore plus faible par rapport aux pays de l’OCDE qui n’étaient pas membres de la zone euro.

C’est d’ailleurs injurier gravement les pays de l’UE qui ne sont pas membres de la zone euro, comme la Grande-Bretagne, le Danemark, la Pologne, ou la Suède, pour ne citer que ces derniers, que d’affirmer que la mort de l’euro entraînera la fin de l’UE. Avec de nombreux économistes, certains appartenant au monde l’entreprise comme Jens Nordvig, Claudio Borghi Aquilini, Stefan Kawalec et Ernest Pytarczyk qui sont respectivement des dirigeants de Nomura et de la BRE Bank, et d’autres appartenant au monde universitaire comme Brigitte Granville, Alberto Bagnai, Hans-Olaf Henkel, Alfred Steinherr, Jean-Jacques Rosa et Jean-Pierre Vesperini, nous avons dans un texte commun mis en garde les gouvernements européens sur les dangers que l’euro fait courir à l’Union européenne. Aujourd’hui, en effet, le plus grand danger pour la construction européenne provient de l’euro qui épuise les économies et condamne les dirigeants à des politiques à courtes vues aux conséquences suicidaires. Si l’Europe est aujourd’hui menacée c’est par les 19,3 millions de chômeurs qu’il y a dans la zone euro, un chiffre qui s’est accru par rapport à mai 2012 de 1,46 millions. Si l’Europe est menacée c’est par la récession qui touche les pays de l’Europe du Sud et qui est provoquée par les politiques mises en œuvre dans le seul but de sauver l’euro.

Dans l'éventualité où cette explosion se produisait, quelle est selon vous la meilleure voie de sortie ? 

Joseph Leddet : Pour moi, je le répète la sortie de l’euro ne parait pas raisonnable pour un pays qui l'a déjà adopté, donc pour un pays de l'actuelle zone « euro ». A la limite, on pourrait très bien imaginer qu’un Etat quitte l’Union, qu'il se dégage de ses Traités et de sa Constitution ; mais il aurait alors intérêt à conserver l’euro en tant que monnaie nationale, dans le cadre d'un partenariat économique bien compris avec l'Union.

A cet égard, je suis assez « euro-impérialiste », je serais en faveur d’une extension immédiate de l’euro à tous les pays qui en feraient la demande, notamment - si le cas se présentait- la Russie, la Turquie, l’Afrique du Nord, le Proche-Orient et l’Afrique sub-saharienne.

Ce serait à la fois une façon de solidifier le socle financier de ces pays, et une manière de renforcer les échanges commerciaux et financiers entre eux et avec l’Europe. Mettons donc fin une fois pour toutes à ce stupide bizutage monétaire qui exige qu'un pays fasse ses preuves des années durant avant de pouvoir accéder au sacro-saint euro! Et rappelons-nous bien qu'aujourd'hui aucun des pays pionniers de l'euro - notamment l'Allemagne, la France ou les Pays-Bas - ne respecte plus les critères de Maastricht, à l'exception notable du Luxembourg; qu'ils cessent donc de donner des leçons de morale aux autres ! 

Olivier Delamarche : Attendons déjà "l’explosion" et l’on verra bien pour la suite.... Plus sérieusement, il est clair qu’une très jolie dépression nous attend à partir du moment où l’épargne des ménages sera partie en fumée et que la monnaie vaudra à peine plus qu’un billet de Monopoly. Je ne vois pas comment nos dirigeants, qui se sont retrouvés jusqu’ici incapable de gérer la situation, pourraient se réveiller du jour au lendemain pour nous sauver la mise. Après allez savoir, M. Hollande nous affirme que la crise est derrière nous, alors peut-être que tout va bien dans le fond…

Par ailleurs, si l’euro était la seule monnaie en danger, la situation ne serait pas bonne mais elle ne serait pas gravissime non plus, or le problème est loin de se limiter à notre seul continent. Ce sont aujourd’hui les trois principales devises mondiales (euro, dollar, yen) qui sont en train de s’écrouler gentiment. L’actuelle politique de planche à billets menée par M. Bernanke et M. Abe ne cessede fragiliser le dollar et le yen, et il est très probable que M. Draghi finisse par faire de même en cédant aux pressions des hommes politiques. L’histoire n’a cessé de démontrer que ce type de monétarisme finit toujours mal à terme en provoquant une dépréciation abyssale de la valeur de la monnaie.

Jacques Sapir : La question n’est pas de savoir si cette explosion va se produire mais quand. Peut-être la crise viendra-t-elle de la Grèce et du Portugal qui sont étranglés par les politiques d’austérité mises en place conjointement par l’Union européenne et la Banque Centrale Européenne. Peut-être cette crise sera provoquée par l’Espagne, qui coule sous nos yeux ou par l’Italie qui s’enfonce toujours plus dans la crise. Peut-être enfin cette crise viendra d’un blocage de l’Allemagne, et l’on sait que le tribunal constitutionnel de Karlsruhe doit se prononcer sur la légalité des dernières opérations de la BCE et pourrait bien les considérer illégales. Quel que soit le scénario, cette crise surviendra. Les autorités monétaires ont épuisé leurs moyens d’action.

Quand la crise surviendra, ce serait folie que de s’accrocher à l’Euro. Il faudra ou constater ou prononcer la dissolution de l’Union Monétaire. Remarquons que si cette dissolution était prononcée par un conseil européen, elle resterait une décision européenne. C’est l’UE qui se déciderait à mettre fin à une expérience malheureuse. Politiquement, cela a une grande importance.

Économiquement, il faudra immédiatement mettre en place dans chaque pays un contrôle des capitaux sur le modèle de celui qui a été mis en place à Chypre pour éviter la spéculation. Ensuite, dans chaque pays on convertira les comptes bancaires (compte courant et comptes d’épargne) en monnaie nationale au taux de 1 pour 1. Cette opération se fera sans douleur pour la population dont l’épargne mais aussi les dettes seront ainsi transformées de l’euro en monnaie nationale. Puis on procèdera à des dévaluations de fait, dont le montant peut être calculé sans grandes difficultés (-25% pour la France, -30% pour l’Italie…). Les dettes seront automatiquement re-libellées en monnaies nationale pour ce qui concerne les bons du Trésor émis nationalement. Telle est la règle du droit international qui s’appliquera alors. Il faut savoir que, pour la France, cela porte sur 85% du montant de la dette, qui sera ainsi automatiquement re-libellé en francs. Ainsi, dans le cas d’une dévaluation de -25% par rapport au dollar des États-Unis, seuls 13,5% du PIB (sur un montant total de 90% du PIB) pourraient se trouver réévalués. Si l’on a une réévaluation de 25%, cela implique une hausse du montant total de la dette de 3,37% du PIB….

Bien entendu les produits importés des pays ayant réévalué par rapport à nous augmenteraient tandis que nos exportations verraient leurs prix baisser. Pour le litre de super, et compte tenu de l’importance des taxes dans le prix final, cela représenterait une hausse de 7,5%. Par contre, le prix en dollar d’un Airbus baisserait de 5% à 7%...

La croissance reviendrait très vite dans la totalité des pays d’Europe du Sud. Des calculs montrent que l’on pourrait avoir une croissance totale de 15% à 22% dans les quatre années suivant la dissolution de l’Euro pour la France. Cette croissance serait aussi très forte en Espagne, en Italie et surtout en Grèce qui pourrait avoir dans les deux premières années après la dissolution de l’Euro un gain de 18% à 25%.

L'ancien président affirmait que si on laissait tomber les poids morts de la zone euro (Grèce, Portugal...) l'on ne ferait qu'augmenter le risque de spéculation tout en alourdissant la dette. Qu'en est-il ?

  1. Joseph Leddet : Toujours la même réponse, en accord avec M. Sarkozy : laisser tomber les « poids morts » de la zone « euro » (je déteste ce terme !), en les obligeant à revenir à leur ancienne monnaie nationale (drachme, escudo...), reviendrait à accomplir un véritable meurtre financier, car ces pays seraient rapidement obligés de rétablir le contrôle des changes sur leurs entrées/sorties de capitaux pour éviter l’hyperinflation et les dévaluations en chaîne ; redisons-le, le marché des changes est une arène féroce, où les grands fauves dévorent sans pitié et état d’âme les animaux faibles ou malades.

Olivier Delamarche : Comme si l’on était pas déjà en train d’alourdir la dette… Cette idée repose sur une théorie absurde, à savoir le fait que ces "poids morts" finiront un jour par rembourser leurs dettes astronomiques. Le plus drôle est qu’on emprunte pour ensuite faire des "dons" à ces pays. J’emploie le mot "dons" à dessein car nous empruntons nous même pour s’assurer que les Grecs, les Portugais et ainsi de suite pourront eux même s’en sortir, ce qui n’arrivera pas. 

Jacques Sapir : Ici encore Nicolas Sarkozy a été dépassé par les événements. L’effet domino aurait été une possibilité au printemps 2010. Aujourd’hui la crise est trop profonde et a contaminé trop de pays (même la France commence à être atteinte) pour que l’on puisse parler d’un effet domino. On l’a vu avec le cas de Chypre, dont l’économie ne représente que 0,3% du PIB total de la zone euro.

Une autre monnaie unique est-elle possible ? Et si oui dans quelles proportions ?

Joseph Leddet : Une autre monnaie unique est possible, mais je la vois ailleurs géographiquement; c’est une idée un peu utopique, mais à côté du dollar, monnaie de l’Amérique et des Etats du Golfe, à côté de l’euro, monnaie de l’Europe, je verrais bien une troisième monnaie unique ou globale, une troisième "giga-monnaie" que j’ai baptisée le « yan », fusion du yen et du yuan, devise commune au Japon et à la Chine, qui emprunterait à l’un son énorme force de frappe financière, et à l’autre sa toute puissance industrielle et commerciale.

Une monnaie américaine, le dollar, une monnaie européenne, l’euro, et une monnaie asiatique, le « yan »: un univers des devises tripolaires en somme....

Olivier Delamarche : En théorie une autre monnaie unique et possible bien qu’en pratique cela apparaisse plutôt compliquée. Comme souvent cela sera élaboré à chaud au lendemain de l’explosion de l’euro par des dirigeants en mal d’idées-miracles. Pour être tout à fait honnête, je m’avoue incapable de prévoir ce que pourraient nous pondre des personnes dénuées de toute logique.

Jacques Sapir : Il faut ici dire clairement qu’aucune monnaie unique n’est aujourd’hui possible en Europe. On oublie trop vite qu’une monnaie unique implique l’union de transferts budgétaires. Il faudrait mettre en commun environ 10% du PIB de chaque pays pour avoir la masse de manœuvre permettant de faire vivre une monnaie unique. Or, les pays de l’UE ne veulent pas aller au-delà de 1,2% du PIB mis en commun. La messe est dite !

Nous reviendrons à nos monnaies nationales, mais dans le cadre de contrôles des capitaux extrêmement sévères au départ. Ces contrôles empêcheront la spéculation et permettront à chaque pays de fixer les taux d’intérêts au niveau qui lui convient. Ces mêmes contrôles faciliteront la mise en place ultérieure d’un système inspiré du Système Monétaire Européen, que la spéculation, désormais impossible, ne pourra plus déstabiliser. Il sera possible, pour les pays qui le souhaitent, de transformer ce SME rénové en une monnaie commune venant s’ajouter aux monnaies nationales existantes et servant aux transactions matérielles et financières avec le reste du monde. Il y a une vie après la mort de la monnaie unique, et cette vie est bien plus riche et prometteuse que celle que l’on nous réserve au sein d’un Euro agonisant.

Propos recueillis par Théophile Sourdille

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