Le prince William soupçonné de vouloir fuir la maternité : faut-il traiter comme des criminels de guerre les pères qui ne veulent pas assister à la naissance de leurs enfants ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Prince William s’est éloigné de presque 500 km de Londres, dans une base militaire, pour soutenir les soldats britanniques.
Le Prince William s’est éloigné de presque 500 km de Londres, dans une base militaire, pour soutenir les soldats britanniques.
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Pater familias

Le prince William passe la majorité de son temps dans une base militaire à presque 500 km de l’hôpital où Kate a choisi d’accoucher. Reflet d'une vision de la paternité de plus en plus critiquée.

Joël   Clerget

Joël Clerget

Joël Clerget est psychanalyste et maître de conférences . Il est également l’auteur de "Comment un petit garçon devient-il papa ?" (Erès, 2008) et co-auteur de "Le père, l’homme et le masculin en périnatalité " (Erès, 2003). 

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Atlantico : Le Prince William s’est éloigné de presque 500 km de Londres, dans une base militaire, pour soutenir les soldats britanniques et assurer son service patriotique, et à plus de 4h30 de l’hôpital où Kate Middleton a prévu de donner naissance à leur premier enfant. L'absence du père à l'accouchement est-elle forcément condamnable ?

Joël Clerget : Pas du tout. La présence d’un père à l’accouchement dépend beaucoup de la relation qu’il entretient avec sa compagne. Cela se fera si les deux protagonistes le désirent. Avec l’expérience, j’ai remarqué que beaucoup de pères avaient des craintes et des hésitations. A partir du moment où ils expriment leur refus d’assister à cet évènement et mettent des mots sur leurs sentiments, ils deviennent présents, d’une certaine manière. Il n’y a aucune obligation à ce que soit présent le père à l’accouchement. Assister à l’accouchement est une idée relativement nouvelle, moderne, qui s’impose de plus en plus dans nos sociétés.

Comment le regard de la société a-t-il évolué sur cette question au fil du temps ?

Il faut savoir que la question de la présence des pères s’est posée dès les années 1950-1960, avec l’accouchement sans douleur. Puis, c’est grâce à un nombre grandissant de femmes qui demandent que leur compagnon soit présent que les mentalités ont évolué. Également, les accoucheurs et les sages-femmes, généralement en faveur de la présence des pères, ont participé à cette dynamique. Maintenant, le problème c’est qu’il y a des pères qui sont présents par convention sociale alors qu’ils n’en ont pas envie. Traditionnellement, la naissance s’est toujours faite entre femmes. Ce n’est que beaucoup plus tardivement que les pères ont été intégré à cette sphère.

Quelle est l'utilité d'un soutien paternel au moment de la mise au monde ?

Sa présence est autant réelle que symbolique. Si l’équipe médicale y consent, le père peut prendre le nouveau-né dans les bras, le poser sur le ventre de la mère. Symboliquement, il est celui par qui cet évènement se réalise.

Comment expliquer qu’à l’instant fatidique de la naissance, certains pères préfèrent ne pas être présent ?

Il y a plusieurs éléments qui induisent ce comportement. Certains ne sont pas à l’aise avec les hôpitaux. D’autres, redoutent de voir leur compagne dans un état dans lequel ils ne l’ont jamais connue, dans une intimité inédite. Il y a aussi un sentiment d’impuissance : le travail de l’accouchement se fait dans le corps de la femme. Lui est à côté, il peut vivre des émotions très fortes mais est en dehors de l’action principale. Être aussi en face du sexe de sa femme n’est pas commun. Pour certains pères également, l’accouchement évoque, de manière inconsciente, leur propre naissance.

Comment peuvent-ils dans ce cas-là démontrer malgré tout leur soutien ?

La méthode de l’haptonomie, mettant en jeu les contacts corporels, est très favorisante par rapport à la douleur des contractions et au passage du bébé. Le père peut être très actif et efficace dans ce domaine-là. De plus en plus de couples consultent de praticiens de l’haptonomie pour préparer au mieux l’accouchement. Le plus souvent, les pères parlent à leur compagne, la réconforte. Ces gestes sont très importants. Quand je travaillais en groupe de naissance, c’était les pères qui coupaient le cordon. C’est un acte très symbolique.

Propos recueillis par Jennifer Sanchis.

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