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"La confusion entre "immigrés" et "descendants d'immigrés" est de la démagogie pure"
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Statistiques ethniques

Le Commissaire à la diversité et à l'égalité des chances, Yazid Sabeg, revient sur le rapport du Haut conseil à l'intégration remis à François Fillon mercredi. Et marque sa différence.

Yazid Sabeg

Yazid Sabeg

Yazid Sabeg est commissaire à la diversité et à l'égalité des chances auprès du Premier ministre.

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Atlantico : Le rapport du Haut conseil à l'intégration sur le bilan de la politique d'intégration en France depuis 20 ans relève des "difficultés croissantes". Partagez-vous ce constat ?

Je partage le constat, mais je ne suis pas certain de partager l’analyse des raisons de cette situation. La conception intégratrice de la République ne fonctionne plus comme autrefois, et c’est là une rupture forte avec une tradition vieille de plusieurs siècles. Depuis la Révolution française, nous avons toujours gardé la conscience civique que ce qui faisait la République était précisément notre diversité et notre capacité à intégrer les nouveaux venus. Cette conscience est aujourd’hui estompée.

L’autre raison de ces difficultés n’est pas politique, mais sociologique. La séparation spatiale entre des quartiers - non pas de Français et d’immigrés, mais de riches et de pauvres - a créé des ghettos.

Lorsque le rapport du Haut conseil à l’intégration propose d’autoriser les organismes HLM à recueillir des informations sur la nationalité des demandeurs de logement pour assurer la mixité sociale, je suis pleinement d’accord. Je soutiens aussi l’idée de statistiques de l’INSEE concernant les étrangers et les immigrés.


Le rapport prévoit d’autoriser ces statistiques en incluant des variables telles que « immigrés » et « descendants directs d’immigrés ». Cela permettra-t-il de favoriser l’intégration ?

Pour pouvoir agir, il faut pouvoir mesurer. Il ne doit pas y avoir de tabou en la matière mais à la condition que cela se fasse, comme vient de le préconiser le Conseil d’Etat, sur une base anonyme et volontaire.

En revanche, l’amalgame entre « immigrés » et « descendants directs d’immigrés » relève d’une grave confusion. Je ne veux y voir qu’une maladresse de la part des auteurs du rapport. Cette variable « descendants directs d’immigrés » est d’une valeur scientifique franchement douteuse. Surtout, cette confusion est souvent voulue et entretenue par les gens qui ne veulent voir parmi les jeunes arabes et les jeunes noirs que des délinquants en puissance. C’est de la démagogie pure.


Que pensez-vous de la politique du gouvernement auquel vous appartenez en matière de laïcité ou des propositions de Claude Guéant de limiter l’immigration légale ?

Dans les deux cas, il s’agit d’orientations et de décisions politiques. Concernant le débat sur la laïcité, j’ai déjà eu l’occasion de dire que ce problème est périphérique et secondaire parmi ceux qui se posent aujourd’hui à la société française. La priorité doit être donnée à la résolution des problèmes économiques et sociaux.

Concernant la limitation de l’immigration légale, je relève que le ministre de l’Intérieur parle de « réduire l’immigration » et non « l’immigration zéro ». La France, chacun le sait, a besoin de l’immigration pour fonctionner.


Vous faites partie des noms qui circulent pour succéder à Anne Lauvergeon, dont le mandat à la tête d’AREVA s’achève fin juin. Nommer un citoyen arabe à la tête d’une grande entreprise publique serait-il un signe, selon vous ?

Assurément, oui ! Les symboles ne suffisent pas, mais ils ont une réelle valeur. En la matière, il faut rendre à Nicolas Sarkozy d’avoir été le premier chef d’Etat, en France et en Europe, à donner une telle place et une telle visibilité au sein du gouvernement à des citoyens issus de l’immigration.

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