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Levée de l'immunité parlementaire de Marine Le Pen : Cohn-Bendit sauve l'honneur de la gauche...
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Salut l'artiste !

Il n'a pas donné sa voix au vote imbécile et inutile du Parlement européen. Un signe d'intelligence et de lucidité.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Peu d'hommes politiques ont été aussi vilipendés, salis, et insultés par le Front National que Daniel Cohn-Bendit. Peu d'hommes politiques ont combattu avec autant de pugnacité et de persévérance la formation lepéniste que Daniel Cohn-Bendit. Et oui, c'est le même Daniel Cohn-Bendit qui a mêlé sa voix à celles de Bruno Gollnisch, des Le Pen père et fille et de quelques autres pour dire non à la levée de l'immunité parlementaire de la présidente du Front National. Il s'en est expliqué. "Les insanités, les bêtises, les idioties, les folies de Marine Le Pen sont des déclarations. Et moi, dans ce cas, je suis pour la liberté d'expression". Cohn-Bendit a, bien sûr, raison. Paroles, paroles chantait naguère Dalida...Ce faisant, il s'inscrit, les événements n'étant bien évidemment pas comparables, dans une belle lignée : celle d'Albert Camus.

Ce dernier, sollicité en 1945 pour qu'il se joigne à la demande de grâce de Brasillach avait répondu oui par hostilité fondamentale à la peine de mort tout en manifestant son parfait mépris pour l'écrivain qu'il voulait sauver du peloton d'exécution. Cohn-Bendit, par hostilité à la censure, pense que Marine Le Pen doit être libre de proférer "des insanités, des idioties etc." y compris de comparer les prières de rue à l'Occupation. Le même esprit qu'Albert Camus. Cohn-Bendit est considéré comme un trublion. Eh bien la gauche (car ce Vert atypique est de gauche) manque cruellement de ce genre de trublions. Face au FN, tel un lapin fasciné par le cobra qui va le dévorer, elle ne sait qu'actionner son moulin à prières, lassant, improductif et monotone : Front Républicain, danger fasciste, heures les plus sombres de notre Histoire etc. Elle lui a pourtant tout abandonné. 

La gauche a laissé tomber le drapeau tricolore et c'est le FN qui l'a ramassé, pas pour en faire le meilleur usage. La gauche a oublié les paroles de la Marseillaise et c 'est dans les défilés frontistes qu'on la chante désormais alors que les pères fondateurs du mouvement de Jean-Marie Le Pen tenaient plutôt à "Maréchal, nous voilà !". La gauche a cessé de s'occuper des plus pauvres, des plus démunis, et c'est le FN qui s'est proclamé leur porte-voix. La gauche a fermé les yeux sur une délinquance insupportable alors que le droit à la sécurité, tout autant que le droit du travail, constitue une revendication forte d'une grande partie de la population, et c'est le FN qui aujourd'hui s'en soucie même si ses intentions ne sont pas les meilleures. Et c'est ainsi que la gauche a trouvé le mode d'emploi de son suicide annoncé.

Daniel Cohn-Bendit, qui a tous les défauts du monde et autant de qualités, a compris, lui, que la diabolisation de la formation lepéniste relevait du crétinisme incantatoire. Il y a de cela quelques mois, lors d'un échange extrêmement vif au Parlement européen avec Marine Le Pen, il lui a lancé : "Tais-toi, pauvre fille!". Ce n'était sans doute ni très galant ni très élégant. Mais ça vaut tellement, tellement mieux que les tribunaux que la gauche aime tant.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Eyrolles éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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