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Le marché du pétrole n’a jamais été aussi tendu.
Le marché du pétrole n’a jamais été aussi tendu.
©Reuters

Decod'Eco

De l'or aux métaux de base, les matières premières sont victimes de la conjoncture. Pourtant, le baril de pétrole fait montre d'une belle vigueur : à quoi est-ce dû ?

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Il est étrange de voir le pétrole décoller alors que les matières premières sont depuis quelque temps devenues aussi populaires chez les financiers qu’un écologiste dans le gouvernement français. Les métaux subissent actuellement les foudres des marchés devant l’accumulation de mauvais indicateurs en provenance de Chine.

Le pétrole obéit-il à des règles différentes de celles des autres matières premières ? Deux explications se conjuguent actuellement pour maintenir l’or noir à des niveaux rappelant les grandes heures du boom des matières premières.

Le marché du pétrole n’a jamais été aussi tendu

L’idée reçue sur le marché du pétrole voulait que l’abondance issue du pétrole de schiste aux États-Unis allait noyer le marché. De même, la marge de production de l’Arabie Saoudite, ainsi que la montée en puissance de la production irakienne, allaient permettre de compenser la baisse de la production iranienne. Ces calculs étaient faux.

1 – Absence de marge de production

Si l’intervention de l’Arabie Saoudite à l’été 2012 pour compenser la chute des exportations iraniennes a effectivement évité une flambée du pétrole, Riyad ne dispose plus de marge de manœuvre. Or ce manque de capacité d’intervention risque d’apparaître au grand jour alors que les troubles en Egypte peuvent à tout moment gêner le trafic du canal de Suez.

2 – Faible concurrence du pétrole de schiste face à Riyad

Comparer au brut saoudien revient, comme le confiait Yasser Elguindi, analyste du pétrole chez le consultant Medley Global Advisors, à comparer “des pommes avec des oranges”. Ce pétrole ne va pas s’ajouter au pétrole saoudien.

3 – Une demande asiatique toujours forte

L’Agence internationale de l’énergie avertissait depuis quelque temps de la hausse à venir du WTI, du fait de la construction de plusieurs raffineries en Arabie Saoudite et en Chine. Ces raffineries vont soutenir la demande de brut.

L’économie américaine tire la demande de pétrole...

Si l’Asie reste le premier moteur de la demande de pétrole, le marché de l’or noir n’est pas aussi dépendant de ce continent que l’est le marché des métaux. Comme le souligne Amrita Sen, analyste chez Energy Aspects, “la Chine a un impact bien plus fort sur les métaux de base que sur le marché du pétrole, car c’est une économie industrielle”. La Chine reste le deuxième consommateur au monde, mais derrière les États-Unis. Or du côté de Washington, la conjoncture s’améliore doucement.

Il y a quelques jours, le contrat sur le WTI a réagi positivement aux bons chiffres de l’économie américaine, qui a montré une accélération des commandes reçues par les industries manufacturières, en hausse de 2,1% comparé à mai. Washington donne encore le cap aux prix du pétrole. C’est bien évidemment plus particulièrement le cas pour le WTI, le contrat de New York, d’autant plus qu’il réagit violemment devant les évolutions du marché du pétrole de schiste.

… et les tuyaux américains s’allongent

C’est peut-être l’explication la plus déterminante dans la hausse du WTI : le paysage pétrolier américain est en train d’être bouleversé par l’arrivée du pétrole de schiste. Loin de noyer le marché, il a surtout continué à faire grimper le contrat. En cause, l’arrivée de nouveaux pipelines.

L’explosion de la production de pétrole de schiste a conduit les producteurs à stocker leur pétrole dans le terminal de Cushing, dans l’Oklahoma. Peu préparés à recevoir autant de pétrole, les pipelines reliant les raffineries sont rapidement arrivés à saturation, condamnant le terminal à conserver ce pétrole. Ainsi Cushing, dont les stocks atteignent des niveaux historiquement hauts, pèse sur les cours du WTI depuis plusieurs mois. Or la situation est en train d’évoluer.

Longhorn Pipeline, partenaire du constructeur de pipelines Magellan Midstream Partners, a l’intention de commencer à délivrer 225 000 barils par jour aux raffineries ce trimestre, grâce à la construction d’une nouvelle canalisation. De même, la mise en chantier du pipeline Permian Express de Sunoco Logistics est en train de rentrer en fonction, et acheminera 90 000 barils par jour vers les côtes. La construction de nouvelles voies ferrées pour acheminer d’autres productions de pétrole de schiste a la même fonction. En allégeant les stocks, le marché du WTI est en train de retrouver des couleurs.

Pour rappel, l’inversion du pipeline Seaway reliant Houston à Cushing, qui conduit désormais vers les côtes, avait permis de faire remonter le WTI.

Pour l’anecdote, lorsque l’opérateur du pipeline a proposé des quotas d’exportation de pétrole vers Houston aux producteurs de pétrole, il a reçu 2 500 fois plus de demandes que ne le permettait le quota.

Cette situation, conjuguée à la tendance ascendante du marché à l’international, explique le positionnement haussier de certaines banques sur les contrats du WTI. C’est le cas de l’analyste énergie de Pimco, Mihir Worah, ou encore de Goldman Sachs.

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